[Dossier] Diversification viticole : trois pistes en arboriculture
À l’heure où la crise du vin devient mondiale et l’arrachage définitif, certains viticulteurs se posent la question de la diversification. Faire pousser autre chose que de la vigne, oui, mais quoi ? Dans ce dossier, nous nous sommes focalisés sur les cultures pérennes, qui ont l’avantage de partager quelques caractéristiques avec la viticulture.
À l’heure où la crise du vin devient mondiale et l’arrachage définitif, certains viticulteurs se posent la question de la diversification. Faire pousser autre chose que de la vigne, oui, mais quoi ? Dans ce dossier, nous nous sommes focalisés sur les cultures pérennes, qui ont l’avantage de partager quelques caractéristiques avec la viticulture.

Diversification. C’est un mot qui tourne en boucle. Au point que certaines chambres d’agriculture ont mis en place des dispositifs spéciaux. C’est le cas de celle du Vaucluse, qui a ouvert en 2024 un Point accueil diversification (PAD). « L’idée est d’évaluer, clarifier les demandes et orienter vers les bonnes personnes, expose Céline Cardinale, conseillère d’entreprise à la chambre. La première étape est de voir si le but est d’avoir un complément de revenu, valoriser une terre nue ou un bâtiment, ou par simple envie ? »
La plupart des demandes proviennent de viticulteurs à la recherche d’un complément de revenu. Des gens qui voient les difficultés arriver, ont une idée ou un rêve et se disent que c’est le moment de se lancer. Ou bien des gens qui ont eu vent d’une culture prometteuse. Il faut dire que l’on entend beaucoup parler, pêle-mêle, de pistache, de paulownia, de caroube, d’olive, de grenade, de noisette, d’agrumes… La liste est incroyablement longue.
Certaines filières existent et d’autres sont à créer
Qu’on se le dise d’entrée, il n’y a pas de culture miracle. Le pistachier ou le truffier met sept ans à entrer en production, ce qui représente autant d’années à avancer des frais sans voir un seul revenu complémentaire. Le paulownia n’aime ni le sec ni l’humide. L’olivier n’est pas facile à rentabiliser. Le grenadier a été beaucoup planté et cherche maintenant ses débouchés à grande échelle. Toutes les cultures un peu plus exotiques font face à un manque de recul criant sous nos latitudes. « J’en vois certains qui souhaitent se lancer dans l’amande ou le raisin de table, qui sont des cultures intéressantes, abonde Céline Cardinale, mais quand on creuse on se rend compte qu’ils n’ont pas d’accès à l’eau, or c’est indispensable. »
Se poser les bonnes questions est indispensable
Aussi, les conseillers du PAD mettent le doigt sur les points de vigilance, et poussent à se poser les bonnes questions : quel est le temps dont je dispose pour cette nouvelle activité, ai-je du matériel qui peut m’être utile, à quelle hauteur puis-je investir, quelles sont les compétences dont j’ai besoin ? Se pose aussi la question de la filière. La chambre d’agriculture de Gironde a édité un catalogue spécial sur la diversification et fait un focus sur onze cultures. Certaines filières existent, et d’autres sont à créer. Généralement, deux stratégies se font face pour assurer la rentabilité de son projet. Soit miser sur une valorisation locale, ce qui veut dire, bien souvent, de transformer soi-même ; soit de miser sur une production optimisée et volumique afin de pouvoir s’aligner sur les cours nationaux et/ou internationaux.
Nous avons fait le choix dans ce dossier de nous focaliser sur les cultures pérennes, qui ont l’avantage d’avoir des caractéristiques communes avec la viticulture. Bien entendu, d’autres voies sont possibles pour se diversifier (élevage, maraîchage, agrotourisme…). Elles sont plus éloignées du métier de viticulteur, mais ont d’autres avantages, notamment celui d’apporter de premiers revenus plus rapidement.