Un veau atteint de polyarthrite bien mal barré !
Le pronostic en cas d’arthrite est déjà réservé lors de l’atteinte d’une seule articulation. Lorsque plusieurs sont touchées, le cas est presque toujours désespéré.
Le pronostic en cas d’arthrite est déjà réservé lors de l’atteinte d’une seule articulation. Lorsque plusieurs sont touchées, le cas est presque toujours désespéré.
« Bonjour, un de mes veaux a du mal à se lever, il fait vraiment la tête aujourd’hui, il faudrait passer le voir », me demande cet éleveur. N’importe quel veau faiblard peut avoir du mal à se lever, il s’agit donc de trouver pourquoi il est faible.
À mon arrivée, ce veau de 15 jours est couché. J’en profite pour lui prendre la température : 38,9 °C, rien de dramatique et pas de diarrhée visible. D’après l’éleveur, il a eu un passage de diarrhée il y a quelques jours, mais c’est rentré dans l’ordre. Il n’est pas déshydraté mais a boudé son lait ce matin malgré un réflexe de succion présent. Le nez est bien propre, les muqueuses roses, bref tout va bien pour le moment. Après l’avoir stimulé, il se lève difficilement et s’étire. Pas de difficultés respiratoires. Le nombril n’est pas gonflé ni douloureux. Par contre, le veau a plusieurs grosses articulations : boulet du postérieur droit, boulet de l’antérieur gauche, un doute sur le jarret du postérieur droit.
Des signes très parlants
Une grosse articulation est le plus souvent synonyme d’arthrite, mais attention à ne pas passer à côté d’une fracture. Il y aurait alors une mobilisation anormale de l’articulation, une sensation de craquement… ce n’est pas le cas ici. Les articulations concernées sont chaudes, gonflées, douloureuses. Pour le boulet du postérieur gauche, on sent non seulement une inflammation mais aussi la présence de liquide ! Nous voilà face à une polyarthrite. Pas besoin ici de la confirmer par échographie ou ponction, les signes sont très parlants.
Un pronostic réservé
Le traitement peut être multiple mais reste très décevant en cas de polyarthrites.
- Le traitement antibiotique doit être mis en place le plus tôt possible pour être efficace contre les germes concernés et associé à un anti-inflammatoire. Mais la diffusion dans les articulations est souvent mauvaise. Il faudra traiter suffisamment longtemps (au moins une semaine) pour espérer une réussite sans rechute.
- Le lavage articulaire permet d’agir directement à la source. L’articulation peut conserver de la mobilité mais cela n’est pas systématique car la douleur peut persister. Cet acte n’est pas anodin (double ponction, administration d’une solution de lavage, administration éventuelle intra-articulaire d’un antibiotique) et n’est pas réalisable par les éleveurs. Un seul lavage n’est pas toujours suffisant, cela peut représenter un coût important.
- L’opération (arthrodèse) consiste à ouvrir l’articulation pour la nettoyer complètement. L’exposition à l’oxygène tue certains germes. Cette ouverture permet également de retirer des morceaux de cartilage détachés qui persisteraient de façon douloureuse. La suture se fait assez grossièrement puis le veau est plâtré. Ce plâtre sera rouvert dans les jours qui suivent pour faire des soins de plaie. L’articulation ne sera plus mobile, mais la douleur disparaît le plus souvent avec l’immobilisation. Le plâtre sera retiré au bout de quelques semaines après plusieurs contrôles de la plaie. Le coût n’est pas forcément plus élevé qu’un lavage articulaire (car moins technique et pas besoin de beaucoup de matériel). Le résultat est plutôt bon. Cela reste réservé à des animaux de valeur, n’ayant qu’une seule articulation touchée, préférentiellement le boulet.
À retenir
]]>Articulation chaude, gonflée, douloureuse
]]>Souvent suite d’un épisode infectieux
]]>Pronostic réservé
]]>Traitement long et précoce
Deux origines possibles
°Les arthrites primaires sont liées à une plaie pénétrante dans l’articulation. C'est plus fréquent sur les vaches, notamment sur les gros jarrets qui ne sont souvent au départ qu’inflammatoires mais qui peuvent finir par s’infecter.
°Les arthrites secondaires sont les plus communes. Elles font suite à un épisode de diarrhée, une omphalite, une pneumonie, une septicémie : une autre maladie qui laisse une bactérie circuler dans le sang et se loger dans une articulation, endroit très mal protégé par le système immunitaire. Certaines bactéries aiment particulièrement les articulations : les mycoplasmes (qui causent des pneumonies) et les streptocoques. Il n’existe pas d’arthrite virale chez les bovins, contrairement aux chèvres.