Filière
Il n’y aura pas d’interprofession unique
Contrairement aux injonctions du ministre, les professionnels s’opposent à l’avènement d’une interprofession unique par bassin de production. L’heure serait plutôt à la discussion, à la concertation et aux conventions. Dans le meilleur des cas.
Il est urgent d'agir, avait signifié le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, le 18 novembre 2009. « Cela fait des années que l'on discute sur les interprofessions, il faut agir ». Et en finir avec le nombre « déraisonnable » d'interprofessions pour les vins à AOC. Ce qui, traduit en chiffres, revient à passer des 26 interprofessions existantes à 10, soit une par bassin de production. A la profession de se structurer et gare à la punition législative dans la prochaine loi de modernisation agricole, avait encore mis en garde le ministre Il semblerait bien que nous n'en soyons plus là. Et que l'avènement d'une interprofession par bassin soit remisé aux prochaines calendes grecques. Jérôme Despey, président du conseil spécialisé vins à FranceAgriMer, chargé par le ministre d'une mission sur le sujet, ne s'y est pas trompé. Il sera difficile d'en arriver à une telle structuration de la filière. Il a d'ailleurs demandé un délai supplémentaire d'un mois pour rendre les conclusions de sa mission (ce qui devrait être fait courant mars) qui ne pourront que contredire les propos qui se voulaient définitifs, d'un ministre, qui, après les élections régionales, ne le sera peut-être plus. «En tout cas, l'expression du ministre et de ma lettre de mission auront au moins permis de se poser des questions sur la structuration et l'évolution des interprofessions. Car il se passe des choses en région. Mais je l'avais dit au ministre. Les choses ne sont pas mathématiques : avoir une interprofession unique par bassin ne sera pas possible car chacun de ces derniers a son histoire, son terroir, ses différences.». Mais, poursuit, Jérôme Despey, il n'empêche que dans certaines régions, des évolutions sont indispensables. Et sont déjà en route, assure le Cniv (Comité national des interprofessions des vins à AOC). « Un mouvement de rationalisation du travail en commun est en cours dans les régions. Néanmoins, si créer des bassins de production était une bonne idée, elle n'a pas forcément donné satisfaction compte tenu de l'arbitraire qui a présidé dans la fixation de leurs frontières. On a voulu créer un système où les gens n'étaient pas prêts à travailler ensemble comme par exemple entre la Provence et la vallée du Rhône », souligne Jérôme Agostini, directeur du Cniv.