Téléconsultation vétérinaire : quel intérêt pour l’élevage ?
Avoir une téléconsultation à distance avec son vétérinaire, un service nouveau intéressant pour les éleveurs ? Une analyse du centre d’études et de prospectives du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire sur la télémédecine vétérinaire a été publiée en août. Elle fait l’état des lieux et propose des pistes de réflexion.
Avoir une téléconsultation à distance avec son vétérinaire, un service nouveau intéressant pour les éleveurs ? Une analyse du centre d’études et de prospectives du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire sur la télémédecine vétérinaire a été publiée en août. Elle fait l’état des lieux et propose des pistes de réflexion.
Un décret de 2020 a autorisé, à titre expérimental, pour une période - maintenant terminée – de dix-huit mois, la pratique de la télémédecine vétérinaire (TMV) sur inscription auprès de l’Ordre national des vétérinaires précise Franck Bourdy, l’auteur d'une analyse intitulée « Télémédecine vétérinaire et transformation de la pratique en santé animale » publié sur le site Agreste du ministère de l'Agriculture.
Les confinements et l’usage croissant des outils connectés ont favorisé le développement de la téléconsultation vétérinaire. L’auteur écrit : « Si les vétérinaires praticiens utilisent la TMV parfois de longue date, sa mise à l’agenda législatif est récente. En effet, cette TMV pose la question générale des conditions d’exercice de la médecine vétérinaire, suite au fort développement des outils connectés pour les animaux de compagnie, et surtout à l’essor de l’élevage de précision ».
Une législation sur la télémédecine vétérinaire attendue
L’analyse estime que les propriétaires d'animaux de rente trouvent des avantages à la TMV, qui permet par exemple la détection plus précoce de symptômes discrets de maladies en élevage, ou la levée des contraintes géographiques pour consulter un spécialiste. Pour développer la télémédecine vétérinaire, une législation est attendue, qui apportera une protection aux vétérinaires et éleveurs, et viendra combler un vide juridique suite à la caducité du décret autorisant l’expérimentation.
L’auteur rappelle que l’Institut de l’élevage (Idele), en partenariat avec Aspexit, tient à jour un catalogue d’outils connectés en élevage de précision ainsi que des fiches conseils. En ce qui concerne les animaux de sport et de rente, l’élevage de précision s’est accompagné du développement de nouveaux outils selon l’auteur qui les classe en deux grandes catégories :
- des outils fixés au bâtiment d’élevage : caméras, détecteurs d’odeur, appareils de mesure d’humidité et de température ;
- des outils fixés sur l’animal (colliers, bagues, plaquettes auriculaires, capteurs caudaux, podomètres, etc.), voire insérés dans l’animal (bolus ruminaux).
Veiller au bien-être de l’animal
Dans les deux cas, une sélection rigoureuse des données fournies par ces outils connectés permet au vétérinaire d’affiner son examen clinique. Mais pour Franck Bourdy, « Il faut néanmoins veiller à ce que l’animal ainsi suivi ne soit pas réduit à un ensemble de mesures et données, qui mettrait en péril son bien-être dans un contexte d’élevages automatisés ».
Les outils connectés permettent un suivi plus fin des conditions générales d’élevage et de l’état de santé de chaque animal estime l’analyse qui poursuit : « Pour ce qui est du bien-être animal (BEA), les outils connectés enregistrent en continu des mesures dont certaines pourraient, à l’avenir, valider les critères d’un éventuel label BEA. D’autre part, en cas de litiges de voisinage (bruits, odeurs) ou de suspicion de maltraitance animale, ils pourraient être utilisés à des fins d’objectivation ».
La moitié des éleveurs demandeurs de téléconsultations
L’auteur explique que plus de la moitié des éleveurs sont demandeurs de téléconsultation, selon deux études réalisées en 2021, malgré des inquiétudes liées à l’absence de réglementation. Il écrit : « Concernant les outils connectés fixés sur l’animal, ou a fortiori insérés dans l’animal, leur catégorisation au plan réglementaire pourrait être envisagée, par exemple en tant que « dispositifs médicaux ». À l’instar de ce qui est observé en santé humaine, ils pourraient aussi faire l’objet d’une certification ».
Pour ce qui est du praticien, l’auteur explique qu’une première ébauche d’encadrement devrait limiter la pratique de la téléconsultation vétérinaire aux seuls animaux ayant été récemment examinés physiquement par le vétérinaire. « La pratique de la TMV pourrait après réglementation être prise en charge par l’assurance responsabilité civile du vétérinaire praticien, au même titre que la pratique classique » souligne l’auteur.
Utilisation de la TMV dans le cadre d'épizooties mondialisées
L’analyse pointe un autre aspect intéressant : une utilisation de la TMV à l’échelle internationale pourrait se développer dans le cadre d’épizooties mondialisées. « La formation des services vétérinaires et les pratiques de TMV devraient être harmonisées, en lien avec les travaux de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) et de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) » estime Franck Bourdy. Il avance par ailleurs : « Au-delà de la pratique quotidienne du vétérinaire, les outils connectés permettront le recueil de données et leur analyse, éventuellement automatisée par l’IA, dans une perspective de santé publique vétérinaire et de préservation de la biodiversité ».