Le flux d’air laminaire, une innovation antidérive
Un nouveau type de pulvérisateur, basé sur une technologie de lame d’air, a été développé par des chercheurs français. Il permet de réduire la dérive et d’améliorer l’application au cœur du cep.
Un nouveau type de pulvérisateur, basé sur une technologie de lame d’air, a été développé par des chercheurs français. Il permet de réduire la dérive et d’améliorer l’application au cœur du cep.
« Les pulvérisateurs d’aujourd’hui soufflent toujours plus d’air, et créent des turbulences, constate Vincent de Rudnicki, ingénieur de recherche à l’Irstea. Alors que c’est cela même la source de dérive. » Il est donc parti d’une feuille blanche pour imaginer un nouveau matériel qui réduise les pertes dans l’environnement. « Nous avons étudié la mécanique des flux d’air, et changé complètement de paradigme », poursuit le chercheur. Ce nouveau paradigme, c’est un matériel basé sur une technologie de flux laminaire, qui crée ce que l’on appelle une « lame d’air ». Après avoir modélisé les mouvements d’un flux d’air annulaire capable d’entourer les buses et jets (portés ou projetés) d’une descente, Bliss était né. Le principe de réduction de la dérive repose sur un mur immatériel que les gouttes ne peuvent pas traverser, barrière créée par la lame d’air dense en sortie de pulvérisateur. Et les résultats sur banc d’essai se sont montrés conformes aux modélisations. « Nous pouvons observer des pertes par dérive de seulement 0,5 % dans l’air et 2 % au sol », se réjouit Vincent de Rudnicki. Et en termes de qualité de pulvérisation, Bliss n’est pas en reste.
Une répartition homogène sur l’ensemble du cep
Comparé aux autres matériels existants en vigne étroite sur le banc d’essai de l’IFV EvaSprayViti, le prototype affiche 86 % d’efficacité en pleine végétation, contre 66 % pour une descente face par face classique. « Le bénéfice est encore plus net au cœur du cep, où le dépôt est de même qualité que sur la face, contrairement à tous les autres matériels », ajoute l’ingénieur. En effet, la turbulence ne se fait qu’une fois que les deux flux d’air de chaque côté se rejoignent, c’est-à-dire au centre de la végétation. Autre avantage, l’alimentation hydraulique est délaissée au profit d’une alimentation électrique, ce qui donne un matériel deux fois moins gourmand en énergie. Bliss n’est guère plus encombrant qu’une descente face par face classique, et devrait pouvoir s’adapter aux pulvérisateurs actuels, seules les descentes seront à changer. L’Irstea est actuellement en train de présenter le prototype aux industriels, en vue d’un partenariat pour la fabrication et la distribution. L’ambition est de présenter Bliss au prochain Sitevi à Montpellier, pour une commercialisation dès 2020. « Mais 2021 paraît être une échéance plus probable », regrette Vincent de Rudnicki. Le coût devrait quant à lui se situer entre celui d’un pulvérisateur face par face et un à panneaux récupérateurs.