Régie d’exploitations d’Invivo : « Nous voulons des entrepreneurs qui décident et qui produisent, pas des gestionnaires de capital », clame Arnaud Rousseau
Le 15 juillet, la coopérative annonçait la création d’un nouveau service d’assistance à la gestion d’exploitations agricoles. Après la Confédération paysanne et la Coordination rurale, les réactions s’enchaînent pour dénoncer « une dérive ». Toutefois, pour y remédier, un travail sur les causes doit être fait.
Le 15 juillet, la coopérative annonçait la création d’un nouveau service d’assistance à la gestion d’exploitations agricoles. Après la Confédération paysanne et la Coordination rurale, les réactions s’enchaînent pour dénoncer « une dérive ». Toutefois, pour y remédier, un travail sur les causes doit être fait.
Avec Agra
Interrogé par nos confrères d’Agra, le président de la FNSEA Arnaud Rousseau s’est dit « défavorable » au modèle de régie d’exploitations agricoles mis en place par la coopérative Invivo. Mais il se questionne sur les causes : « Il y a un problème d'installation, de transmission et de rémunération, et d'attrait du métier, ce qui n'est pas nouveau».
Le service d’Invivo se distingue selon lui de la simple délégation de service puisque, « dans le cas qui est présenté, vous ne faites rien, on passe un cran », juge-t-il. « Nous voulons des entrepreneurs qui décident et qui produisent, pas des gestionnaires de capital ». Il pose également la question de l’accès aux aides publiques de ce type de modèle.
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Un modèle d’agriculture à préserver
Pour le président de la FNSEA, « un agriculteur actif est celui qui décide sur sa ferme. Il ne détient pas forcément tout le capital, tout le matériel, mais c'est celui qui commande et qui produit. Nous ne voulons pas d'agriculteurs de 90 ans qui ne produisent rien, ou d'investisseurs qui voient un régisseur une fois par an, et qui n'y connaissent rien ».
« Une dérive » pour le député Dominique Potier
Dominique Potier estime que le groupe coopératif « accélère et banalise une dérive », celle de la délégation à 100% ainsi que la « concentration de l’usage des terres ». L’ancien agriculteur, député socialiste de Meurthe-et-Moselle, a initié un grand nombre de propositions de lois sur le foncier agricole et milite pour une vaste réforme. Ce « changement d’échelle » venu de la part d’une coopérative l’étonne : « c’est un renversement de valeurs ; les coopératives ont été constituées comme le prolongement économique des exploitations, et elles proposent ici un modèle alternatif à l’exploitation familiale autonome ».
Pour Dominique Potier, les causes sont liées au surcoût de mécanisation qu’une réforme de la fiscalité ou encore la promotion du système des cuma pourraient résoudre.
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Ce qui existe déjà
13% des exploitations spécialisées en grandes cultures en 2020 sont gérées en délégation complète, indique Agra qui rappelle que d’autres coopératives se sont lancées dans ces services, comme Noriap, dans les Hauts-de-France et la Seine-Maritime, et Euralis dans le Sud-Ouest, mais à échelle locale.