Un antiparasitaire injectable pour les petits ruminants
Avec Eprecis, les éleveurs de petits ruminants disposent d’un traitement injectable pour traiter leurs animaux contre les parasites gastro-intestinaux.
Depuis mi-novembre, les éleveurs ovins et caprins ont enfin à leur disposition un traitement contre le parasitisme gastro-intestinal en solution injectable. Alors que ce traitement existe en bovin depuis 2015, éleveurs, vétérinaires et laboratoires ont œuvré pour obtenir la fameuse autorisation de mise sur le marché (AMM) pour la version adaptée aux petits ruminants. Ceva, laboratoire français basé à Libourne (Gironde) a obtenu le Graal pour son Eprecis injectable. Ce traitement est d’autant plus attendu par les producteurs de lait car il n’y a pas de délai d’attente. L’éleveur peut donc traiter ses chèvres et continuer à traire en même temps. Il remplace avantageusement l’application en pour-on (sur la peau) qui avait montré ses limites et ses faiblesses.
Plus efficace et moins de risque de résistance
En effet, pour espérer un minimum d’efficacité, il faut appliquer près de cinq fois la dose recommandée. Les poils empêchent la bonne absorption du produit par la peau, les chèvres se lèchent entre elles, amenant des risques de sous-exposition à la molécule et donc des risques d’apparition de résistance. Avec l’Eprecis injectable, le calendrier de traitement n’est pas modifié. Il s’agit toujours d’un traitement soumis à prescription vétérinaire, préventif et/ou curatif, donc à administrer préférentiellement avant la mise à l’herbe. Le prix de la solution injectable devrait sensiblement s’aligner à la forme pour-on.
L’éprinomectine, l’endectocide qui ne se retrouve pas dans le lait
L’éprinomectine est une molécule utilisée dans la lutte contre les endoparasites tels que les strongles. Son avantage sur les autres molécules de ce type est sa faible excrétion lactée qui la rend attractive pour les producteurs laitiers. L’éprinomectine tue les parasites en les faisant mourir de faim, ce qui explique le temps de contact nécessaire relativement long d’où la meilleure efficacité de la forme injectable. Celle-ci est par ailleurs à privilégier du point de vue environnemental car la molécule est écotoxique pour les organismes aquatiques et coprophages. En voie injectable, l’éprinomectine se retrouve donc moins dans l’environnement qu’en pour-on ou qu’en voie orale.
Stratégie de lutte pour contrer les infestations
Le traitement injectable est un moyen appréciable pour la lutte contre les parasites gastro-intestinaux mais rappelons que le parasitisme doit être abordé selon une stratégie globale du système d’élevage. Lors des journées sur la gestion raisonnée du parasitisme, organisées en octobre par le laboratoire Ceva, les spécialistes (vétérinaires, chercheurs, etc.) ont présenté les moyens de lutte possibles. Christophe Chartier, vétérinaire au CHU vétérinaire Oniris de Nantes, rappelle les principaux points de vigilance pour limiter l’apparition d’infestations : « Il y a toute une panoplie de méthodes à combiner pour lutter contre le parasitisme. Gérer le pâturage, réaliser des coprologies, semer des plantes à tanins dans les parcelles de pâturage et bien sûr respecter une quarantaine stricte lorsque des adultes sont intégrés au troupeau pour éviter les contaminations venant de l’extérieur. » Enfin et pas des moindres, il est absolument nécessaire de respecter les doses recommandées de traitement, sans quoi la sous-exposition à la molécule expose l’animal à l’apparition de résistances parasitaires.