Sécheresse/SIE : faut-il ou non semer les couverts ?
Avec la sécheresse qui sévit encore sur une grande partie du territoire, faut-il semer des intercultures pour atteindre les 5 % de SIE requis pour le paiement vert ? Et quid des Cipan ? Réponses.
Avec la sécheresse qui sévit encore sur une grande partie du territoire, faut-il semer des intercultures pour atteindre les 5 % de SIE requis pour le paiement vert ? Et quid des Cipan ? Réponses.
Si quelques chanceux ont bénéficié de pluies d’orage permettant d’avancer les semis de colza et d’intercultures, certaines franges du territoire n’ont pas eu cette chance, hypothéquant le succès d’éventuels semis. Alors qu’en est-il des obligations d’implanter des couverts ?
SIE : vers une possible dérogation de semis, sur des territoires bien définis
Sur certaines exploitations, il est nécessaire d’implanter des couverts d’interculture pour atteindre les 5 % de surfaces d’intérêt écologique (SIE) requis pour le paiement vert. C’est le cas lorsque le parcellaire ne dispose pas suffisamment d’éléments tels que haies, jachères ou bandes enherbées.
Mais comment faire si le sec rend impossible toute levée ? De très nombreux départements ont, dans un premier temps, fait jouer le report de la date d’implantation. Dans l’Ain, par exemple, la date a été reportée du 20 août au 1er septembre. En Normandie, les dates sont variables selon les départements, mais toutes repoussées après le 1er septembre...
Pour certains secteurs, la date limite du report approche, sans qu’il y ait eu de fenêtre de semis possible. Le syndicalisme majoritaire a donc demandé, compte tenu des circonstances, d’accorder une dérogation supprimant l’obligation de semis pour ces zones. La règle encadrant les SIE impose en effet que le couvert reste en place huit semaines. Cela signifie, si l’implantation a lieu au 15 septembre, que la destruction ne pourra pas se faire avant le 15 novembre, ce qui pourrait sévèrement compliquer les semis d’automne. « Pour les départements qui ont fait une demande de report, par exemple au 7 ou au 9 septembre, on est encore dans les délais pour attendre la pluie, explique Joël Limouzin, vice-président de la FNSEA en charge de ce dossier. Mais s’il n’a toujours pas plu au 7 septembre, il ne sera plus possible de repousser le semis. »
Une demande individuelle nécessaire pour profiter de la dérogation
Le ministre de l’Agriculture a donné son feu vert pour une telle dérogation de semis. Mais pour éviter les comportements opportunistes, cela ne sera possible que dans des zones définies dans chaque département par la Préfecture, sur la base de trois critères factuels :
- l’humidité du sol ;
- la pluviométrie récente ;
- les perspectives de pluie à 7-10 jours.
Autre condition pour avoir le droit de ne pas semer au sein de ce zonage : les agriculteurs devront faire une demande individuelle de dérogation auprès des services déconcentrés de l’État, comme c’est déjà le cas pour bénéficier du report de date limite. « L’urgence est de disposer au plus vite de la carte des territoires où l’on peut faire jouer la demande de non-semis », presse Joël Limouzin.
Concrètement, si vous n’avez pas encore semé vos SIE, que devez-vous faire ?
- Vérifier la date limite de semis (dates disponibles sur les sites des chambres d’agriculture départementales)
- Si celle-ci approche, tirer profit de l’éventuelle arrivée des pluies pour semer
- Si vous profitez d’un report de date (vous semez après la date limite initiale, mais avant la nouvelle date reportée), il faut adresser une demande de dérogation de report à la DDTM. Les formulaires sont disponibles auprès de vos organisations professionnelles.
- Si vous ne pouvez pas semer (temps sec), il faut vous tenir informé de la possibilité de faire jouer la dérogation de non-semis dans votre secteur. La publication des zonages devrait être imminente
- Si vous pouvez bénéficier de la demande de non-semis quand les zonages seront connus, adresser une demande auprès des services de l’État.
Cipan : à soigner particulièrement cette année !
La directive Nitrates impose la couverture des sols en hiver dans les zones vulnérables. Pour l’heure, la possibilité de mettre en place un couvert hivernal n’est pas encore hypothéquée, car l’implantation n’est pas inscrite dans un cadre aussi contraint que les SIE pour le paiement vert de la PAC. Il conviendra donc de mettre en place ce couvert quand la possibilité se présentera, c’est-à-dire dans de bonnes conditions d’humidité, avant l’hiver.
Compte tenu des rendements faibles de certaines parcelles en céréales d’automne, et du mauvais résultat attendu en maïs, la probabilité est grande d’avoir de forts reliquats d’azote après récolte. Raison de plus pour soigner ses Cipan afin d’éviter un lessivage. Au prix de l’azote, il serait dommage de perdre ce précieux élément, avec en outre un risque environnemental.