DémoBio, entre robotique innovante et autoconstruction

Nous vous l’avions annoncé il y a deux ans. Le tracteur électrique et autonome MK-V de Monarch Tractor devrait débarquer sous peu dans les vignes. Lors du DémoBio, qui s’est déroulé en Gironde fin juillet, la firme américaine a annoncé son lancement pour fin 2023. Il sera notamment présenté au Sitevi. Le MK-V a pour particularité de pouvoir fonctionner avec ou sans chauffeur. Il possède aussi une fonction Follow Me grâce à laquelle il peut bouger à la demande d’un opérateur, lui-même intervenant à pied dans la parcelle pour une tâche particulière.

« L’un des points forts du MK-V est qu’il peut utiliser le matériel de l’exploitation », précise Jean-Philippe Fejoz, directeur des ventes pour l’Europe de l’entreprise Monarch Tractor. L’appareil, qui mesure 1,23 m de large, a une puissance de 40 ch avec des pics à 70 ch, pour une autonomie annoncée entre 8 à 14 heures selon le travail effectué. Ses batteries se rechargent en 5 à 6 heures. Le MK-V est doté d’une prise de force arrière (régime de 540 tr/min), d’un attelage 3 points d’une capacité de relevage de 1,15 tonne et d’un débit hydraulique de 45 l/min. Avant qu’il puisse travailler de manière autonome sur une parcelle, il faut réaliser un premier passage « à blanc » (ou balisage) afin qu’il enregistre l’itinéraire à parcourir. Il se guide ensuite par signal RTK et grâce à ses quatre caméras. La commercialisation du MK-V a démarré en juin aux États-Unis, avec la livraison des 100 premières unités. Il y est vendu 89 000 dollars (environ 82 000 euros).

« Pour l’Europe, on vise un tarif contenu afin d’en vendre le maximum, dévoile Jean-Philippe Fejoz. On est en train de mettre en place le réseau de distribution et de définir les prix. » Le tracteur coûtera néanmoins plus cher qu’aux États-Unis, puisqu’il faudra ajouter au prix initial les frais de transport et d’homologation. « Les réservations peuvent déjà être enregistrées, poursuit le directeur des ventes. Elles sont remboursables à tout moment mais permettent de se positionner dans le flux de livraison à venir. » L’équipement comprend le tracteur, une borne de recharge et un relais. En plus de l’achat du matériel, deux formules d’abonnement de mise à jour seront proposées, la première pour le tracteur électrique seul et la seconde pour le tracteur électrique et tout son système d’autonomie.

Créée en 2017, la société Monarch Tractor a quatre fondateurs, dont le vigneron Carlo Mondavi.

Mise au point par les Établissements Sabourdy, garage indépendant basé à Vignonet, en Gironde, à la demande des Vignobles Bardet qui cherchaient comment intervenir sur une herbe assez haute dans l’interrang, cette faucheuse permet de réaliser deux opérations en un seul passage. D’abord, elle fauche, mais sans la broyer, l’herbe de l’interrang et juste après elle la projette de chaque côté sous les pieds de vigne.

 

La trouvaille ici a consisté à transformer une faucheuse standard à plateau en inversant la transmission interne pour changer le sens de rotation des pignons. Le résultat est donc la formation d’une litière nourricière du sol produite localement. « Cette machine nous aide à atteindre un équilibre entre les différentes espèces de végétaux, explique Philippe Bardet. C’est la stratégie que l’on tente de mettre en œuvre pour atteindre le 'zéro herbicide' mais sans travail du sol. » Le viticulteur cherche à stimuler le phénomène d’allélopathie décrit par les scientifiques selon lequel les végétaux en se décomposant empêchent les autres de se développer et les graines de germer.

Avec cette nouvelle machine, les plantes hivernales et printanières de l’interrang sont donc fauchées assez haut juste après leur floraison et toute leur biomasse est projetée sous les rangs pour y faire une litière assez épaisse. C’est l’un des principes de la permaculture en maraîchage appliqué ici à la vigne. « L’idée originale avec cette machine est de parvenir à produire ce mulch localement, indique Philippe Bardet. On teste cette faucheuse-andaineuse avec succès depuis quatre ans sur les parcelles où il y a beaucoup de plantes estivales sous le rang et aussi sur les jeunes plants pour leur éviter une trop grande concurrence, surtout en été. »