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Enherbement permanent naturel et fauche, pour moins de gel dans les vignes

Les enherbements permanents naturels et la fauche sont les modalités ayant le moins souffert du gel cet hiver. C’est ce qui ressort d’une expérimentation menée en Anjou dans le cadre du projet Climatveg.

L'une des modalités comprenait de la féverole roulée.
L'une des modalités comprenait de la féverole roulée.
© L. Bau

Attention à la féverole et au roulage en cas de gel radiatif ! Tels sont deux des enseignements que l’on peut tirer du travail de mémoire de Laëtitia Bau, étudiante à l’ESA d’Angers, entrepris dans le cadre du projet Climatveg et financé par la région Pays de la Loire. Lors de l’hiver 2023-2024, l’étudiante s’est en effet penchée sur l’impact de la composition du couvert interrang et de son mode de destruction sur le risque de gel de la vigne en Val de Loire. Pour ce faire, elle a suivi plusieurs modalités sur une parcelle de grolleau noir greffé sur gravesac, plantée en 2020 sur une zone gélive, chez la vigneronne Marie Dubillot, à Chaudefonds-sur-Layon, dans le Maine-et-Loire.

La première comportait de l’enherbement naturel spontané de 20-25 cm de haut, composé de pâturin commun, rumex à feuilles obtuses, rumex à feuilles crépues, crépide molle, renoncule sarde, renoncule acre, ciboulette sauvage, véroniques des champs, RGA et luzerne d’Arabie. La seconde modalité avait été semée avec un mélange de graminées où seule l’avoine avait levé (20 %) à une hauteur de 20 à 25 cm, et la troisième modalité avait été ensemencée de fèverole, puis avait été détruite. Un second bloc comparait une itération d’enherbement naturel spontané et une autre comprenant un mélange de pois, vesce, féverole et avoine, semé un rang sur deux.

Parallèlement à cela, l’étudiante a testé différents types de destruction : roulage, broyage ou aucune destruction.

La parcelle a connu une nuit de gel radiatif du 22 au 23 avril. Le mercure est tombé entre -1,8 et -2°C à 60 cm du sol (mesures avec un capteur de température), avec une humidité relative allant jusqu’à 100 %. « Il n’y avait ni vent, ni nuage, mais un dépôt de givre », témoigne l’étudiante ingénieur. La parcelle était au stade 3-4 feuilles étalées ; 30 % des bourgeons ont été touchés.

Une température au sol bien plus basse dans les zones roulées

La température au niveau du sol à 7 heures du matin s’est avérée beaucoup plus froide dans la modalité roulage (-7 °C, mesures avec une caméra thermique), et à l’inverse plus chaude dans les rangs broyés (-4 °C). La modalité sans intervention s’est située entre les deux. À cela s’est ajoutée une humidité relative plus importante dans les zones roulées que dans celles sans intervention et surtout que dans les broyées. Au niveau des bourgeons, en revanche, toutes les modalités se sont retrouvées globalement à la même température, quelle que soit l’espèce ou la modalité de destruction.

Laëtitia Bau, étudiante à l’ESA d’Angers, effectue son mémoire de fin d'études sur l'impact des couverts végétaux sur le gel de la vigne.
Laëtitia Bau, étudiante à l’ESA d’Angers, effectue son mémoire de fin d'études sur l'impact des couverts végétaux sur le gel de la vigne. © L. Bau
Logiquement, les vignes roulées ont davantage gelé, tant en nombre de bourgeons touchés qu’en intensité de gel. « Dans ce cas de figure (stade végétatif et gel radiatif), le broyage a donc été plus intéressant que le roulage, note Laëtitia Bau. C’est peut-être dû au fait que le roulage crée une couche végétale sur le sol qui stoppe les rayonnements infrarouges du sol. »

Pas d’impact des couverts sur la date de débourrement

Au niveau du type de couvert, la féverole est la modalité qui s’en est le moins bien sortie, avec des dégâts plus nombreux et plus intenses. « Il y a eu davantage de bourgeons en classe trois (bourgeons totalement gelés) que dans les deux autres modalités, rapporte l’étudiante. Pour ce qui est du nombre de bourgeons gelés, le pourcentage était plus élevé dans les rangs avec la fèverole que dans les autres, mais ce n’est qu’une tendance, ce n’est pas statistiquement significatif. » À l’inverse, les rangs avec de l’enherbement spontané ont été les moins atteints, avec des bourgeons moins intensément abîmés. Les rangs plantés de graminées se sont retrouvés avec une intensité moyenne.

Dans la comparaison mélange par rapport à l’enherbement spontané, c’est là encore le second qui s’en est le mieux tiré avec moins de bourgeons gravement touchés. Cette différence s’est retrouvée au niveau des inflorescences, plus atteintes dans le mélange que dans la modalité spontanée.

Autre enseignement, il n’y a eu aucun impact du mode de couverture et de destruction des couverts sur la date de débourrement. Laëtitia Bau va à présent se pencher sur l’impact de ces différentes modalités sur la vigueur de la vigne et la qualité du sol.

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