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Cinq leviers pour réduire la compaction des sols viticoles

Plusieurs leviers permettent de limiter ou de réduire la compaction des sols dans les vignes.

Entre deux choix de gabarits de tracteurs, sélectionner le plus étroit permet de l'équiper de pneus plus larges. Un choix rarement effectué dans les faits, sauf si ...
Entre deux choix de gabarits de tracteurs, sélectionner le plus étroit permet de l'équiper de pneus plus larges. Un choix rarement effectué dans les faits, sauf si l'espace en cabine est identique.
© New Holland

Comment éviter les tassements du sol en viticulture ? Pérenne et régie par le cahier des charges des appellations, la culture de la vigne limite les leviers pour réduire la compaction des sols. À l’inverse de la grande culture où il est facile de monter des pneumatiques plus larges et/ou de plus grand diamètre, la viticulture laisse un champ d’action limité du fait de la distance entre deux rangs de vigne : on ne peut pas élargir sa monte de pneumatiques sans risquer d’abîmer la végétation et la récolte. 

Lire aussi : « J’ai monté de petits pneus de 4x4 sur mon tracteur vigneron pour limiter les tassements du sol »

Qui plus est, le faible volume de pneumatiques que représente le marché de la viticulture n’incite pas les manufacturiers à investir en masse en recherche et développement. L’offre en dimensions reste limitée et donne peu de latitude pour maximiser la surface d’empreinte dans l’espace disponible.

1 Éviter les situations favorisant le tassement

La première solution consiste bien sûr à ne pas tasser. Cela signifie attendre que le sol soit bien ressuyé pour intervenir dans la parcelle. L’excès d’eau dans le sol agit en effet comme un lubrifiant et favorise le déplacement des particules de terre entre elles, donc le tassement.

 

 
Bon nombre de viticulteurs regardent de près la monte du tracteur, mais négligent celle du pulvé. Investir dans un boggie chaussé en pneus larges évite les tassements ...
Bon nombre de viticulteurs regardent de près la monte du tracteur, mais négligent celle du pulvé. Investir dans un boggie chaussé en pneus larges évite les tassements des sols. © Grégoire

S’il faut malgré tout rentrer dans la vigne, par exemple pour traiter, il faut privilégier les tracteurs ou véhicules, comme les quads, les plus légers, quitte à perdre en débit de chantier. Le temps perdu est vite rattrapé par les passages de décompacteurs en moins. Prendre le temps d’enlever les masses inutiles sur le tracteur s’avère utile. S’équiper d’un pulvérisateur à double essieu et/ou ne remplir les pulvérisateurs qu’à moitié, lorsque les sols ne sont qu’à moitié ressuyés, sont deux moyens de limiter les dégâts lorsqu’il faut traiter coûte que coûte.

2 La chenille redémarre plus vite le tracteur

 

 
Montées de manière provisoire, les chenilles permettent d'intervenir en conditions plus humides, tout en limitant les dégâts sur le sol.
Montées de manière provisoire, les chenilles permettent d'intervenir en conditions plus humides, tout en limitant les dégâts sur le sol. © Cloué Viti Vini

Si la largeur d’empreinte est limitée par l’interrang, la longueur d’empreinte peut être augmentée par l’emploi de chenilles. La société angevine Eider propose ainsi la gamme de chenilles Alternativ’Track montées en lieu et place des roues arrière des tracteurs enjambeurs et machines à vendanger multifonction. Proposées en largeurs de 320, 360, 400 et 500 mm, ces chenilles, même si elles augmentent un peu le poids de l’automoteur, permettent « de multiplier jusqu’à 3,85 fois la surface de contact comparativement à un pneumatique de même largeur », annonce Claude Gautier, d’Eider. Le constructeur s’apprête à lancer une version en remplacement des pneus avant.

 

 
Les chenilles améliorent la traction et la stabilité dans les dévers en plus de moins tasser.
Les chenilles améliorent la traction et la stabilité dans les dévers en plus de moins tasser. © Antonio Carraro

Plusieurs constructeurs, comme Kubota et Antonio Carraro, proposent des tracteurs interlignes chaussés de chenilles sur le pont arrière, voire sur les deux ponts. Des constructeurs spécialisés comme Loeffel et Drago France déclinent une offre de tracteurs à chenilles. Outre le gain en termes de compaction réduite et de portance, ces chenilles apportent un avantage en termes de tenue de cap dans les dévers. Elles permettent de gravir des pentes qu’aucun tracteur à roues ne pourrait attaquer, ce qui favorise la mécanisation des dénivelés importants. En revanche, leur vitesse sur route est limitée au mieux à 25 km/h et le confort se situe en deçà des modèles à pneus. Leur surcoût (20 000 à 40 000 euros) constitue également un frein à l’achat de ces engins. Certains domaines se sont équipés de petits chenillards qui sont utilisés ponctuellement pour réaliser les traitements à la suite de gros épisodes pluvieux. Certes, les débits de chantier sont plus réduits, mais la récolte est bien souvent sauvée, sans matraquer le sol et sans s’embourber.

3 Choisir un tracteur moins large

 

 
Choisir un tracteur léger pour les travaux hors traction lourde limite la compaction des sols.
Choisir un tracteur léger pour les travaux hors traction lourde limite la compaction des sols. © Landini

Dans les vignes intermédiaires et larges, un parti pris pourrait être de s’équiper d’un tracteur plus étroit pour le chausser de montes plus larges. Dans beaucoup de situations, cela implique de faire des concessions sur le confort et l’espace disponible en cabine, un choix que bon nombre de viticulteurs ne semblent pas prêts à faire. « Depuis que, sur la nouvelle génération de tracteurs spécialisés, nous avons doté les T4N de la même cabine que les plus larges T4F, nous avons constaté un glissement des ventes des T4F vers les T4N, constate Irénée Guillarme de New Holland. Cela montre que le confort de l’utilisateur reste important. »

4 Dégonfler et regonfler

Une autre solution pour limiter les tassements consiste à optimiser la pression des pneumatiques. À charge identique, moins la vitesse de travail est élevée, plus il est possible d’abaisser la pression et d’augmenter ainsi la surface d’empreinte au sol. « Sur les tracteurs équipés d’un freinage pneumatique, et donc d’un compresseur d’air, on voit pas mal de nos clients se rendre à la parcelle, dégonfler au maximum les pneus et les regonfler à l’aide du compresseur une fois le travail effectué, cite pour exemple Antoine Brissart, responsable produits tracteurs Fendt. Cela demande de prendre le temps de gérer la pression, même s’il n’y a jamais de gros volumes d’air sur les pneus viticoles, mais cela peut être gagnant pour préserver le sol. » De plus, en augmentant la surface de contact, on améliore la traction, le débit de chantier et la consommation de carburant à l’hectare.

 

 
Les quelques essais de télégonflage en viticulture se sont conclus par des échecs, à cause des conduites d'air extérieures qui s'accrochent dans les vignes.
Les quelques essais de télégonflage en viticulture se sont conclus par des échecs, à cause des conduites d'air extérieures qui s'accrochent dans les vignes. © A. Brissart

Pour pousser plus loin dans ce raisonnement, certains viticulteurs se sont essayés au télégonflage. « Nous avons fait un montage de télégonflage sur un tracteur viticole pour un client, explique Frédéric Guéneau, de la concession angevine MVS. Si techniquement la solution donne pleinement satisfaction, avec son côté ergonomique puisque tout se pilote depuis la cabine, dans la pratique, elle n’est pas adaptée aux vignobles, puisque les conduites qui passent par l’extérieur tendent à s’accrocher dans la végétation. Ce qui fait qu’au bout de deux ans, le client a fait enlever le télégonflage. » Mais comme les conduites se déconnectent facilement, il est possible d’utiliser le télégonflage sur route et de le déconnecter pour rentrer dans les vignes.

5 Opter pour des pneus technologiques

Certaines technologies récentes de pneumatiques permettent également d’augmenter la surface d’empreinte à pression comparable par rapport à des pneumatiques classiques. C’est le cas des pneus VF, pour Very High Flexion - très haute flexibilité, qui, comparativement à des pneus classiques, autorisent 40 % de charge supplémentaire pour une même pression, mais aussi 40 % de pression en moins pour une même charge : l’empreinte au sol est accrue de 10 à 15 %. Pour la viticulture, l’offre en pneus VF (15 à 20 % plus chers que des pneus classiques) reste limitée à des montes de 28 pouces ou plus, à partir de 420 mm de large.

 

 
Le Pneutrac est intermédiaire entre le pneu classique et la chenille.
Le Pneutrac est intermédiaire entre le pneu classique et la chenille. © New Holland

L’autre technologie qui connaît un réel intérêt auprès des viticulteurs, c’est le Pneutrac de Trelleborg. Le profil en oméga de ce pneumatique VF permet d’allonger l’empreinte et de réduire la pression au sol de 30 %. Plus confortable qu’un pneu classique, stable en dévers et dans les virages, le Pneutrac améliore la traction de 15 %. Avec six dimensions au catalogue ciblant particulièrement les vignes larges et les vergers, ce pneu affiche une capacité de franchissement nettement supérieure aux montes classiques et marque très peu en conditions fraîches. « Même s’il faut compter un surcoût de 5 000 euros pour équiper les quatre roues d’un tracteur, les exploitants qui ont franchi le pas en redemandent généralement », explique Irénée Guillarme.

 

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