La linotte mélodieuse, oiseau emblématique et vulnérable des vignobles
En fort déclin depuis plus de vingt-cinq ans, la linotte mélodieuse est emblématique de la situation des passereaux granivores inféodés au milieu agricole. Dans les vignobles, il est possible de protéger cette espèce classée sur la liste rouge des oiseaux nicheurs par l’UICN (1).
En fort déclin depuis plus de vingt-cinq ans, la linotte mélodieuse est emblématique de la situation des passereaux granivores inféodés au milieu agricole. Dans les vignobles, il est possible de protéger cette espèce classée sur la liste rouge des oiseaux nicheurs par l’UICN (1).
La linotte mélodieuse est un oiseau migrateur présent dans toute l’Europe. Principalement granivore, « c’est une espèce qui affectionne les milieux ouverts à végétation herbacée basse avec la présence de buissons pour y construire son nid », observe Frédéric Mahler, administrateur à la Ligue de protection des oiseaux (LPO). Elle fréquente la plupart des espaces agricoles, bocages, champs cultivés, prairies et « c’est, souligne le spécialiste, un oiseau typique des vignobles traditionnels avec de l’herbe ». Une étude réalisée en Bourgogne pendant deux années consécutives (2011-2012) montrait que sur trente espèces d’oiseaux recensées sur 18 parcelles, la linotte mélodieuse figurait en deuxième position des espèces les plus fréquentes et les plus abondantes après la fauvette à tête noire. Ce passereau apprécie les vignes du fait de la présence de nombreuses plantes annuelles dont il mange les graines et où il capture des milliers d’insectes dans les pampres de la vigne pour nourrir ses petits. Au niveau national, la linotte mélodieuse a malheureusement vu ses populations réduites de plus de deux tiers en vingt-cinq ans et elle est classée comme « vulnérable » sur la liste rouge des oiseaux nicheurs au niveau national. L’intensification agricole et la disparition des ressources alimentaires indispensables à la survie de cette espèce granivore en sont très certainement la cause.
Caractéristiques
Description
La linotte mélodieuse (Linaria cannabina) est un passereau plus petit que le moineau, de la famille des Fringillidés. Le mâle adulte se reconnaît à la couleur flamboyante de son front et de son poitrail. La tête est grise et l’œil sombre. Les flancs sont brun orangé et les plumes de la queue, les rectrices, tachées de blanc. Le bec est gris, conique et puissant, typique de son régime alimentaire granivore. Les jeunes et la femelle sont semblables, sans les taches criardes sur le front et le poitrail.
Mode de vie
L’oiseau est essentiellement granivore et consomme une grande variété de graines (colza, éteules, chardons, polygonacées, pissenlits, bourses à Pasteur…) mais aussi quelques insectes (larves, araignées) en période de nidification. Les linottes se nourrissent souvent au sol en groupes et ne sont pas discrètes, elles s’activent, sautillent et sont sans cesse en train de s’appeler. Les couples se forment en mars, la ponte a lieu le plus souvent en avril et la femelle construit rapidement son nid, parfois à même les ceps et pas toujours dissimulé dans la végétation. L’incubation dure douze à treize jours et les oisillons séjournent au nid pendant douze jours. Dès la fin de la nidification, les linottes se regroupent en bandes pour passer l’hiver. « Celles qui sont le plus au nord migrent vers le sud mais la plupart ne dépassent pas une centaine de kilomètres », remarque Frédéric Mahler.
Préservation
Le déclin observé de la linotte mélodieuse est sans doute lié à la baisse de ses ressources alimentaires, les petites graines d’herbacées sauvages qu’elle consomme étant souvent considérées comme de mauvaises herbes dans les zones de culture. Sa protection passe donc notamment par le maintien et le rétablissement de zones herbacées en milieu agricole et dans les vignes et par une utilisation très raisonnée des pesticides. Il est également recommandé de planter des haies, de laisser des friches. La végétation spontanée lui est très favorable : un simple roncier de 5 m2 peut par exemple héberger jusqu’à une dizaine de linottes mélodieuses nicheuses. Et, l’hiver, il ne faut pas hésiter à disposer des petites graines sur des mangeoires ou plateaux.
Le nom vernaculaire linotte mélodieuse vient du lin, une plante très appréciée par cet oiseau, et de la musicalité de son chant. On peut l’entendre chanter toute l’année mais particulièrement de mars à juillet.
Les linottes ont une espérance de vie de six ans.
Les populations de linotte mélodieuse étaient estimées entre 500 000 et 1 000 000 en 2013, selon la LPO.
Si vous observez des linottes mélodieuses, vous pouvez enregistrer vos observations sur le site https://www.faune-france.org/