Tirage de bois : quatre machines réduisent les charges et la pénibilité de la taille de la vigne

La mécanisation du tirage de bois se développe progressivement depuis une bonne dizaine d’années, mais reste encore un marché assez confidentiel. Pourtant, elle permet de réduire le temps consacré à la taille, puisque les tireuses de bois dispensent les tailleurs de dégager les sarments coupés du palissage. Selon des essais réalisés en 2013 par Techniloire, cela abaisse de 13 heures par hectare le temps consacré à la taille, en plus de réduire la pénibilité et les risques de TMS qui vont avec. La tireuse de bois dispense également du passage de la prétailleuse.

Ces machines sont facturées entre 25 000 et près de 50 000 euros, selon les appareils et les options choisies (centrale hydraulique notamment). Mais dans tous les cas de figure, le retour sur investissement est rapide. « Nous annonçons un retour sur investissement sur cinq ans, sur la base de 10 hectares travaillés par an », explique Stéphane Berger, de la concession alsacienne Berger Machines agricoles, qui importe sur le marché français les tireuses de bois Gen 2 du constructeur néo-zélandais Klima. Provitis estime à 20 hectares la superficie pour rentabiliser la machine VSE 230. Ero annonce une surface de 35 hectares pour amortir la sienne. Quatre marques se partagent le marché français : Ero, Klima, Provitis et Rinieri.

Ero - Viteco, jusqu’à 5 hectares par jour

Lancée au début des années 2010, la tireuse de bois Viteco d’Ero se compose d’une tête montée sur le mât avant et d’une centrale hydraulique attelée sur le relevage arrière. La tête dispose de deux rouleaux verticaux, suivis de deux pneus qui rassemblent trois hauteurs de fils (des fils d’attache aux fils releveurs) et de deux rouleaux qui broient les sarments et baguettes. Cette machine peut nécessiter une adaptation du palissage : les fils doivent en effet pouvoir être défaits de leurs encoches sur les piquets et soulevés au-dessus de ces derniers. C’est pourquoi, la Viteco convient aux rangées assez longues (minimum 70 m), afin de ne pas rompre de fils. Les éléments de palissage en relief par rapport au fil, tels que des tendeurs, doivent être évités. Ero conseille de déposer les fils en amont et de tirer les sarments sur les deux premiers entre-pieds, afin de faciliter la préhension des fils. Après le passage de la machine, il y a peu de repasse à effectuer, mais les fils doivent être remis en place.

Klima - Gen 2, une machine néo-zélandaise modifiée pour l’Alsace

Le concessionnaire alsacien Berger Machines agricoles importe depuis 2023 la tireuse de bois Gen 2 du constructeur néo-zélandais Klima. « Nous importons la tête de broyage et nous construisons le châssis pour l’adapter au vignoble alsacien », confie Stéphane Berger, directeur technique de la concession, coutumière de constructions de machines pour le vignoble. Cette machine est composée de deux rouleaux à axe vertical, qui resserrent les sarments avant que ces derniers soient avalés par deux paires de rouleaux broyeurs, qui débarrassent les deux fils des baguettes et sarments. Si elle nécessite comme la Viteco quelques évolutions dans le palissage, elle ne prend que les fils releveurs supérieurs : l’arcure doit au préalable être détachée du fil du bas et les premiers entre-pieds débarrassés des bois pour faciliter la préhension des fils.

« Les ajouts sur les fils comme les Fenox doivent être identifiés en amont, afin de les éviter avec la tête de broyage », ajoute Stéphane Berger. La tête est réversible, ce qui permet de travailler aussi bien le rang gauche que le rang droit, un atout dans les parcelles en dévers. Les débits de chantier varient selon l’interrang, le type de taille et les conditions de travail. « Dans les bonnes configurations, on peut atteindre la vitesse de pointe de 6 km/h et tenir un débit de chantier de 0,5 hectare à l’heure dans des interrangs de 1,70-1,80 mètre », cite pour exemples Stéphane Berger. En termes de débit et de pression hydrauliques, ainsi que de nombre de distributeurs, certains prérequis peuvent nécessiter l’ajout d’une centrale hydraulique. Après avoir confirmé sa solution sur le vignoble alsacien, Berger Machines agricoles entend répondre, la saison prochaine, à la demande d’autres régions viticoles intéressées, dans lesquelles le concessionnaire importateur s’appuiera sur des concessions partenaires.

Provitis - Deux modèles de tireuses de bois

Le constructeur alsacien Provitis figure parmi les pionniers de la mécanisation du tirage de bois, puisqu’il a industrialisé la machine développée par le vigneron Jean-Yves Dezé, en Val de Loire. Montée à l’avant du tracteur, cette machine, dénommée VSE 430, laisse les fils en place et tire les sarments et baguettes latéralement. Une roue ameneuse guide les sarments vers une chaîne et des roues de préhension qui font tomber les sarments au sol. À l’arrière, le relevage et la prise de force du tracteur sont disponibles pour y atteler un broyeur et déchiqueter les bois fraîchement enlevés du palissage. La roue ameneuse est montée sur sécurité permettant de contourner sans les abîmer les piquets. Cela signifie qu’il peut rester quelques bois dans l’environnement immédiat du piquet, qu’il faudra enlever à la main par la suite. La mécanisation du tirage des bois avec cette machine implique de ne pas enrouler la baguette autour du fil porteur. Certaines coupes et repositionnement des bois sont aussi à prévoir par le tailleur en amont de la VSE 430, afin que baguettes et sarments soient facilement extractibles sur le côté.

Depuis deux ans, la VSE 230 est venue compléter la VSE 430 plus adaptée aux vignobles de l’ouest de la France. Développée pour le marché alsacien, cette machine demandant 45 l/min de débit hydraulique se compose d’une vis sans fin montée sur sécurité à ressort et animée hydrauliquement. S’escamotant grâce à un palpeur au niveau de chaque pied et de chaque piquet, cette vis pousse les bois latéralement vers les deux rouleaux happeurs qui emportent les sarments directement dans un broyeur. Positionnée sous ces rouleaux happeurs, une brosse rotative rattrape les bois qui, sans celle-ci, seraient amenés à tomber sans être broyés. En tirant les bois par le bas, la VSE 230 limite les risques d’accroche des bois dans les fils et en facilite l’extraction.

Rinieri - Les sarments éliminés par le haut

Présentée au Sitevi l’année dernière, la machine à tirer les bois SVC de Rinieri est construite en collaboration avec le constructeur allemand Hess Landmaschinen. Montée sur un mât autorisant 70 cm de déport et 10 degrés d’inclinaison, cette machine se compose d’une roue et d’une vis sans fin déportant les bois latéralement avant que ceux-ci ne soient happés vers le haut par deux roues pour être déchiquetés dans la foulée par le broyeur en position supérieure. Les résidus sont renvoyés au sol via un déflecteur. Évoluant à une vitesse de 2-3 km/h, cette machine dispose en option d’un capteur qui détecte les piquets de plus de 4 cm d’épaisseur pour passer par-dessus. « Il peut rester quelques sarments près des piquets, mais comme la majorité a été enlevée, ils sont faciles à retirer », rassure Bastien Méry, de Rinieri.