Des clés pour raisonner la couverture des interrangs en vigne
L’itinéraire technique sur l’interrang doit être raisonné à partir de l’observation des vignes et du sol ainsi que des objectifs pour la parcelle. L’Association technique viticole du Maine-et-Loire a mis au point une méthode de raisonnement.
L’itinéraire technique sur l’interrang doit être raisonné à partir de l’observation des vignes et du sol ainsi que des objectifs pour la parcelle. L’Association technique viticole du Maine-et-Loire a mis au point une méthode de raisonnement.
« Les itinéraires techniques du cavaillon et de l’interrang ont des objectifs différents et nécessitent une gestion différenciée, explique Perrine Dubois, de l’Association technique viticole du Maine-et-Loire (ATV 49). Pour l’interrang, les objectifs sont d’assurer la portance, en laissant un nombre d’interrangs couverts suffisant pour le passage du pulvérisateur, d’entretenir la structure pour limiter l’érosion, le ruissellement et le lessivage, avec l’importance d’une couverture végétale sur tous les interrangs en hiver, et de piloter la vigueur pour atteindre l’optimum qualité/quantité. » La première étape pour raisonner l’itinéraire technique est l’observation des vignes et des sols par parcelle. « Il faut évaluer la vigueur de la vigne chaque année selon le rendement, la couleur du feuillage, la présence ou non de pourriture grise, la qualité de l’aoûtement, la grosseur des bois de taille, insiste Perrine Dubois. Et il faut aussi évaluer les contraintes imposées par le sol : problèmes d’humidité et de portance, sol sensible à la sécheresse ou à la pourriture grise… » À partir de ces observations, on peut déterminer ses objectifs par îlot et choisir son type de couvert et l’entretien nécessaire. Plusieurs situations peuvent se présenter :
La vigne est trop vigoureuse
L’objectif est de concurrencer la vigne pour réguler la vigueur et l’état sanitaire. Il faut implanter un couvert permanent naturel ou semé qui prélève de l’eau et de l’azote toute l’année. Le couvert doit être tondu ou broyé 2-3 fois par saison (broyeur à axe horizontal, éviter le gyrobroyeur à axe vertical qui risque de projeter les semences sous les cavaillons où elles sont plus difficiles à gérer). Ce couvert ne doit jamais être détruit, mais scarifié tous les 3 à 5 cinq ans (Airsol, Herbasol, sabots de fissuration, covercrop réglé avec disques droits) pour régénérer le système racinaire et assurer la perméabilité à l’air et à l’eau.
La vigne manque de vigueur
Les objectifs sont d’éviter la concurrence en saison végétative, de mars à septembre, et d’apporter de l’azote. Le plus adapté est un couvert temporaire, présent de l’automne au printemps, de type engrais vert à dominante légumineuse (trèfle, vesce, féverole, pois…). Un maximum d’interrangs doivent être travaillés en saison végétative, en ne gardant que ceux nécessaires à la portance du tracteur. La préparation du sol, le semis et le rappuyage peuvent se faire avant ou après les vendanges. Le couvert doit ensuite être détruit (covercrop avec disques inclinés), de février à mi-mars, pas plus tard pour éviter les minéralisations d’azote qui risqueraient de favoriser maladies et ravageurs. Son incorporation superficielle au sol avant le débourrement permet une libération d’éléments en accord avec les besoins de la vigne.
La vigueur est équilibrée
L’objectif est d’entretenir la fertilité et de maintenir la structure, en apportant une nourriture équilibrée pour les micro-organismes qui structurent les sols. Un entretien mixte de l’interrang est conseillé, avec 1 interrang sur 2 en enherbement naturel ou semé, régulièrement tondu, et 1 interrang sur 2 travaillé en saison. Pour cet interrang travaillé en saison, il est possible de faire un couvert temporaire pendant la période de repos de la vigne (des vendanges au débourrement), par enherbement naturel ou semis d’un mélange à 2/3 de céréales (avoine, seigle, triticale…), 1/3 de légumineuses (trèfles, vesce, féverole, pois…). Le couvert sera incorporé superficiellement au sol avant le débourrement. Une autre possibilité si la vigne est peu sensible à la pourriture grise est de semer un couvert de céréales en octobre (avoine, blé, seigle, triticale), de le tondre éventuellement en mars s’il est trop haut, puis de le rouler avec un rouleau Faca en juin (avant la graine !) pour en faire un paillage qui gardera la fraîcheur du sol en été. Tous les 3 à 5 ans, les interrangs couverts/travaillés doivent être inversés.
Le sol est à dynamique contrastée
Le sol peut être la contrainte majeure. Sur un sol à dynamique contrastée, très humide au printemps et très sec l’été, l’objectif au printemps est d’accélérer le ressuyage pour la portance et de concurrencer pour limiter les maladies, et en été de réduire l’évaporation de l’eau du sol pour limiter le stress hydrique. Le plus adapté est un couvert temporaire, naturel ou semé à l’automne, qui sera détruit avant l’été au moment de la nouaison ou écrasé pour en faire un paillage s’il est difficile de travailler le sol au printemps.
Exemples :
Sur une parcelle de cabernet franc sensible au stress hydrique, mais peu à la pourriture grise, l’objectif est d’avoir une concurrence et un ressuyage forts au printemps, mais pas du tout l’été. On peut laisser l’herbe des vendanges jusqu’à février, la broyer ou la tondre au printemps puis la détruire avant fin juin. Pendant l’été, le sol est biné régulièrement.
Sur une parcelle de chenin sensible à la pourriture grise et un peu au stress hydrique, l’objectif est d’avoir une concurrence et un ressuyage forts au printemps et modérés l’été. L’enherbement naturel peut être laissé toute l’année en limitant les tontes. Quand les graminées ont fait leur cycle, leur concurrence vis-à-vis de l’azote et de l’eau devient en effet faible. L’itinéraire technique se résume à une tonte en début de saison et éventuellement une reprise de la tonte fin août si le temps est pluvieux, pour limiter la pourriture.
Si la vigne manque de vigueur, un apport de matière organique régulier tous les ans en début de saison est plus conseillé qu’un engrais vert. L’engrais vert pourra prendre le relais au bout de 3 ans.
Destruction partielle de l’herbe
Si l’objectif est d’avoir de la portance sans trop de concurrence, il est possible de garder des interrangs enherbés toute l’année, mais de perturber la croissance de l’herbe par une destruction partielle pendant la période de croissance végétative de la vigne. Il est possible pour cela d’utiliser les outils que l’on possède déjà en modifiant leur réglage par exemple de faire un passage aller de covercrop en donnant un angle très faible aux disques, de passer un cultivateur en enlevant les ailettes ou d’utiliser un Rotalabour ou des bêches roulantes.