Débat
La filière manque d’intelligence économique
La réflexion menée sur la gouvernance de la filière a fait naître un véritable débat autour de la nécessité d’améliorer les savoirs économiques.
La filière manque sérieusement de chiffres prospectifs pour piloter correctement la production et la commercialisation des vins. Tel est le constat dressé par les professionnels au cours des différents débats menés depuis un an autour de la gouvernance. « Pour pallier à cette lacune, nous avons créé récemment, au sein de France Agri Mer, un groupe compétitivité spécifique pour faire en sorte que les services économiques de France Agri Mer ne regardent pas seulement ce qui s'est passé. Nous avons besoin de prospective », estime Jérôme Despey, président du Conseil spécialisé vin de France Agri Mer.Ce sont les Vignerons indépendants (VIF) qui, les premiers, ont rendu public cette demande latente. Au travers d'une étude sur l'influence du taux de change sur les exportations des caves particulières, les VIF montrent que la France peine à s'adapter à cette variable économique. L'ajustement du prix des vins français en fonction du taux de change ne se fait pas, au contraire des vins espagnols qui font preuve d'une plus grande réactivité.Cependant, la filière ne navigue tout de même pas à vue d'œil. Des ressources existent. France Agri Mer réalise des études sur le long terme et possède des données parfois vieilles de 30 ans. « Depuis 1980, nous étudions l'évolution de la consommation tous les cinq ans. Nous réalisons également un observatoire économique de la viticulture et nous recensons des données sur la restructuration et l'arrachage », indique Caroline Blot, de France Agri Mer. Au hit-parade des études de l'organisme, la veille internationale des facteurs de compétitivité est un outil très riche sur les forces et les faiblesses des pays producteurs de vin.
De la prospective découle l'action
Toutefois, la finesse des indicateurs pourrait être améliorée. Par exemple, Julien Dourgnon, directeur des Vignerons indépendants de France, estime que « la filière pourrait avoir un débat sur la bonne valeur de l'euro. L'entreprise EADS a défini un taux de change qui, selon elle, permet une compétitivité acceptable ». Les vins d'appellation d'origine, eux aussi, sont demandeurs de davantage d'outils. La CNAOC est consciente de la nécessité de réaliser une étude économique sur l'impact de la suppression des droits de plantation sur l'équilibre des marchés et des exploitations.