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« La coupe fine sur les remorques autochargeuses facilite la confection du silo d’herbe et favorise la conservation »

Éleveur de bovins viande en Isère, Sylvain Poulet a développé une activité de prestation avec ses deux remorques autochargeuses. Il est très pointu sur la qualité de hachage qui conditionne la qualité de conservation et la facilité de reprise.

«La remorque autochargeuse est devenue une vraie passion», annonce Sylvain Poulet, éleveur de bovins viande et entrepreneur de travaux agricoles à Saint-Jean d’Avelanne, en Isère. Lorsqu’il s’installe en 2011, jamais cet agriculteur ne se serait imaginé faire de la prestation de travaux agricoles, lui qui «aime être au milieu de ses animaux». C’est l’achat de la première autochargeuse Pöttinger EuroProfi 5000 d’occasion en 2019, qui va lui mettre le pied à l’étrier. «Avant d’investir dans cette remorque, la récolte de l’herbe était chez moi essentiellement réalisée à l’aide d’un combiné presse-enrubanneuse. Je cherchais à l’époque à réduire mes consommables, l’espace au sol consacré au stockage des balles d’enrubannage (plus de 800), ainsi que les coûts de récolte.» Féru de comptabilité analytique, l’éleveur estime les coûts de récolte de la remorque autochargeuse moins élevés que les autres solutions. «Même l’automotrice revient à plus cher ! On a souvent l’habitude de considérer le coût de la prestation de l’ensileuse seule. Or, ça mobilise un certain nombre de tracteurs et de remorques. C’est autant de jours à rendre aux collègues, d’usure du tracteur et de la benne, de consommation de GNR, d’heures de main-d’œuvre… Au final, ce n’est pas si rentable.»

Un hachage fin comme celui des ensileuses

Sylvain Poulet fait ses premières armes avec l’autochargeuse d’occasion pendant deux ans, avant de commencer à être sollicité par des voisins. De plus en plus demandé pour cette prestation, l’éleveur va développer l’activité et créer la SARL Beauchiffray prestations. Et il aime promouvoir ce mode de récolte. Aujourd’hui, il possède deux remorques autochargeuses Pöttinger, une Torro 6010 acquise d’occasion et une Jumbo 8400 achetée neuve 160 000 euros qui affiche deux campagnes au compteur. «Au fur et à mesure des renouvellements, je choisis des machines avec des longueurs de coupe théoriques de plus en plus courtes. De 45 mm sur la première machine, je suis passé aujourd’hui à 34 mm sur la Torro et à 25 mm sur la Jumbo."» L’objectif derrière est d’obtenir une qualité de hachage proche de celle des ensileuses automotrices. Plus la coupe est courte, moins il y a d’air emprisonné et à la clé, une meilleure qualité de conservation. Cela facilite aussi la reprise au silo par la désileuse, le tracteur ou l’engin de manutention. «Les clients qui ont goûté à la Jumbo ne reviennent généralement pas en arrière.»

 
<em class="placeholder">Qualité de coupe obtenue avec la remorque autochargeuse Pöttinger Jumbo 8400</em>
La longueur de coupe dépend de l'herbe, de l'espacement entre couteaux, mais aussi des outils qui précèdent la remorque autochargeuse. © Sylvain Poulet

La vidange sur le tas pour homogénéiser le silo

De plus, cette remorque procure un débit de chantier plus élevé. «Le tassage est bien souvent le facteur limitant au débit de chantier et les brins plus courts sont plus faciles à reprendre», explique Sylvain Poulet, qui n’hésite pas à alterner entre les parcelles les plus proches et les plus éloignées pour laisser le temps au tasseur de travailler convenablement et optimiser le débit de chantier. «Inutile de mettre la pression au tasseur dans un premier temps en ramassant les parcelles proches pour le faire attendre dans un second temps lorsqu’on récolte les champs les plus éloignés.» Lorsque différentes maturités de fourrage ou plusieurs variétés d’herbe sont récoltées, la SARL Beauchiffray prestations met également un point d’honneur à alterner les différents types de fourrage. «Dans la mesure du possible, je monte sur le silo à chaque vidange et j’avance progressivement au fur et à mesure du déchargement. Cela facilite le travail du tasseur et permet d’étaler chaque remorque par petites couches sur toute la surface du silo. Ainsi, entre le début et la fin du silo, il y a la même qualité de fourrage.»

 
<em class="placeholder">Tracteur John Deere 6R215 et remorque autochargeuse Pöttinger Jumbo 8400 déchargeant la paille de maïs sur un silo</em>
Dans la mesure du possible, Sylvain Poulet monte sur le silo pour vidanger ses remorques. © Sylvain Poulet

700 remorques autochargeuses par an

Entre début avril et fin octobre, la SARL Beauchiffray prestations remplit 700 remorques, réparties entre les deux autochargeuses. En fin de saison, outre les troisièmes coupes d’herbe, l’agriculteur récolte du sorgho en dérobé et de la paille de maïs «en activant les couteaux pour des clients méthaniseurs. Mais aussi sans les couteaux, pour une valorisation personnelle des résidus de récolte de maïs : cette paille non coupée est utilisée comme premier paillage d’hiver pour mes animaux, sur une épaisseur de 20 cm. C’est autant de paille de céréales (l’équivalent de 10 jours) économisée par la suite.»

 
<em class="placeholder">Tracteur John Deere 6R215 et remorque autochargeuse Pöttinger Jumbo 8400 déchargeant la paille de maïs sur un silo</em>
La Jumbo 8400 propose une longueur de coupe compatible avec les exigences de la méthanisation. © Sylvain Poulet

Une largeur d’andains imposée aux clients

Pour que la récolte soit une réussite, un travail de communication et de préconisation est réalisé en amont par l’entrepreneur auprès de ses clients. La qualité de coupe est, en effet, aussi dépendante des opérations réalisées avant la récolte, à l’image de la largeur d’andain. «Le pick-up peut ramasser jusqu’à 2,30 m de large. Mais j’ai remarqué que lorsqu’on récolte sur toute la largeur, les brins sont plus longs sur les bords de caisse qu’au milieu. C’est pourquoi je demande à mes clients des andains qui ne dépassent pas 1,50 à 2 m de large. De cette façon, les vis de recentrage qui tendent à réorienter les brins d’herbe, favorisant une coupe plus longue, ne sont pas sollicitées : les brins sont tous orientés de la même façon et la coupe est plus homogène.» Concernant l’andainage, Sylvain Poulet constate également un meilleur résultat avec son andaineur à tapis qu’avec un classique andaineur à rotors, qui tend à mettre les brins parallèles à l’andain, ce qui peut augmenter la longueur de coupe. «De plus, on rentre moins de corps étrangers avec l’andaineur à tapis, ce qui occasionne moins de casse et moins d’usure des couteaux. Comme ils conservent leur tranchant, cela limite la consommation de carburant. Je propose d’ailleurs l’andaineur à tapis en prestation.» Concernant la fauche, l’agriculteur constate que les meilleurs résultats en termes de coupe sont obtenus derrière une faucheuse conditionneuse. La qualité de coupe dépend aussi de l’affûtage, réalisé quotidiennement. «Je fais au maximum 15 remorques avec un jeu de couteaux», ajoute l’entrepreneur, qui n’hésite pas à retourner ou à changer les couteaux en cours de journée.

Les trois sociétés de Sylvain Poulet

3 UTH
EARL ferme de Beauchiffray :
45 vaches allaitantes
130 ha de SAU, dont 100 d’herbage et le reste en cultures (maïs, blé, orge)
SARL Beauchiffray prestations :
400 places pour les veaux d’engraissement
Une centaine de vaches en pension l’hiver
Prestations : remorques autochargeuses, presse à bottes cubiques, presse enrubanneuse, andaineur à tapis principalement
SCEA Domaine de Vaulserre :
Travaux à façon sur 70 hectares de cultures : blé, orge, triticale, colza et épeautre, dont semences

La distance influe sur le débit de chantier

Le kilométrage effectué sur la route est le principal frein au débit de chantier, qui peut atteindre dans les meilleures situations une vingtaine d’hectares dans une bonne après-midi. Pour cette raison, Sylvain Poulet réalise une double facturation, à l’hectare et au nombre de remorques : le prix au mètre cube est le même pour la Torro que pour la Jumbo, sachant que cette dernière charge plus dense du fait de sa coupe plus fine. Selon la distance à parcourir et le volume à récolter, le prix du chantier peut varier de 70 euros l'hectare à 140 euros l'hectare.

Le coût est également tributaire du taux de chargement. «Avec de l’herbe jeune ou avec des légumineuses peu fibreuses, on a vite tendance à faire de la soupe si on tasse trop dans la caisse. C’est encore plus vrai avec la Jumbo et sa coupe fine. Dans ces cas de figure, je compresse moins le fourrage dans la remorque.» De même, l’entrepreneur charge moins ses remorques dans les dévers importants et en conditions de portance limitées. D’ailleurs, il a opté sur la Jumbo pour des pneumatiques de dimension 800/45 R26.5, un surcoût d’environ 5 000 euros par rapport aux 710/50 R26.5 standards, mais qui offrent une empreinte au sol 13,5 % plus importante et réduisent la résistance au roulement. Sylvain Poulet a également fait le choix de roues de pick-up à repliage hydraulique qui facilitent le passage en mode transport et réduisent la largeur sur la route. En outre, la Jumbo est dotée d’un essieu suiveur simple à piloter : il se bloque automatiquement au-dessus de 20 km/h ou quand on recule. Enfin, les deux remorques intègrent un kit de pulvérisation de conservateur, une prestation de plus en plus demandée par les éleveurs qui souhaitent préserver les qualités nutritionnelles de leur fourrage.

 
Rédaction Réussir

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