Sébastien Roumegous : « Revenir aux notions de base de l'agronomie »
Sébastien Roumegous est spécialiste des sols et de la transition agroécologique. Avec ses équipes, il constate que le regard sur le sol change dès qu’il y a une prise de conscience du fonctionnement de la fertilité biologique.
Sébastien Roumegous est spécialiste des sols et de la transition agroécologique. Avec ses équipes, il constate que le regard sur le sol change dès qu’il y a une prise de conscience du fonctionnement de la fertilité biologique.
Quelles sont les situations que vous rencontrez sur le terrain ?
Il y a deux types de situations. Parfois ce sont des clients qui ne savent pas comment résoudre leurs problématiques comme l’érosion ou le manque de fertilité. Ils ont testé l’enherbement par exemple, mais l’impact sur la vigueur les a amenés à recommencer à travailler comme avant et ils retrouvent leurs problèmes de départ, comme l’érosion. D’autres clients, de grandes sociétés de vins et spiritueux, écoutent les tendances et demandes de leurs clients vis-à-vis du changement climatique, de la biodiversité… Depuis les années 2000 ils se sont engagés dans la réduction des IFT, des engrais, parfois ils sont allés loin, mais ils cherchent une approche plus globale qui permettra d’insérer la propriété dans l’écosystème. Dans les deux cas il s’agit de réinventer un modèle qui permette de régénérer le système sol-plante, tout en gardant de la qualité et les rendements historiques. Leurs besoins sont généralement très opérationnels, du type « comment bénéficier d’un sol couvert sans subir la contrainte hydrique ». Je constate que le problème principal, en général, vient de la faible fertilité des sols.
Comment se déroulent vos prestations ?
Nous réalisons un audit global, de tout ce qui se passe sur le domaine. Nous regardons les sols, bien entendu, mais aussi les plantes, la gestion des phytos, de la fertilisation, les équipes, le management… Car pour réussir une transition, il faut que les actions soient mises en place en fonction des moyens humains et matériels. L’adoption par les équipes est essentielle, aussi nous réalisons des formations à l’agronomie. Les gens ne savent généralement pas comment marche un sol, en particulier sur le volet biologique. On part de loin. C’est une aventure humaine autant que technique. Il y a une grosse prise de conscience à ce moment-là, qui permet de regarder le sol et ses pratiques différemment.
Quels types d’analyses de sol réalisez-vous ?
Nous commençons bien évidemment par un screening physico-chimique classique, c’est essentiel. Puis nous avons plusieurs outils pour étudier ce qui se passe au niveau de la biologie microbienne. Nous évaluons la structure des communautés microbiennes avec biomemakers (analyse ADN des sols complète) et la biomasse microbienne ainsi que le rapport bactérie/champignon avec la mallette embarquée Microbiometer qui permet de le réaliser directement au champ.
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De même, nous effectuons des tests bêche pour observer les vers de terre et la structure des agrégats, des profils culturaux… Il faut s’assurer que la chaîne alimentaire du sol soit là, que « l’appareil digestif » fonctionne. Sans cela, le moteur ne tourne pas, même avec du carburant.
Y a-t-il des pratiques incontournables à mettre en place ?
On sait maintenant qu’il existe des standards. Sur le semis de couverts végétaux par exemple, nous faisions encore des parcelles pilotes il y a 4 ou 5 ans, alors qu’aujourd’hui on peut convertir rapidement tout un domaine en gestion différenciée sans qu’il y ait de catastrophe si les équipes sont formées et le matériel adapté. Un système sol aura du mal à tourner s’il n’y a pas 12 tonnes par hectare de matières sèches restituées. Que ce soit avec des couverts permanents, temporaires, des composts, des amendements, il n’y a pas de solution unique. Il faut nourrir le cycle du carbone, et cela au niveau primaire, avec de la matière brute, comme au niveau secondaire, où se passe la minéralisation. C’est pour cela qu’il est important de connaître le fonctionnement de la fertilité des sols, afin de privilégier le principe plutôt que la technique. Un couvert ou un amendement, ce n’est pas magique. Quand on comprend, on peut adapter les techniques aux conditions du terrain, ce qui est crucial pour obtenir des réussites.
dans mes vignes
Limiter le travail du sol est une bonne chose, mais la priorité est de restituer de la matière organique pour reconstituer la chaîne alimentaire du sol.
Les apports doivent être renouvelés régulièrement pour que le cycle du carbone soit actif à tous les niveaux de la chaîne.
Les biostimulants sont une aide seulement si la base du système agronomique permet de nourrir la fertilité biologique.