Une torsion de matrice quelques jours avant vêlage
En fin de gestation, sous l’influence du changement hormonal, les ligaments en jeu dans le vêlage se relâchent. Notamment ceux de l’utérus, qui est alors en équilibre instable. On rencontre les torsions de matrices principalement chez les bovins, du fait de leur anatomie.
En fin de gestation, sous l’influence du changement hormonal, les ligaments en jeu dans le vêlage se relâchent. Notamment ceux de l’utérus, qui est alors en équilibre instable. On rencontre les torsions de matrices principalement chez les bovins, du fait de leur anatomie.
Un éleveur contacte la clinique pour « une vache gestante proche du vêlage qui bricole ». Cette vache est une Prim’holstein gestante de son troisième veau, le terme est dans quelques jours. De loin, on peut observer que son pis n’est pas très développé et son rumen plutôt creux. L’éleveur explique que depuis deux jours, elle mange peu et est nonchalante. À l’examen clinique, sa température est un peu basse, elle n’a pas de mammite, son rumen est peu actif.
C’est lors de la fouille vaginale que le problème est détecté. La main est obligée de tourner pour avancer et essayer d’atteindre le col ou le veau, mais c’est impossible. Cette vache a donc une torsion de matrice.
Son utérus a effectué une rotation autour de son axe longitudinal ce qui ferme plus ou moins le col et/ou le vagin. Cette rotation est facilitée par l’anatomie de l’utérus des vaches, on rencontre les torsions de matrice principalement chez les bovins. En fin de gestation, sous l’influence du changement hormonal qui a lieu peu avant la mise bas, les ligaments en jeu dans le vêlage se relâchent. On observe facilement que les ligaments sacro-iliaques se détendent : « la vache se casse ». Les ligaments de l’utérus se relâchent également ; ce qui fait que l’utérus est en équilibre instable.
Il est possible d’observer des torsions avant le vêlage, parfois quelques jours avant, parfois plusieurs mois avant sur des vaches gestantes de quatre à cinq mois par exemple. Souvent ces vaches présentent des coliques sourdes.
Différentes causes augmentent le risque de torsion utérine (voir encadré). D’un point de vue morphologique, les vaches avec une faible inclinaison du bassin ont tendance à en avoir plus que les autres. Et l’augmentation du format des Prim’holstein tend à augmenter le pourcentage de torsion de matrice dans cette race.
Des torsions possibles plusieurs mois avant terme
Revenons à notre patiente, lors de la fouille vaginale il était impossible de toucher le veau ; donc impossible de prendre un appui pour réduire la torsion manuellement. Il est décidé avec l’éleveur de faire une césarienne, plutôt que de rouler la vache.
Lors de la césarienne, le veau déjà mort est sorti, puis nous voyons que la paroi de l’utérus était extrêmement fragile. En effet lors de la torsion, les vaisseaux sanguins irriguant la matrice sont comprimés. L’utérus reçoit alors moins d’oxygène. Il y a deux conséquences : la mort du veau et la fragilisation de la paroi de l’utérus pouvant aller dans des cas extrêmes jusqu’à la rupture utérine qui entraînera la mort très rapide de la vache.
Pour donner les meilleures chances à cette vache, nous décidons de retirer l’utérus plutôt que de risquer une mauvaise cicatrisation de la plaie de matrice (ce qui conduit alors à une péritonite). Plutôt aussi que de risquer une toxémie lors de la détorsion (passage dans la circulation sanguine des toxines accumulées dans la matrice durant la torsion).
Sur un cas individuel, il est compliqué de savoir pourquoi une vache fait une torsion de matrice mais la survenue régulière de torsions de matrice dans un troupeau doit conduire à vérifier la gestion du tarissement.
Les facteurs favorisant la torsion
• Les vaches qui se lèvent comme des chevaux (c’est-à-dire d’abord l’avant du corps puis l’arrière). Face à une vache qui présente cette attitude, il faut vérifier le confort de couchage (la taille des logettes est-elle adaptée au gabarit de la vache et du
troupeau ?) et la présence de blessure au niveau des membres antérieurs.
• Une mauvaise préparation au vêlage : si l’ingestion est insuffisante, le rumen est petit et ne cale pas l’utérus qui peut tourner plus facilement. Si la Baca de la ration vache tarie est mauvaise, la vache peut présenter une hypocalcémie (même
subclinique), ce qui diminue la tonicité de l’utérus et favorise la torsion.
• Les vaches avec une mauvaise note d’état corporel.