Aller au contenu principal

Un rapport de l’ONU demande une réorientation des soutiens à l’agriculture

Réaffecter 470 milliards des 540 milliards de subventions agricoles distribuées dans le monde, c’est ce que demandent 3 agences de l’ONU dans un rapport publié ce 14 septembre. Selon ces organisations, la poursuite du système actuel de soutiens à l’agriculture risque d’aggraver la crise planétaire et de nuire au bien-être humain.

Agroforesterie au Laos. Dans les pays à faible revenu, l’ONU suggère de réorienter le « soutien aux pesticides et engrais toxiques » ou encore les soutiens à la « croissance des monocultures ».
© Lamphay Inthakoun / ONU

 

Les subventions agricoles auraient des effets dommageables sur l’environnement et la santé. C’est ce qu’affirme un rapport de l’ONU publié ce 14 septembre.  L’étude intitulée « Une opportunité de plusieurs milliards de dollars : réorienter le soutien agricole pour transformer les systèmes alimentaires » est le fruit du travail de 3 agences de l’Organisation des Nations unies : la FAO pour le volet agriculture et alimentation, le PNUD pour le développement et le PNUE pour l’environnement. Pour les organisations, 87 % des 540 dollars d’aides publiques annuelles aux producteurs agricoles, soit 470 milliards de dollars de subvention, seraient « des mesures qui faussent les prix » ou des mesures pouvant être « néfastes pour la nature et la santé ».

Optimisation du soutien au secteur agricole

Affirmant que « l’agriculture est l’un des principaux responsables du changement climatique en raison des émissions de gaz à effet de serre provenant de diverses sources, » l’ONU préconise une « optimisation du soutien au secteur agricole par une approche transparente, personnalisée et fondée sur des preuves ». Une telle démarche serait « bénéfique pour notre planète, » assure l’ONU.

A l’horizon 2030, l’ONU estime que le montant des subventions pourrait être multiplié par trois pour atteindre près de 1800 milliards de dollars. Les trois entités des Nations unies appellent donc à la « réorientation des incitations préjudiciables, » l’objectif étant d’aller plus dans le sens du développement durable et de la restauration des écosystèmes.

Elimination du soutien négatif et réorientation

Le rapport ne préconise pas l’élimination totale des soutiens. Il met en avant des « preuves des impacts positifs potentiels de l’élimination du soutien négatif à l’agriculture » et présente des arguments en faveur de la « réaffectation de ce soutien. Il propose 6 étapes pour que les gouvernements puissent envisager des stratégies de reconversion du soutien agricole.

« Un soutien agricole plus positif pour la nature, plus équitable et plus efficace. »

Selon les agences de l’ONU, cette reconfiguration du soutien aux producteurs agricoles contribuerait « à mettre fin à la pauvreté, à éradiquer la faim, à assurer la sécurité alimentaire, à améliorer la nutrition, à promouvoir l’agriculture durable, à favoriser la consommation et la production durables, à atténuer la crise climatique, à restaurer la nature, à limiter la pollution et à réduire les inégalités ».

Appel à la prise de conscience des gouvernements

Alors que doit s’ouvrir à New York le 23 septembre le Sommet mondial des systèmes alimentaires organisé par l’ONU, ce rapport est un « appel à la prise de conscience » déclare Qu Dongyu, directeur général de la FAO. Pour l’organisation, il appartient à chaque gouvernement de repenser les régimes de soutien à l’agriculture.

Dans les pays à revenus élevés, il faut modifier le soutien apporté à une « industrie laitière et carnée surdimensionnée », dans les pays à faible revenu, il faut envisager de réorienter le « soutien aux pesticides et engrais toxiques » ou encore à la « croissance des monocultures », estime la FAO.

 

Lire aussi « L’UICN invite à une transformation du secteur agricole en faveur de la biodiversité »

Les plus lus

Bovin de profil présentant des nodules de dermatose nodulaire contagieuse sur la peau.
Dermatose nodulaire contagieuse bovine (DNC) : après un cas confirmé dans le Jura, une nouvelle zone réglementée

Après la confirmation d'un premier cas de dermatose nodulaire contagieuse le 11 octobre dans le Jura, une quatrième zone…

  Adrien Sperry, directeur de cabinet de la préfète de la Loire, encadré de deux gendarmes lors d'un contrôle dans la Loire d'une bétaillère.
DNC dans le Rhône : les gendarmes mobilisés, l’abattoir de St Romain de Popey à l’arrêt, 9 suspicions levées

Les services de l’Etat s’activent dans le Rhône et la Loire pour éviter la propagation de la dermatose nodulaire contagieuse…

Carte des foyers de FCO3 et FCO8 enregistrés entre le 1er juin et le 9 octobre 2025
Les cas de FCO 3 et 8 progressent toujours sur le territoire

Selon les derniers chiffres du ministère de l’Agriculture en date du 9 octobre, 6219 foyers de FCO de sérotype 3 et 2895…

Traitement d’herbicide sur du blé dans une zone périurbaine
Pesticides : la Draaf de Nouvelle-Aquitaine condamnée à transmettre les registres phytosanitaires à Générations Futures

Le Tribunal administratif de Bordeaux vient de donner raison à l’ONG qui réclamait l’accès aux registres d’utilisation des…

Carte des cas de DNC en Espagne
Un troisième cas de DNC détecté en Espagne

La Catalogne vient de confirmer un troisième cas de DNC, dans la même commune que le premier foyer détecté le 3 octobre, ce…

De gauche à droite : Nicole Ouvrard, directrice générale du groupe Réussir-Agra, François Purseigle, professeur des universités à Agro Toulouse et Pierre-Henri Bono, chercheur au Cevipof (Sciences Po) lors de la présentation du baromètre Vox-Agri à Sciences Po.
Un agriculteur sur cinq se dit « désespéré » face à l’avenir du métier, selon l’enquête Vox-Agri

En 30 ans l’avenir du métier d’agriculteur s’est assombri. 20% des agriculteurs interrogés dans une enquête réalisée par…

Publicité