Lutte contre les tordeuses
Ne plus négliger le suivi des vignes en confusion sexuelle
La lutte contre les tordeuses de la grappe par confusion sexuelle nécessite, pour être efficace, le respect de bonnes pratiques. Un suivi rigoureux à la parcelle après la pose des diffuseurs est un des points clé de la réussite du traitement. Pourtant, il est souvent négligé par les vignerons.
La lutte contre les tordeuses de la grappe par confusion sexuelle nécessite, pour être efficace, le respect de bonnes pratiques. Un suivi rigoureux à la parcelle après la pose des diffuseurs est un des points clé de la réussite du traitement. Pourtant, il est souvent négligé par les vignerons.
Le bilan d’une enquête menée en 2013 sur l’efficacité de la lutte contre les vers de la grappe par confusion sexuelle a été présenté à l’occasion des Entretiens Vigne Vin Languedoc Roussillon, organisés par l’IFV (Institut français de la vigne et du vin), fin janvier dernier. “ Les résultats de l’enquête révèlent que les vignerons ont été globalement satisfaits par cette technique. Sur cinquante réponses, seul un répondant s’est montré insatisfait, sans donner d’explications. En revanche, l’enquête a dévoilé que la mise en œuvre et les mesures d’accompagnement, qui garantissent l’efficacité du traitement, ne sont généralement pas respectées par les vignerons ”, souligne Bernard Molot, de l’IFV. Et c’est là où le bât blesse. Car en matière de confusion sexuelle, il est impératif de respecter les précautions d’usage, et ce chaque année, même lorsque cela fait plusieurs années que la technique donne satisfaction, rappellent les experts. “ De nombreux vignerons posent leurs diffuseurs, mais se dédouanent ensuite du suivi rapproché que nécessite cette technique ”, constate Guy Salmona, vigneron à Fronton et gérant de la société Terra Fructi. C’est pourtant ce suivi qui va garantir l’efficacité de la technique et le déclenchement, dans certains cas, d’un traitement insecticide complémentaire.
Un suivi régulier
“ Lorsque les populations de papillons sont faibles à moyennes, la confusion sexuelle est suffisante dans 90 % des cas. Mais parfois, c’est le cas lors de forte pression, il est nécessaire de compléter cette technique par un traitement insecticide ”, indique Pierre-Antoine Lardier, responsable des cultures spéciales chez BASF. “ La confusion peut très bien s’envisager sur des vignobles à forte pression en complément de traitements insecticides. Après quelques années de traitement, elle permet de raréfier les populations et donc de faire de la confusion sexuelle seule ”, ajoute Guy Salmona. Quel que soit le niveau de pression, il est indispensable de réaliser un suivi des générations de ravageur qui se succèdent le long de la saison pour évaluer la pression des vers, identifier les espèces présentes, et déclencher un traitement complémentaire en fonction des comptages réalisés. “ La première génération se détecte par des glomérules qui se forment sur les inflorescences, qui ont l’aspect de petites boules cotonneuses et qui renferment les vers. Le nombre de glomérules pour 100 inflorescences comptées permettra d’adapter la stratégie de protection sur la deuxième génération ”, explique Philippe Rothgerber, co-gérant de la société Terra Fructi. Au-delà d’un certain nombre de glomérules pour 100 inflorescences, il faudra déclencher un traitement chimique préventif. Le seuil (10 à 30 %) étant fonction de l’historique de la parcelle ou de la région et de la pression. Le but est d’éviter autant que possible des dégâts causés par la deuxième génération, qui provoque des perforations dans les baies, et favorise l’installation de pourriture grise. Un comptage de deuxième génération (comptage des œufs sur les baies ou des perforations) est également nécessaire toujours pour adapter une stratégie de traitement préventif ou curatif si nécessaire.
Une surface minimale et homogène
De même pour les troisièmes générations qui peuvent se développer dans les régions du sud. Le vigneron doit également disposer des pièges à l’extérieur de la zone “ confusée ” pour évaluer la pression des ravageurs. “ Les différentes étapes de mise en place de la confusion sont également importantes pour la réussite du traitement ”, rappelle Pierre-Antoine Lardier, responsable des cultures spéciales chez BASF.
Certaines règles sont aussi à respecter lors de la mise en place des diffuseurs hormis la dose de traitement, le choix du diffuseur (contre eudémis, cochylis ou les deux) et la date de pose (1 à 2 semaines avant le vol de première génération des papillons). “ Pour que cette technique soit efficace, il faut l’appliquer sur des surfaces de cinq à dix hectares minimum, et sur des parcelles ou des blocs de parcelles compactes et homogènes. Lorsque les parcelles ont une géométrie irrégulière, donc moins homogène, il est préférable de monter à dix hectares. Les bordures doivent être doublement traitées pour créer un “ barrage ”. Ce qui nécessite parfois de traiter quelques rangs d’une parcelle limitrophe si cette méthode n’est pas employée de façon collective. L’enquête a montré que ces simples précautions n’étaient pas toujours respectées ”, explique Bernard Molot.
Dans le cas de petites parcelles, ou de morcellement parcellaire important, il est préférable de se regrouper et d’engager une démarche de lutte collective, à l’instar de nombreux vignerons en Champagne ou en Alsace (voir encadré). “ Il est également possible, selon la configuration de la parcelle, son isolement… de traiter des surfaces plus petites, mais cela va nécessiter des actions beaucoup plus importantes pour protéger les bordures notamment, et cela reste réservé à des configurations de parcelles bien particulières ”, relève Guy Salmona. “ Toute une méthodologie précise a été définie depuis vingt ans que cette méthode existe et doit être respectée à la lettre ”, rappelle Pierre-Antoine Lardier. Un accompagnement des vignerons est généralement prévu auprès des fournisseurs ou des techniciens pour les vignerons désireux de mettre en place cette technique.