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Un nuancier de vert pour des prairies sous la pluie

Les précipitions de juin et juillet ont favorisé la pousse de l’herbe, rattrapant le manque d’herbe du début de printemps 2021 dans la plupart des régions. Tour de France.

Des prairies encore très vertes en juillet 2021.
© Emilie Skowron

Le service Fourrages et Pastoralisme de l’Institut de l’Elevage revient sur l’état des prairies au 27 juillet 2021 dans la Note Agro-climatique et Prairies n°4. Le mois de juin a été particulièrement chaud avec une température de 1 à 3 °C supérieure à la moyenne mensuelle (sur 1981-2021), effet particulièrement accentué dans l’est de la France. En parallèle, le cumul des précipitations a été de 1,5 à 2,5 fois plus élevé que la moyenne, dû notamment aux nombreux orages. Cependant, la Savoie, l’Hérault, la Côte d’Azur et la Corse font exception avec un déficit de 50 % à 80 % par rapport à la normale. En conséquence, l’effet de la sécheresse de printemps a été atténué au sud des Pays de la Loire et en Auvergne, tandis que la sécheresse s’est accentuée sur le pourtour méditerranéen et en Corse.

Les prévisions saisonnières pour la période juillet-septembre indiquent une température plus élevée et un climat assez sec pour la majorité de la France métropolitaine.

Au vu des conditions climatiques, un objectif de gestion des prairies est de favoriser l’herbe pâturée dans la ration, conseille l’Institut de l’Elevage dans sa note. Les prairies sont en effet majoritairement en croissance. Il faut faire attention aux refus après le pâturage, et par exemple les faucher pour favoriser la qualité et l’homogénéité de la prairie. Le temps de retour doit être adapté à la croissance de l’herbe : pour des moyennes de 40 à 50 kg MS/ha/j, le temps de retour est de quatre à cinq semaines pour des animaux alimentés uniquement au pâturage. Les petits chantiers de fauche permettent de bien gérer le pâturage tandis que l’enrubannage est intéressant à garder en tête dans des conditions de météo instable.

 

Tour des régions.

Dans les Pays de la Loire, grâce à des pluies régulières « la pousse de l’herbe est considérée comme exceptionnelle pour le mois de juillet » d’après le service Fourrages et Pastoralisme. Malgré une pousse de l’herbe inférieure à la moyenne au printemps, l’année fourragère se présente donc bien.

En Bretagne, grâce aux pluies abondantes de juin et juillet, les repousses sont de bonnes qualité ce qui permet d’allonger la période de pâturage, tandis que les sols atteignent le maximum de leur réserve utile, ce qui favorise une bonne pousse de l’herbe : 50kgMS/ha/j. Les deuxièmes coupes d’ensilage d’herbe ont été de bonne qualité et productives. Les fenaisons de juin ont permis de refaire les stocks de fourrages qui sont équivalents à ceux des années précédentes.

En Normandie, au 1er juillet les quantités d’herbe récoltées sont plus élevées que les trois années précédentes. Cependant, les précipitations ont limité la portance des sols et donc la possibilité de faire du foin. « A l’échelle de la région, le printemps 2021 reste déficitaire. Cependant les bonnes conditions estivales de pousse de l’herbe devraient inverser la situation» conclut le service Fourrages et Pastoralisme.

Les Hauts de France ont connu une très bonne pousse de l’herbe en juin : plus de 60 kg MS/ha/j. Ce niveau de croissance se maintient en juillet. La réserve utile actuelle des sols permet d’assurer une croissance de l’herbe jusqu’à mi-aout. Les fauches de 2ème et 3ème coupes ont été effectuées en juillet avec un rendement exceptionnel pour la seconde coupe. Cependant, les précipitations ont limité la portance des sols et endommagé les chemins et entrées de parcelles.

Dans le Grand-Est, la croissance de l’herbe se situe autour de 50 kg MS/ha/j depuis fin mai, avec des baisses ponctuelles à cause d’excès de chaleur ou d’eau. « Du point de vue fourrager, le retard pris en début d’année (avril) est sur le point d’être rattrapé. Sur la première partie de l’été, on estime que la production est supérieure d’une tonne par hectare à l’historique des dernières années » note le service Fourrages et Pastoralisme. Cette année sera donc une année pour faire des stocks fourragers, avec cependant des situations plus mitigées dans certaines zones pour cause de fortes précipitations.

Dans le Centre-Val de Loire, la pousse de l’herbe est très bonne en juin et juillet, supérieure à la moyenne des dix dernières années, ce qui permet d’allonger la période de pâturage et de refaire des stocks. Cependant, la qualité des fauches est hétérogène selon les périodes de réalisation. Les conditions climatiques ont aussi permis l’implantation début juin de moha, teffgrass et sorghos, l’année étant plutôt propice pour les dérobées d’été et le maïs.

En Bourgogne, une partie des foins ont été fauchés lors de la période sèche mi-juin, tandis qu’il a fallu attendre mi-juillet pour finir la première coupe et réaliser la seconde, qui sont venues en compétition avec la moisson. Les fourrages sont de qualités inégales et devront être triés pour répondre aux besoins des différentes catégories d’animaux.

En Franche-Comté, après la fenaison mi-juin, les précipitations jusqu’à mi-juillet ont favorisé les repousses en maintenant la croissance de l’herbe. Cependant, les pluies ont entrainé des conditions difficiles de pâturage et ont arrêté les récoltes. « En montagne, les croissances sont inférieures à l’historique et les fenaisons sont très tardives. En plaine, bien que les valeurs soient similaires à la référence, les éleveurs profitent d’un meilleur été que les trois précédents » détaille le service Fourrages et Pastoralisme.

En Ardèche, Drôme, Isère et Loire, le pâturage continue dans de bonnes conditions, avec cependant un déficit hydrique marqué dans la vallée du Rhône. Dans la Loire, la pousse de l’herbe retrouve un niveau normal après avoir été déficitaire au printemps, et les rendements en premières fauches sont dans la normale en qualité mais variables en quantité. En montagne, la croissance des plantes et les fauches sont très en retard.

En Savoie et Haute-Savoie, la croissance de l’herbe est normale avec des précipitations continues en ce début d’été. Les premières coupes ont été retardées mais le pâturage se fait dans de bonnes conditions, avec quelques disparités entre les vallées.

En Auvergne, les fauches ont été réalisées mi-juin dans de bonnes conditions malgré des croissances ralenties sous l’effet de la chaleur en plaine et demi-montagne, tandis que les pluies de fin juin ont favorisé les repousses. « Le manque d’herbe d’avril a été comblé par les croissances de fin juin et de la première partie de juillet, bien supérieures aux relevés historiques » note le service Fourrages et Pastoralisme, avec un stock d’herbe sur pied particulièrement conséquent dans l’Allier. Cette situation n’est cependant pas partagée par les zones de montagne, où les premières fauches ont majoritairement dû attendre la semaine du 19 juillet.

En Occitanie grâce à des précipitations importantes en juin, excepté sur le pourtour méditerranéen, la pousse de l’herbe a été supérieure aux années précédentes. Cette situation a continué en juillet, ce qui a compensé les fauches moyennes de fin avril/début mai. Les secondes et troisièmes coupes sont réalisées. « L’absence d’affouragement présage d’une année excédentaire en fourrages, conclut le service Fourrages et Pastoralisme. En altitude, les conditions de récolte sont plus compliquées à cause des courtes fenêtres météo. »

Dans les Pyrénées-Atlantiques, la pluviométrie est régulière avec quelques secteurs plus secs. Les premières fauches ont été réalisées tôt d’où les troisièmes coupes réalisées en juillet. Les rendements sont globalement meilleurs que l’an passé. Les dérobées estivales ont eu une bonne croissance et la première récolte a été effectuée.

En Poitou-Charentes la pousse de l’herbe est supérieure à l’année précédente grâce à des pluies continues et abondantes. « Sur le mois de juin et de juillet, deux fenêtres météo favorables à la réalisation des foins sont répertoriées. La première n’a pas toujours permis de récolter tous les foins. Les derniers réalisés en juillet seront de qualité modeste. Le stock sur pied présent dans les pâturages devrait permettre d’autres coupes dans le courant de l’été » note le service Fourrages et Pastoralisme.

Dans le Limousin, les précipitations importantes depuis début mai permettent une pousse continue de l’herbe. La première coupe était finie au 20 juillet et les deuxième et troisième coupes ont été réalisées ou proches de l’être au 27 juillet. Cette année est excédentaire et permet donc de faire des stocks et d’assurer une autonomie fourragère pluriannuelle.

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