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L’agriculture fait avancer la neutralité carbone

La France et l’Union européenne ont inscrit sur leur feuille de route l’objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Pour y parvenir, l’agriculture française est appelée à jouer un rôle essentiel.

neutralité carbone
Le secteur agricole, aux côtés du secteur forestier, a la capacité de séquestrer du carbone grâce aux puits naturels.
© Emeline Bignon

L’agriculture française s’est dotée d’objectifs de réduction sur les principaux gaz à effet de serre. Elle doit le faire tout en préservant la souveraineté alimentaire nationale et la compétitivité des exploitations agricoles. Les deux plans d’investissements France Relance et le plan France 2030 permettent d’accompagner cette trajectoire. Le secteur agricole, aux côtés du secteur forestier, a la capacité de séquestrer du carbone grâce aux puits naturels (prairies, agroforesterie, sols agricoles…).

Le marché de la compensation volontaire de carbone est en pleine expansion avec environ 190 millions de tonnes équivalent CO2 de crédits carbone qui ont été échangées sur le marché mondial en 2020, soit presque le double de 2019. Les prévisions suivent cette tendance puisque la demande mondiale en crédits carbone volontaires pourrait être multipliée par 15 d’ici 2030, et par 100 d’ici 2050. Cependant, seuls 1,5 % des crédits mondiaux sont générés sur le territoire européen. Avec une demande qui s’annonce donc croissante, il est nécessaire de diversifier les sources de crédits carbone en Europe en mobilisant notamment le secteur agricole qui représente aujourd’hui moins de 0,1% des crédits carbones mondiaux. Avec des projets en nette augmentation et des méthodes de labellisation via le Label Bas Carbone que s’approprie de plus en plus le monde agricole, la dynamique doit s’accélérer. Lundi 31 janvier lors d'une table ronde, le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, a appelé à amplifier la contribution de l’agriculture française à la décarbonation de l’ensemble de l’économie du pays. Pour ce faire, il est nécessaire de poursuivre les efforts de structuration de ce marché.

Appel à la mobilisation des acteurs publics et privés

Acteurs publics et privés (financeurs, entreprises…) déjà engagés dans des stratégies de neutralité carbone, d’abord via des actions de décarbonation de leur activité mais aussi via la compensation de leurs émissions résiduelles, ont ainsi été invités à faire le choix de ces crédits français, issus du monde agricole. Cette volonté de faire avancer la structuration du marché des crédits carbone générés par les agriculteurs est également portée par le ministre dans le cadre de la Présidence française du Conseil de l’Union européenne.

Julien Denormandie a par ailleurs annoncé que le ministère atteindra la neutralité carbone en 2022. Les actions menées depuis 2013 ont déjà permis de réduire de 34 % les émissions. Les émissions résiduelles feront l’objet d’une compensation par l’achat de crédits carbone générés par les pratiques durables des agriculteurs. Pour cela, un appel d’offre de l’ordre de 400 000 euros sera lancé fin mars.

Le groupe Crédit Agricole s’engage

« En tant que Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, et dans une démarche d’exemplarité, j’engage dès 2022 mon ministère dans cette voie avec l’achat de 7 000 teqCO² issues du crédit carbone agricole pour compenser les émissions de 2020. J’invite le plus grand nombre à s’engager dans cette voie. Je remercie la Caisse des dépôts, le Crédit Agricole et Action Logement d’avoir pris des engagements ambitieux pour notre climat et notre agriculture » a précisé Julien Denormandie.

L’appel du ministre semble porter ses fruits puisque Dominique Lefebvre, président de Crédit Agricole a déclaré : « En cohérence avec notre engagement d’explorer l’utilité d’une plateforme d’échange de crédits carbone, nous souhaitons acquérir dans une première étape 25 000 tonnes de carbone issues de la Ferme France. Le Groupe Crédit Agricole consacre un pilier de son projet sociétal aux transitions agricole et agroalimentaire. Nous sommes convaincus du rôle spécifique de l’agriculture et de la forêt en matière de séquestration de carbone et nous devons commencer à investir et encourager les agriculteurs dans le sens de ces transitions. Le carbone séquestré par la Ferme France permet de lutter contre le changement climatique et présente également des co-bénéfices en termes de biodiversité, de durabilité de l’alimentation et d’entretien des espaces ruraux qui font la diversité et l’attractivité de notre pays ».

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