Veaux croisés : des différences de conformation et persillé selon les croisements ?
Depuis octobre 2019, des essais de croisement viande sur vaches laitières sont menés par l’Idele sur sa station des Bouviers. De premières tendances semblent apparaître, mais restent à confirmer.
Depuis octobre 2019, des essais de croisement viande sur vaches laitières sont menés par l’Idele sur sa station des Bouviers. De premières tendances semblent apparaître, mais restent à confirmer.
À la demande de l’interprofession laitière, des essais de production de viande rouge issue d’animaux croisés viande ont été engagés fin 2019 par l’Institut de l’élevage sur sa ferme expérimentale des Bouviers, dans le Morbihan. Objectif : mieux valoriser les veaux issus du troupeau laitier par des croisements viande, en produisant des carcasses légères et bien finies pouvant notamment répondre aux attentes de la restauration hors domicile et remplacer l’importation.
Sept types de croisements seront testés de 2019 à 2024 : cinq croisements sur vaches Holstein avec cinq génétiques viande différentes (Blanc Bleu, Charolais, Limousin, Inra 95, Angus) ainsi qu’une type Normande pure et un croisement Normande x Limousin. « L’idée en testant la race Angus est de positionner les races utilisées dans les élevages laitiers français par rapport à une race utilisée au niveau international » précise Clément Fossaert, de l’Idele.
Maximiser le patûrage
Sur ces sept types génétiques, deux conduites maximisant le pâturage sont testées. La première, pour les naissances d’automne, avec une phase de pâturage d’avril à octobre puis une finition à l’auge peseuse. La seconde, pour les naissances d’hiver, avec du pâturage de juin à octobre, une phase en bâtiment, puis une finition au pâturage d’avril à juin.
« L’objectif est de produire des carcasses de 300 kg à 16-17 mois, avec une régularité de production et des itinéraires conciliant coût de production, attentes de la filière et enjeux sociétaux », résume Clément Fossaert. Au total, 224 bœufs et 224 génisses seront évalués d’ici mi-2024.
De premières tendances semblent ressortir des essais menés en 2020 et 2021, avec chaque année deux lots de mâles (naissances d’automne avec finition à l’auge et naissances d’hiver avec finition au pâturage). « Malgré des cinétiques de pousse de l’herbe très différentes en 2020 et 2021, tous les lots ont atteint l’objectif de 300 kg de carcasse à 16-17 mois », indique Clément Fossaert.
Manque de persillé
Les essais montrent cependant une variabilité individuelle au sein des types sur l’efficience alimentaire en finition. Sur les huit Inra 95 par exemple, un écart de 25 kg de croissance sur 100 jours de finition a été observé entre l’animal le plus efficient et le moins efficient, soit une différence de 50 € (à 3,80 €/kg carcasse).
Les premiers résultats semblent également montrer que le croisement Angus et le type Normand pur seraient moins bien conformés, mais bien positionnés en termes de gras et persillé. À l’inverse, les croisements Blanc Bleu et Inra 95 donneraient de bons résultats en termes de rendement et conformation, mais une qualité de gras et persillé inférieure. Les croisements Limousin, Charolais et Limousin x Normand apporteraient aussi plus de rendement et de conformation et un niveau de gras et persillé intermédiaire.
« Ces premiers résultats sont à confirmer, car les effectifs étaient de seulement huit veaux par lot, insiste Clément Fossaert. Les animaux ont de plus été abattus dans des abattoirs différents, ce qui a pu entraîner des biais sur la pesée du gras. »
Des essais Holstein x Limousin nés en avril
Un essai complémentaire a été engagé par l’Idele sur sa station des Bouviers sur des bœufs Holstein x Limousin nés en avril. Ils sont élevés à l’auge car trop jeunes pour valoriser la saison de pâturage, avec finition à l’auge peseuse. « Derrière la race, il pourrait y avoir l’effet d’un gène en particulier, le culard par exemple, explique Clément Fossaert. Le but de l’essai est d’évaluer l’efficacité alimentaire et la variabilité individuelle liée à des origines génétiques contrastées et d’apprécier la cinétique de dépôt de gras sur ces animaux. » Cinquantes veaux sont actuellement suivis, issus de 4 pères (Gimli, croisement terminal, viande plutôt blanche ; Horn, croisement terminal, viande plutôt rouge ; Lemh PO, taureau porteur des gènes culard et sans corne ; témoin d’origine non ciblée). Les résultats définitifs sur ces mâles seront connus à l’automne 2022.