Un bâtiment d’engraissement « caniculo-compatible »
Pour conforter une installation, le Gaec Civade dans le Cher a investi dans un bâtiment d’engraissement. Entièrement réalisé en bois et bardé sur trois côtés, il donne de bons résultats durant les périodes de canicule.
Pour conforter une installation, le Gaec Civade dans le Cher a investi dans un bâtiment d’engraissement. Entièrement réalisé en bois et bardé sur trois côtés, il donne de bons résultats durant les périodes de canicule.
Conforter une installation sans aller chercher de surfaces et de vêlages supplémentaires. À Augy-sur-Aubois dans le sud du Cher, la construction de la dernière stabulation du Gaec Civade répond à ces deux objectifs. « Je me suis installé en 2014. Cette stabulation a été mise en service en avril 2015 mais nous avions réfléchi aux plans bien en amont. On avait visité des bâtiments en Bourgogne et dans le Grand Est. On voulait de grands volumes, un bon renouvellement de l’air et de la lumière », explique Clément Civade en Gaec avec sa mère depuis le récent départ en retraite de son père Claude, lequel a toutefois donné un sérieux coup de main pour la construction. L’objectif était de positionner cette nouvelle stabulation à proximité du parc de tri-contention et du quai de chargement déjà existant.
48 mètres de long et 16 de large pour 96 places
Le choix s’est arrêté sur une stabulation de 96 places (8 cases de 57 m2 pour 12 JB chacune) avec aire paillée intégrale sans quai et ouverture à l’arrière. Elle mesure 48 m de long pour 16 de large avec 6,5 m de hauteur en faîtage et 5 m sous la gouttière soit un gros volume d’air. Elle est entièrement ouverte côté sud est sur le long pan arrière. « On s’était à un moment interrogé sur une autre option : à savoir deux rangées de cases séparées par le couloir d’alimentation en positionnant ce dernier perpendiculairement à l’actuel couloir d’alimentation. » Cela aurait réduit la part des bétons mais se serait traduit par une grande largeur avec des interrogations pour le renouvellement de l’air alors même qu’il est utilisé 365 jours par an.
« Une de nos priorités était justement ce renouvellement de l’air. Nous avons donc finalement opté pour une stabulation en longueur construite dans l’alignement des bâtiments déjà existants. » Elle est en bardage bois ajouré sur trois faces avec des planches de 15 cm de large séparées par un jour de 2,7 cm. « Cela peut sembler beaucoup mais on ne regrette rien. On trouve que cela fonctionne mieux ainsi et contribue à rendre le bâtiment plus lumineux. » souligne Claude Civade. Initialement, la charpente ne devait pas être en bois. Mais les possibilités de financement ont permis d’envisager cette option. Même si la charpente avait été métallique, la volonté était de toute façon d’opter pour un bardage bois. Charpente, couverture et bardage ont été réalisés par une entreprise. Clément Civade et son père ont réalisé toute la maçonnerie, l’électricité et la pose des tubulaires.
Attention à l’effet « cocotte-minute »
Il n’y a pas de filet brise-vent en fond de case. « Avec des filets brise-vent fixes, attention à l’effet « cocotte-minute », surtout si les bâtiments doivent être utilisés en été. Il faut que cela respire. Avec ce type de stabulation, je conseille dans un premier temps de ne pas mettre de filet brise-vent et de les envisager ultérieurement s’il y a un problème », précise Christophe Denis, technico-commercial de la Cialyn.
Les sorties d’air se font en faîtage et via les parois ajourées. « On a désormais un peu plus de trois ans de recul et cela fonctionne bien », précise Claude Civade. Depuis la mise en service, il n’y a pas eu de froid sibérien. Les épisodes caniculaires ont en revanche été nombreux. Cet été, les performances des animaux sont restées de bon niveau. En période de canicule, même avec des portes fermées en permanence, il faisait plus frais dans le bâtiment qu’à l’extérieur.
Murs en béton entre les cases
Le couloir d’alimentation mesure 4,5 m de large. Il reste en permanence dégagé. « Il n’est pas là pour faire du stockage 'provisoire qui dure' ! On ne laisse absolument rien dans ce couloir, même pas la mélangeuse. Quand elle est dans le couloir, on sent que cela freine la circulation de l’air », souligne Clément Civade.
Même si cela a forcément été plus coûteux et plus long à réaliser, toutes les cases sont séparées par des murs de 2 m de haut (10 rangs de parpaings dans la hauteur, ferraillés à l’intérieur). « Le fait d’avoir des murs entre les cases et non des tubulaires est très positif. » Les animaux sont nettement plus calmes, en particulier quand des lots sont déplacés dans les cases voisines. Cela a également un impact pour limiter les courants d’air. « On trouve que des cases de 12 têtes, c’est plus facile à gérer. Cela permet de rentrer pour une même case des animaux provenant d’une seule et même exploitation. C’est un atout important sur le plan sanitaire. Ce serait plus difficile à envisager avec des lots de 25. On fait un vaccin intranasal à l’entrée. Pas d’antibio préventif systématique. On a de bons résultats en procédant ainsi. Des lots de 12 sont aussi plus faciles à trier ou à déplacer. »
Les cases sont curées tous les deux mois et les taurillons sont pesés à cette occasion. Le paillage est quotidien et copieux (6,5 kg/JB/jour). À raison de 650 tonnes/an, l’apport de fumier permis par ce seul atelier est un atout pour entretenir la fertilité et le taux de matière organique des parcelles en culture lesquelles sont sur sols argilo-calcaires caillouteux. Le déplacement des animaux est facilité par le couloir positionné à l’arrière des cases. Il permet de conduire très aisément les lots vers l’installation de contention. « Ce couloir couvert fait double emploi. Il nous permet également de proposer en permanence une belle paille alimentaire. »
Bâtiment gourmand en paille
« L’inconvénient de ce bâtiment est d’être gourmand en paille. Il est adapté aux seules zones d’élevage où sa disponibilité n’est pas un souci, souligne Christophe Denis. Avec un peu plus de trois ans de recul, s’il fallait le refaire, on partirait sur la même chose. Le couloir d’alimentation de 4,5 m peut sembler large. Il aurait pu être réduit de 50 cm en les utilisant pour élargir de 50 cm l’actuel couloir de circulation (2 m). On aurait également pu supprimer l’une des portes latérales située en fond de bâtiment côté Ouest. On ne l’a jamais ouverte ! »
Il n’est pour l’instant pas envisagé d’évolution majeure. Juste stabiliser l’arrière de la stabulation avec des cailloux récupérés dans les parcelles en culture. « L’objectif est surtout que la stabulation soit remplie en permanence », précise Clément Civade.
140 JB finis par an
L’atelier permet d’engraisser une moyenne de 130 à 140 JB par an. Une trentaine à partir des broutards nés sur l’exploitation. Le complément provient de la Cialyn. Il s’agit de Charolais issus d’élevages proches : moins de 80 km de l’atelier. Ils sont finis avec une classique ration à base d’ensilage de maïs et céréales associés à un complémentaire azoté distribuée une fois par jour à la mélangeuse. Les résultats techniques sont analysés comme satisfaisants avec un GMQ moyen de 1 570 g sur les derniers lots. Le temps de travail consacré à cet atelier est de 1,5 h/jour. Deux heures s’il faut découvrir et enrouler la bâche sur le tas d’ensilage.
Combien ça coûte ?
• 23 700 € de maçonnerie
• 47 500 € pour la charpente couverture menuiserie
• 8 400 € pour l’équipement intérieur
• 3 300 € pour l’évacuation des eaux pluviales
D’où un total de 82 900 € soit 863 €/place. Chiffre n’incluant pas la part conséquente d’auto-construction. L’investissement a pour partie été pris en charge par des subventions (PMBE, Cap filière bovin viande, conseil général) et des prêts, lesquels incluent un prêt à 0 % sur cinq ans de la part de la Cialyn.