VITICULTURE
IRRIGATION UNE URGENCE
Le Languedoc-Roussillon voudrait développer l’irrigation, condition à la préservation de la qualité et la compétitivité du vignoble. Le projet reste suspendu à de nombreuses questions concernant l’accès à cette ressource et son partage.
Le Languedoc-Roussillon voudrait développer l’irrigation, condition à la préservation de la qualité et la compétitivité du vignoble. Le projet reste suspendu à de nombreuses questions concernant l’accès à cette ressource et son partage.
23 000 ha de vignes bénéficient
de l’irrigation, soit 10 %
du vignoble.
“Aujourd’hui, dans le Sud de la France, il y a urgence à irriguer dans certaines zones ”, estime Hernan Ojeda, chercheur à l’Inra. Convaincu de la nécessité d’irriguer, il insiste sur le fait que les zones où la contrainte hydrique est telle qu’elle affecte la qualité sont nombreuses. “ Les vignes qui produisent 40 hl/ha parce qu’elles ont manqué d’eau sont le synonyme d’une mauvaise qualité et non d’excellence. Et qui dit mauvaise qualité, dit une rentabilité médiocre. Par ailleurs, une vigne qui présente des baisses de qualité à cause d’un stress hydrique, est une vigne dont la productivité est affectée depuis longtemps. Ce qui n’est pas bon non plus pour la rentabilité. ”
10 % du vignoble irrigué
Depuis quelque temps, l’irrigation est devenue le grand chantier politique et syndical dans le Sud de la France. Le message est clair : assurer la rentabilité et donc la pérennité du vignoble ne se fera pas sans l’eau. Aujourd’hui, le Languedoc-Roussillon est la principale région irriguée en France avec, selon Hernan Ojeda, 23000 hectares de vigne qui bénéficient d’un apport d’eau, soit 10% du vignoble de cette région. Cependant, souligne-t-il, cette surface est en augmentation sous l’effet de sècheresses successives sévères auxquelles se confrontent les vignerons. Et tout l’enjeu actuel est de pouvoir bénéficier du projet de la région, Aqua Domitia, qui vise à amener l’eau du Rhône jusqu’aux portes de Béziers et de Narbonne.
Les viticulteurs cherchent à se mobiliser pour mettre en oeuvre des projets de construction de réseaux secondaires afin de bénéficier de cette nouvelle ressource en eau. Trois projets, celui des Vignerons du Pays d’Ensérune, de la cave de Roquebrun et de l’Occitane sont déjà bien avancés comme en témoigne Alain Selponi, technicien de la cave l’Occitane. “ Nous projetons d’irriguer environ 1 000 hectares de vignes pour un budget global de 6 à 8 millions d’euros. L’irrigation se fera au goutte-à-goutte, comme la quasi majorité des projets, et l’utilisation de l’eau sera gérée de manière collective grâce à des outils de mesures disponibles à la cave qui permettront de raisonner qualitativement et quantitativement les apports. ” Cette gestion collective a été souhaitée par la région et est souvent retenue dans le cadre des projets comme le souligne Henri Cabanel, conseiller général de l’Hérault. “ Les Associations syndicales autorisées (ASA) permettent une bonne gestion de la consommation de l’eau par secteur. ” Elles intègrent différents utilisateurs d’eau comme les communes, des maraîchers, des sociétés d’entretien des espaces verts… D’autres projets pourraient se rajouter à ces trois programmes dont la réalisation dépend de l’accord de l’Union européenne en faveur d’une aide financière.