Que faire pour que vos chèvres aillent bien ?
Lors de rencontres dans le Rhône et l'Ardèche, cinq pistes d’action ont été proposées aux éleveurs caprins pour assurer la santé et le bien-être de leurs chèvres.
Lors de rencontres dans le Rhône et l'Ardèche, cinq pistes d’action ont été proposées aux éleveurs caprins pour assurer la santé et le bien-être de leurs chèvres.
Si l’on vous demandait : « Comment allez-vous ? » Une foule de réponses pourrait surgir : « Je suis fatigué », « J’ai chaud », « Je vais bien »… Pour les chèvres, c’est pareil ! Deux journées techniques organisées par l’Anicap Auvergne-Rhône-Alpes PACA et Auvergne-Rhône-Alpes Élevage ont permis d’approfondir les connaissances sur le bien-être des chèvres. Les participants aux journées de Duerne (Rhône) et de Saint-Alban-d’Ay (Ardèche) ont pu échanger leurs expériences sur le bien-être animal, un aspect qui se révèle aussi bénéfique pour le porte-monnaie de l’éleveur.
Assurer l’équilibre de la ration et une distribution fractionnée des concentrés
« Chaque ration distribuée doit être équilibrée en fibres, en énergie et en protéines », recommande Séverine Fontagnères de Rhône Conseil Élevage. « Si les concentrés sont donnés seuls, il n’y a pas de maintien d’un tapis fibreux, ce qui perturbe l’équilibre du rumen, augmentant le risque d’acidose. Une telle situation peut entraîner une détérioration de l’état corporel et une baisse de la production laitière (diminution du TB). » Il est préférable de distribuer l’aliment dans l’heure qui suit la distribution du fourrage, afin de profiter des bienfaits de la salivation et du déclenchement de la rumination. « 400 grammes de concentré au maximum par repas ! » Plus la quantité de concentrés est importante, plus il est nécessaire de fractionner en plusieurs repas.
Suffisamment d’eau pour les chèvres
« Compter entre 5 à 12 litres d’eau par jour et par chèvre », conseille Richard Garnier, chargé de mission à la chambre d’agriculture Auvergne-Rhône-Alpes. La consommation d’eau varie en fonction de la température ambiante, de la quantité de matière sèche ingérée, de la teneur en eau dans la ration et du niveau de production laitière. Ces paramètres doivent être pris en compte pour éviter que les chèvres aient soif. Idéalement, la température de l’eau doit être comprise entre 10 et 23 °C. Et celle-ci ne doit pas avoir de goût ni d’odeur prononcée, car les chèvres y sont très sensibles.
Les moments stratégiques d’abreuvement sont au retour de la pâture et après la traite. Il est important de s’assurer qu’il y ait suffisamment de points d’eau pour éviter les bouchons. « Installez les abreuvoirs à environ un mètre de hauteur, avec un marchepied à 60 centimètres. S’ils sont trop bas, les chèvres risquent de mettre leurs pattes dedans et de salir l’eau, surtout lorsqu’il fait chaud et qu’elles cherchent à se rafraîchir », indique Richard Garnier.
Les préconisations varient en fonction du type d’abreuvoir choisi. Il faut prévoir un abreuvoir de type « speed flow » pour 50 chèvres, un abreuvoir « poussoir » pour 15 chèvres et un abreuvoir à niveau constant pour 25 chèvres. Il est recommandé de nettoyer les abreuvoirs deux à trois fois par semaine, en particulier ceux à niveau constant, où l’eau stagne et présente un risque de prolifération bactérienne. Sur ce point, l’avantage va aux abreuvoirs « poussoir », qui sont plus faciles à nettoyer. Il est également nécessaire d’effectuer une ou deux désinfections par an.
Ni trop chaud ni trop froid
« Le stress thermique entraîne une augmentation de l’ingestion d’eau et une baisse de la production laitière, des taux et de l’ingestion de fourrage », explique Emma Rival de Loire Conseil Élevage. Une diminution de la croissance et de la fertilité peut également être observée. Le confort thermique est atteint entre 3 et 15 °C pour les chèvres adultes et entre 12 à 21 °C pour les jeunes de moins de six mois. Pour assurer le confort thermique des chèvres, on cherchera à réduire les rayonnements directs et indirects (bardage) et à améliorer la ventilation naturelle et le renouvellement d’air. Respecter la densité d’animaux et assurer la disponibilité en eau sont également importants.
Surveiller le parasitisme
L’une des principales préoccupations sanitaires pour les chevrettes est les coccidioses. Il est préconisé de réaliser au moins trois coprologies sur l’année, sur des moments clés : la première au mois de mars lors du stress des mises bas, la deuxième en juin après la mise à l’herbe et la troisième en septembre avant l’arrivée de l’hiver. « Sur l’analyse, il faut regarder la quantité mais aussi la qualité des coccidies. Si les résultats montrent un dénombrement élevé mais qu’il n’y a pas de symptômes, et surtout pas de présence de la souche pathogène (Eimeria ninakohlyakimovae), alors il n’est pas nécessaire de traiter », précise Emma Rival.
Des enrichissements
L’intégration de nouveaux individus perturbe la hiérarchie en place et peut être génératrice de stress. Aménager le bâtiment en mettant à disposition des plateformes ou des cachettes peut permettre de limiter les effets négatifs des comportements de dominance. « Lors de l’introduction de plusieurs animaux, il est préférable de le faire de façon groupée et d’augmenter l’espace disponible », préconise Marjorie Coulon du GDS régional.
En résumé, les éleveurs se questionnant sur l’état de bien-être de leurs chèvres ont leur réponse. Si elles ne sont pas stressées, qu’elles ont à manger, à boire de manière appropriée, qu’elles ne sont pas malades, et qu’elles peuvent exprimer leurs comportements naturels, alors elles vont bien !