Estimer l’apport d’un engrais vert
Les techniciens de la chambre d’agriculture de Poitou-Charentes ont élaboré un outil pour calculer la restitution en éléments minéraux des couverts végétaux. Une méthode simple, efficace et économique.
Les techniciens de la chambre d’agriculture de Poitou-Charentes ont élaboré un outil pour calculer la restitution en éléments minéraux des couverts végétaux. Une méthode simple, efficace et économique.
De plus en plus de viticulteurs se lancent dans l’utilisation des engrais verts. Dès lors, comment savoir concrètement ce que les plantes apportent au sol ? Les techniciens de la chambre d’agriculture de Poitou-Charentes se sont penchés sur la question, et ont créé un outil pour estimer les apports en éléments fertilisants : la méthode Merci (Méthode d’estimation des éléments restitués par les cultures intermédiaires). « Notre modèle se base sur plus de dix années de mesures de référence sur le terrain, dans diverses régions françaises, qui nous ont permis d’obtenir une valeur moyenne de restitution par espèce », explique Sébastien Minette, coordinateur du projet. En pratique, cela se traduit par une feuille de calcul Excel, disponible sur le site internet de la chambre régionale de Poitou-Charentes, dans laquelle le viticulteur renseigne plusieurs paramètres préalablement mesurés au champ. Bien que mis au point pour les grandes cultures, l’outil est tout à fait adaptable à la vigne, en calculant au prorata de la surface d’interrang recouverte par les engrais verts. « Nous utilisons Merci dans nos expérimentations. Cela permet de se faire une idée de la restitution, même s’il est toujours possible d’aller plus loin avec des analyses plus complexes », témoigne Loreleï Cazenave, chargée d’étude au service vigne et vin de la chambre d’agriculture de Gironde.
Le taux de matière sèche détermine la teneur en éléments
Pour l’utilisateur, la méthode se décompose en trois étapes. Premièrement, il doit estimer la matière sèche produite à l’hectare, en pesant précisément la biomasse aérienne. Pour ce faire, le viticulteur définit au minimum trois placettes d’un mètre carré par parcelle sur lesquelles il coupe à ras toute la végétation qui affleure, y compris les éventuelles racines aériennes et à l’exception des adventices. Il est important d’avoir une végétation ressuyée, et de peser les espèces séparément. « La mesure de la biomasse sèche est plus précise, mais nécessite un passage en étuve contraignant. Dans le cas de plantes fraîches, on applique un coefficient lié à l’espèce et à l’âge du couvert », précise Sébastien Minette. Une fois la matière sèche connue (en kg/ha), il suffit de rentrer la valeur dans le tableau pour connaître les quantités d’éléments disponibles dans le couvert. « La précision est de plus ou moins 15 kg/ha pour l’azote, ajoute le technicien. Pour le phosphore et la potasse, cela donne un aperçu, mais le travail de validation doit encore être affiné. » L’outil n’a plus qu’à estimer ensuite la dynamique de restitution en fonction de l’itinéraire technique choisi (enfouissement ou non) pour définir ce qui sera disponible l’année suivante. « Grâce à ce calcul, qui demande un minimum de mesures, le viticulteur qui utilise des engrais verts peut piloter plus précisément sa fertilisation », estime Sébastien Minette. Une nouvelle version avec plus de fonctionnalités devrait être disponible en 2018.
Pour plus d’infos et télécharger la feuille de calcul : www.poitou-charentes.chambagri.fr
Une méthode simple à mettre en œuvre
Cela fait trois ans que j’utilise des engrais verts, et cette année j’ai employé pour la première fois la méthode Merci sur six de mes parcelles. J’ai réalisé la mesure fin avril/début mai, juste avant le broyage. Le protocole est très simple à mettre en œuvre, je suis allé récolter les couverts sur mes placettes d’un mètre carré, avec un petit peson. Il m’a fallu la matinée pour faire trois parcelles, mais avec l’habitude je pense que l’on peut aller plus vite. Ensuite il suffit juste de rentrer les infos dans la feuille Excel, et tout se calcule seul ! Pour la féverole, j’étais presque à 10 kg de matière par mètre carré. Mes vignes sont plantées à 2,40 m, et le semis fait 1,10 m de large, j’ai donc appliqué un coefficient de 45 %. Sur la partie la plus réussie, j’obtenais 41 unités d’azote et 70 de potasse, je n’ai donc pas mis d’engrais, alors que j’avais initialement prévu de la fiente de poule dosée à 4-3-3.