Après la taille rase, penser efficacité et adaptation
La reprise manuelle après la taille rase doit tenir compte de l’objectif de réduction des coûts de production, tout en préparant la taille mécanique des années suivantes. Les autres opérations doivent être adaptées à la nouvelle structure de la vigne.
La reprise manuelle après la taille rase doit tenir compte de l’objectif de réduction des coûts de production, tout en préparant la taille mécanique des années suivantes. Les autres opérations doivent être adaptées à la nouvelle structure de la vigne.
Avec un temps de passage de trois à quatre heures par hectare, la taille rase de précision permet de diminuer les coûts de production. La reprise manuelle indispensable pour supprimer les longs bois oubliés en dessous et autour des piquets ne doit pas dépasser, selon Christophe Gaviglio de l’IFV, une quinzaine d’heures de travail par hectare. « En effet, il faut garder en tête l’objectif majeur de la taille rase qui est la réduction des coûts, donc la reprise manuelle doit être simplifiée autant que possible », insiste-t-il.
« Les temps de reprise manuelle peuvent malgré tout parfois dépasser vingt heures les premières années, nuance Thierry Grimal, de la chambre d’agriculture de l’Aude, afin d’aboutir à une ligne de taille homogène qui facilitera la taille mécanique l’année suivante. » La reprise manuelle sera d’autant plus simple que le vignoble est bien installé pour la taille rase.
« Pour plus d’efficacité, il peut être judicieux de réaliser cette opération de façon concomitante à la taille mécanique, en installant par exemple des tailleurs à l’arrière de la machine qui vont intervenir au rythme de la taille mécanique », souligne Christophe Gaviglio. Pour François Berud, de la chambre d’agriculture du Vaucluse, il est recommandé de ne pas faire appel à des professionnels de la taille. « Ils auront tendance à reproduire des réflexes de taille, indique-t-il. Or il s’agit seulement d’éliminer tous les sarments qui font plus de dix centimètres autour des piquets et ceux ratés par la machine. »
Avec la reprise de taille, on ne revient pas à la taille manuelle, confirme Bernard Genevet, de la chambre d’agriculture du Gard. Mais l’opération doit être soignée car les sarments trop longs oubliés lors de la reprise représentent une zone favorable de croissance au printemps, qui perturbera l’équilibre du cep et la répartition de la charge sur la souche.
Soigner l’épamprage, adapter la pulvérisation
L’itinéraire technique d’une vigne en taille rase est très proche de celui d’une vigne taillée manuellement. Malgré tout, certaines opérations culturales comme l’épamprage sont à soigner tout particulièrement. « L’objectif est de bien dégager toute la zone basse, afin de faciliter le passage des machines l’année suivante, observe François Berud. Il faut également penser à adapter la fertilisation en fonction de l’objectif de production. » Enfin, concernant la pulvérisation, dans la mesure où la haie foliaire formée par la taille mécanique est moins haute et plus ouverte, il faut adapter le réglage des diffuseurs pour atteindre tous les rameaux et toutes les grappes qui sont plus nombreuses. Sur ce point, conseille Christophe Gaviglio, « un traitement face par face est toujours bénéfique ».
Enfin, pour les cépages à port érigé, un cordon libre permet de se libérer de l’opération de relevage qui représente vingt heures par hectare. Mais le relevage reste intéressant dans certaines situations : port retombant, vent dominant perpendiculaire au rang par exemple, même s’il peut être simplifié.
De 10 à 20 heures pour la reprise de taille
« Sur mon exploitation, six hectares ont été transformés pour pratiquer la taille rase et neuf hectares ont été établis pour ce mode de conduite. Dans le premier cas, il faut compter jusqu’à vingt heures de reprise manuelle en particulier pour des cépages comme le merlot qui font des repousses au niveau du pied.
En revanche, pour les vignes établies pour la taille rase avec un cordon simple, la reprise manuelle avoisine les quinze heures par hectare. Plus généralement, la taille rase me permet d’intervenir tard, jusqu’en avril, et pour quinze hectares, en deux jours, tout est fait alors qu’en taille manuelle, il faudrait compter dix jours. »
Dominique Farrail, viticulteur dans l’Aude
Oublier les réflexes de taille
« Que ce soit sur des vignes établies pour la taille rase ou des vignes transformées, il faut oublier les réflexes de taille pour la reprise manuelle qui consistent tout simplement à supprimer tout ce qui est en dessous du cordon et autour du piquet. Il faut être pointilleux sur l’entretien de l’espalier afin que le vignoble soit toujours adapté à la taille mécanique.
La taille rase, avec une très forte réduction des temps de travaux, m’a permis de mieux répartir la charge de travail sur mon exploitation en début d’année. Et les vignes en taille rase n’ont pas besoin d’être relevées. Seule contrainte, la portance du sol qui doit permettre à la machine de faire son travail. »
La taille rase de précision
Une taille courte en cordon à 1 à 2 yeux maximum
Absence de courson sous le fil porteur
Ébourgeonnage de la crosse et des rameaux sous le cordon
Une ligne de taille homogène renouvelée chaque année à la même hauteur
Des cordons unilatéraux bien attachés entre eux et enroulés dans le même sens
2 à 4 heures par hectare selon les tailleuses
Coûts, rendements et temps de taille
Une réduction des temps de taille estimée à 70 %
Une réduction des coûts de 30 à 50 %
Des rendements en hausse de 15 à 20 %
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