Trois alternatives au lait en poudre pour l’élevage des chevrettes
Si l’utilisation du lait en poudre est majoritaire en élevage caprin, de plus en plus d’éleveurs se tournent vers de nouveaux modes d’alimentation des chevrettes, comme l’élevage sous les mères, la distribution de lait acidifié ou encore le lait thermisé.
Si l’utilisation du lait en poudre est majoritaire en élevage caprin, de plus en plus d’éleveurs se tournent vers de nouveaux modes d’alimentation des chevrettes, comme l’élevage sous les mères, la distribution de lait acidifié ou encore le lait thermisé.
Pour des raisons sanitaires, économiques et pratiques, la séparation des chevrettes de leur mère et l’allaitement au lait artificiel sont des pratiques habituelles en élevage caprin laitier. Initialement portée par les éleveurs biologiques, la question des alternatives à la poudre de lait s’étend désormais à tous les élevages caprins désireux de changer le mode d’allaitement de leurs chevrettes.
Une première alternative consiste à laisser les chevrettes de renouvellement sous leur mère. Une étude de l’Anses menée en 2021 sur quarante élevages visait à décrire la diversité des pratiques d’élevage des chevrettes sous les mères. Les éleveurs séparent les chevrettes de leur mère à différents temps, qui n’est pas forcément en lien avec le sevrage. Certains ne les séparent jamais, auquel cas un mors à cabris peut être utilisé pour le sevrage.
Des motivations éthiques
« L’enquête montre que les trois quarts des éleveurs ont mis en place la pratique pour des raisons éthiques et de valeurs personnelles, et 65 % pour le gain de temps et/ou le confort de travail, relève Marianne Berthelot, chargé de projet de recherche à l’Anses et coordinatrice de l’étude. Huit d’entre eux évoquent toutefois une charge supplémentaire pour réaliser certaines tâches, comme la manipulation des chevrettes qui peuvent être plus farouches ou encore le tri des animaux à la traite ou à la rentrée du pâturage. » La majorité évoque également une meilleure intégration et un apprentissage rapide des jeunes, une croissance accrue et le respect du bien-être animal.
Le lycée agricole de Melle, dans les Deux-Sèvres, met en place des essais zootechniques pour tester différentes pratiques alternatives au lait en poudre. « Quand on laisse les chevrettes sous les mères, il faut les manipuler régulièrement pour les sociabiliser à l’homme », indique Émilie Bonneau-Wimmer, enseignante en zootechnie au lycée. Une réflexion qui est partagée par un tiers des éleveurs interrogés dans l’enquête.
Un équilibre à trouver
Si certains élevages laissent les chevrettes auprès des mères en continu, d’autres les laissent moins de deux heures par jour, ou encore la journée ou la nuit. À Melle, ils testent une période de blocage des jeunes dans une zone qui leur est dédiée, à l’image de pratiques réalisées dans les systèmes allaitants. « Les cages limitent le passage répété aux mamelles et donnent un rythme à l’animal, pointe la professeure. Les chèvres sont traites après les tétées des jeunes. Sont testées deux situations, l’une avec les mères bloquées au cornadis, l’autre, sans les bloquer. »
Une deuxième alternative à l’allaitement en poudre consiste à distribuer du lait acidifié aux chevrettes. L’étude de 2019 du Cap Pradel montre que le protocole est relativement simple à mettre en œuvre. La préparation consiste à mélanger un litre de lait avec deux yaourts du commerce et de laisser reposer un ou deux jours entre 15 et 20 °C. « Pour les fromagers, il est plus facile de récupérer du lactosérum et de veiller au maintien de la température, mais la pratique reste accessible. »
Selon de nombreux éleveurs, l’apport de lait acidifié permet une bonne croissance de l’animal et assure une meilleure digestibilité. « En augmentant l’acide lactique du lait, les agents pathogènes sont moins efficaces. Cette méthode ne réduit toutefois pas les risques liés aux mycoplasmes et au Caev. »
Miser sur la sécurité
Enfin, le lait des mères thermisé reste la méthode la plus sûre quant à la transmission du Caev et des agents pathogènes en général, à condition d’être rigoureux sur la gestion de la thermisation. Un programme expérimental mené par la ferme du Pradel en 2019 compare les différentes méthodes de thermisation.
La thermisation consiste à chauffer le lait à 56 °C pendant une heure. Entre les différents thermiseurs existants, comme le stérilisateur à bocaux, le stéricolostrum et le pasteurisateur, le coût et la praticité varient. La distribution de lait thermisé est efficace d’un point de vue sanitaire à condition que les préconisations à la naissance soient respectées, notamment la séparation rapide des chevrettes des mères ou encore la thermisation du colostrum.
La pratique reste globalement chronophage, surtout si l’on veut distribuer le lait plus de deux fois par jour aux chevrettes. En effet, cela implique de conserver le lait thermisé au frais, avant de le réchauffer au bain-marie pour pouvoir le distribuer.
Coté biblio
Allaitement des chevreaux
Cinq fiches techniques, éditées en 2019 par le PEP caprin, montrent les techniques d’allaitement des chevreaux avec du lait maternel acidifié, avec du lait maternel thermisé, avec du lait de vache acidifié ou avec un aliment d’allaitement.