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Veau dévoré dans la Sarthe : « Je déplore un manque de considération total des autorités »

Maxime Couillard, situé à Jauzé dans la Sarthe, a retrouvé le 15 septembre dernier l’un de ses veaux dévoré dans une parcelle attenante aux bâtiments d’élevage. L’éleveur est resté cinq semaines sans réponse. Après plusieurs relances, l’Office français de la biodiversité (OFB) a finalement écarté la prédation par un loup, sans pour autant définir l’animal responsable de l’attaque.

<em class="placeholder">Maxime Couillard, situé à Jauzé dans la Sarthe, 169 ha de SAU, 55 vêlages en race charolaise, 1 600 m² de volailles de chair</em>
Maxime Couillard, situé à Jauzé dans la Sarthe, 169 ha de SAU, 55 vêlages en race charolaise, 1 600 m² de volailles de chair
© Maxime Couillard

« Mes cinquante mères charolaises sont toutes conduites en vêlages d’automne. Habituellement, je rentre celles prêtes à vêler au bâtiment. Elles ressortent au pré avec leur suite quelques jours plus tard, une fois le veau autonome. Le 15 septembre dernier, une vache a mis bas quelques semaines avant la date prévue. Je soupçonnais fortement qu’elle soit pleine de jumeaux.

L’arrière-train du veau a été dévoré intégralement

Dans une parcelle située à 200 m de ma maison d’habitation et de mes bâtiments d’élevage, je l’ai trouvé avec, à ses côtés, un seul nourrisson. En plein milieu du pré, j’ai découvert l’autre veau naissant dévoré. Il faisait au moins 40 kg et était encore humide de liquide amniotique. Ses deux pattes arrière, ses viscères, ses poumons, l’intégralité de sa cage thoracique ainsi que sa langue avaient été mangées.

 

 
<em class="placeholder">veau charolais dévoré dans la Sarthe</em>
© Maxime Couillard

Deux agents de l’OFB sont venus constater le dommage le jour même. Le vétérinaire, appelé pour assister un vêlage difficile, a également vu la victime. Il a confirmé qu’il s’agissait de l’attaque d’un canidé sans l’ombre d’un doute. Un garde de la fédération départementale des chasseurs s’est déplacé le lendemain, confirmant la suspicion d'un loup (ou d’un hybride) à Nogent-le-Bernard, à seulement 15 km de mon exploitation. J’ai également alerté la DDPP, le GDS et la chambre d’Agriculture de la Sarthe. Je tenais à ce que les éleveurs du secteur soient mis au courant, de sorte qu’ils redoublent de vigilance dans la surveillance de leur troupeau et surtout, qu’ils sachent quoi faire en cas d’attaque subie.

Silence radio pendant cinq semaines

L’attente a été interminable. Au bout de cinq semaines sans nouvelles, j’ai fini par rappeler la DDPP. Leur réponse m’a laissé sans voix : « L’hypothèse d’une attaque de loup ne fait pas partie de nos prérogatives », m’ont-ils dit. J’ai fini par recevoir les conclusions de l’OFB. Les agents ont exclu la prédation par un loup, estimant que le veau était probablement mort avant l’attaque. Il s’agirait plutôt de l’œuvre de charognards, selon eux. Je savais qu’il y avait de toute façon très peu de chances que je sois indemnisé, là n’est pas le problème. Le problème, c’est le manque de considération total des autorités compétentes.

Toutes les femelles proches du terme ont été rentrées

J’ai encore vingt-cinq vêlages à venir. Quand je vois où l’attaque s’est produite, à quelques centaines de mètres du siège d’exploitation, je ne peux dormir tranquille. Cette année particulièrement, au regard de la conjoncture difficile en volailles et des pertes essuyées en céréales, mon troupeau bovin constitue un gagne-pain essentiel. Un veau âgé de trois semaines en race charolaise aujourd’hui vaut entre 350 et 500 euros. Un broutard mâle de huit mois, à 380-400 kg tel que je les vends, vaut 1200 à 1300 euros. Dans l’élevage, on a toujours de la perte. Quand elle est accidentelle, on sait l’accepter, mais une attaque subie de la sorte, je ne peux m’y résoudre. 

Depuis le 15 septembre, toutes mes bêtes proches du terme ont été rentrées en bâtiment. C’est du fourrage, de la paille consommée en plus, du temps d’astreinte supplémentaire aussi alors même que les récoltes de maïs ne sont pas avancées, que les semis de céréales prennent du retard… J’ai aussi peur pour mes volailles, conduites en plein air. Mon histoire a en tout cas fait écho autour de moi : un éleveur situé à Rouez, à une quarantaine de kilomètres de ma ferme, a réagi. Lui aussi a retrouvé un veau dévoré dans l’un de ses prés. C’est en unissant toutes nos voix qu’elles finiront par compter. »

Chiffres clés de l’EARL Le Chemin des Blanches

  • 168,5 ha de SAU dont 85 ha de STH et le reste en céréales (maïs, blé, lin, colza) ;
  • 55 vêlages en race charolaise. Troupeau inscrit au HBC. Vente de quelques reproducteurs. Les mâles sont vendus comme broutards et toutes les femelles sont engraissées et valorisées en label Bœuf Fermier du Maine ;
  • 1 600 m² de volailles de chair en label Fermiers de Loué
 

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