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Un plan d’action européen sur l’agriculture carbonée se dessine

La Commission européenne envisage de lancer un plan d’action européen sur l’agriculture carbonée d’ici la fin de l’année. L’agriculture carbonée qui permet d'augmenter la teneur en carbone du sol en éliminant le carbone de l’atmosphère peut contribuer à l’atténuation du changement climatique et être une source de revenus pour les agriculteurs. Les expériences bas carbone en agriculture se multiplient et commencent à être récompensées.

© ramboldheiner / Pixabay

Le concept d’agriculture carbonée est celui d’une agriculture qui contribue à augmenter la teneur en carbone du sol en éliminant le carbone de l’atmosphère. Ce 27 avril, la Commission européenne a publié un rapport montrant que cette agriculture, si elle est axée sur les résultats, « peut potentiellement contribuer de manière significative à l’atténuation du changement climatique dans l’UE ». Elle peut par ailleurs être source de revenus supplémentaires pour les agriculteurs.

Des pratiques agricoles récompensées

C’est pour ses raisons que Bruxelles prévoit de lancer un plan d’action européen sur l’agriculture carbonée d’ici la fin de l’année. Celui-ci pourrait prévoir des dispositifs de certification des émissions évitées par le secteur de l’élevage par exemple mais aussi pour la restauration et la ré-humidification des tourbières ou encore pour la contribution de l’agroforesterie. Un cadre réglementaire pour la certification des absorptions de carbone dans le sol est également à l’étude. Le rapport de la Commission souligne qu’il faudra envisager l’utilisation de programmes hybrides, dans le cadre desquels les agriculteurs reçoivent un paiement de base pour l’utilisation de pratiques de gestion respectueuses du climat et un paiement supplémentaire fondé sur les résultats. « C'est un exemple de la manière dont les éco-régimes de la nouvelle politique agricole commune et les financements privés peuvent récompenser les pratiques agricoles qui nous aident à lutter contre les crises du climat et de la biodiversité », précise Frans Timmermans, le vice-président de la Commission européenne en charge du Green deal.

Lire aussi « L'enjeu des éco-régimes pour les agriculteurs français dans la réforme de la Pac »

Si la notion de bas carbone n’est pas encore largement installée dans le paysage agricole français, certains projets sont déjà bien réels.

Dans l'Ouest, le projet Carbocage initié par les chambres d'agriculture de Bretagne et des Pays de Loire vise à réimplanter des haies pour le stockage du carbone.

Lire dans Terra « Stocker du carbone au bénéfice de tous : une fonction de l’agriculture qui commence à être reconnue ».

Certaines fermes tentent déjà l’expérience et semblent prêtes pour la certification. En élevage, c’est le cas par exemple du Gaec des Ferrandaises dans le Cantal où le virage a été amorcé dans les années 90. La revue Reporterre raconte ce retour à l’agriculture traditionnelle opéré par Jean-Pierre Chassang et Gaëlle Petit, éleveurs de bovins à Lorcières.

Prônant également une évolution des pratiques de l'élevage français, un collectif d’élus et de représentants d’associations ont signé le 21 avril une Tribune dans le journal Le Monde pour demander une accélération de la transition vers un modèle durable. Parmi les  signataires, le député Loïc Dombreval (LRM), le député européen Pascal Durand ainsi que Louis Schweitzer, président de la Fondation droit animal, éthique et sciences.

Lire aussi « Des crédits carbone pour rémunérer les pratiques d’élevage bas carbone ».

En grandes cultures, les initiatives pour rémunérer les pratiques agricoles faiblement émettrices de CO2 se multiplient. « Les filières végétales s’y mettent les unes après les autres, appuyées par les coopératives et négoces, » précise Réussir Grandes Cultures. Et la filière colza a été la première à proposer une rémunération spécifique.

Lire aussi « Bas carbone : des efforts désormais valorisés en grandes cultures ».

Le ministère de la Transition écologique publie sa feuille de route sur le bas carbone

Le ministère de la Transition écologique a publié le 25 avril la feuille de route exigée par Matignon permettant de décliner la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) dans son périmètre. Parmi les actions envisagées, cinq concernent directement l’agriculture. L’hôtel de Roquelaure sera aux commandes pour les aspects énergétiques, tant pour la réduction des consommations de carburant fossile, que pour la production d’énergies renouvelables, dont la méthanisation. Sur ce dernier volet, le ministère de la Transition précise dans son plan que le nouveau cadre réglementaire sur les appels d’offres et le contrôle devrait être publié dans les prochaines semaines. Le gouvernement soutiendra également « la démarche engagée par l’Afac-Agroforesteries visant une certification nationale de la vente de bois issu de haies gérées durablement ». Deux autres orientations seront copilotées avec la rue de Varenne. Comme prévu par le projet de loi Climat, un décret définissant une trajectoire annuelle de réduction des émissions azotées (protoxyde et ammoniac) sera publié courant 2021. D’autres dispositifs « seront présentés dans le plan d’action du ministère de l'Agriculture ». Issu du décret de décembre 2020, le référentiel du label anti-gaspillage devrait également être publié dans le courant de l’année.

 

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