Que faire quand le Caev est dans son élevage de chèvres ?
La maîtrise du Caev est une démarche progressive qui commence par la séparation des chevreaux de leur mère et la thermisation correcte du colostrum.
La maîtrise du Caev est une démarche progressive qui commence par la séparation des chevreaux de leur mère et la thermisation correcte du colostrum.
La maîtrise du Caev repose sur des actions adaptées au niveau d’infection du troupeau et aux objectifs de l’éleveur. La stratégie vise d’abord à réduire l’impact clinique en évitant l’infection des cabris et en retardant le plus possible l’infection des chevrettes de renouvellement. Ensuite, on maîtrisera l’infection en retardant et réduisant la contamination des chèvres les plus jeunes.
Carole Sala, vétérinaire conseil à GDS France, insiste : « Même si un troupeau est infecté, il est possible de limiter la diffusion du virus et de préserver la productivité en adoptant des mesures ciblées. Chaque éleveur peut agir, même modestement. »
Lire aussi : Mieux connaître le Caev pour assainir les troupeaux de chèvres
Des jeunes séparés des mères à la naissance et du colostrum correctement thermisé
Les premières étapes consistent à protéger les chevreaux en leur fournissant un colostrum et un lait exempts de virus. Pour cela, il faut séparer le chevreau avant la première tétée et leur donner du colostrum puis du lait sain. La thermisation (chauffage entre 56 et 60 °C à cœur pendant une heure) est efficace pour neutraliser le virus, mais elle exige un équipement adéquat et une organisation rigoureuse.
À défaut, de thermisation, le colostrum artificiel peut être une solution pour éviter la transmission du virus, car il est exempt de pathogènes. Cependant, il présente un faible intérêt immunitaire comparé au colostrum naturel. De la même façon, le colostrum de vache est parfois utilisé, car le Caev n’infecte pas les bovins. Cependant, il peut contenir d’autres pathogènes transmissibles aux chèvres, comme les mycoplasmes ou la paratuberculose, si le colostrum n’est pas thermisé…
Par la suite, chevreaux et chevrettes devront être nourris avec du lait sain comme de la poudre de lait ou du lait thermisé. Le lait acidifié n’évite pas le transfert du Caev.
Des chevrettes isolées des adultes
Les chevrettes doivent être élevées séparément des adultes infectés jusqu’à leur intégration au troupeau. L’idéal est d’élever les chevrettes dans un bâtiment distinct. Cette solution garantit une protection optimale, en évitant tout contact direct ou indirect avec des sources potentielles de contamination. « Un bâtiment séparé est la meilleure option, car il isole complètement les jeunes des aérosols et des sécrétions des chèvres adultes », explique Carole Sala.
À défaut, il est possible de créer une séparation physique à l’intérieur du même bâtiment. Une cloison pleine d’au moins deux à trois mètres de hauteur limite efficacement les contacts directs et réduit la dispersion des aérosols infectieux. « Dans ces cas, la ventilation doit être organisée pour que l’air circule des jeunes vers les adultes et non l’inverse ».
La séparation ne s’arrête pas au bâtiment. Les chevrettes doivent également pâturer sur des parcelles distinctes de celles des chèvres adultes, tant pour limiter les infections virales que les problèmes parasitaires. Les boucs qui seront mis avec les chevrettes doivent aussi être sains.
Enfin, il ne sert à rien de séparer les chevrettes si les mêmes équipements ou vêtements sont utilisés pour s’occuper des adultes. La biosécurité doit être intégrée à toutes les étapes. Il est recommandé d’avoir des bottes ou des sabots distincts pour chaque zone du bâtiment, notamment entre les espaces réservés aux chevrettes et ceux des chèvres adultes. De même, avoir un tablier ou, mieux, une tenue pour chaque espace réduit les risques de contaminations croisées. Avoir des points d’eau pour se laver les mains permet de limiter le transport de virus.
Les primipares séparées et une réforme rapide des animaux cliniques
Dans le prolongement de la séparation des chevrettes, on cherchera à séparer les primipares du reste du troupeau. « Maintenir les primipares éloignées des multipares permet de retarder leur infection », explique Carole Sala. Idéalement, les primipares doivent être regroupées dans un lot distinct dans un bâtiment séparé. À défaut, une séparation par une cloison pleine de deux à trois mètres est préférable à une séparation uniquement par le couloir d’alimentation.
À la traite, les primipares doivent passer en premier pour éviter toute contamination mécanique via le matériel. La séparation devra aussi être maintenue au pâturage.
Les chèvres présentant des signes cliniques avancés, comme des arthrites sévères, des mammites dures ou un amaigrissement progressif, sont souvent les plus contagieuses pour leurs congénères. Carole Sala explique : « Les animaux cliniques libèrent davantage de virus dans leur environnement. Les identifier et les réformer rapidement est une priorité pour limiter la contamination des autres chèvres. » En pratique, ces chèvres doivent être isolées dès l’apparition des symptômes, et traites en dernier si elles ne sont pas immédiatement réformées. Dans un souci d’efficacité, ces différentes étapes de maîtrise doivent être mises en place dans l’ordre et chaque étape maintenue dès lors que l’on en ajoute une nouvelle.
Des mesures préventives contre le Caev
Les mesures de biosécurité jouent un rôle central dans la maîtrise du Caev, en limitant la transmission du virus au sein du troupeau et lors des échanges d’animaux. Carole Sala insiste : « La biosécurité doit être une routine, intégrée à chaque étape de la gestion du troupeau. C’est un investissement quotidien qui prévient des pertes importantes à long terme. » Parmi les mesures préventives générales, l’introduction de nouveaux animaux doit être si possible évitée et sinon strictement contrôlées. On privilégiera les achats dans des troupeaux garantis indemnes, accompagnés de dépistages préalables et d’une période de quarantaine.
Les équipements tels que des sabots et tenues spécifiques par zone, le lavage systématique des mains et du matériel entre les manipulations et l’utilisation d’aiguilles à usage unique lors des soins sont des gestes simples mais efficaces. Les troupeaux caprins doivent être séparés des ovins, tant dans les bâtiments qu’au pâturage.
Enfin, l’organisation des soins selon une logique de marche en avant – en commençant par les animaux les plus jeunes et les plus sains – permet de réduire le risque de diffusion du virus. Ces mesures, rigoureusement appliquées, renforcent l’ensemble des stratégies sanitaires.
Coté web
Recommandations pour la maîtrise du Caev et l’assainissement des troupeaux
GDS France a mis en ligne en juin 2023 un guide qui détaille les bonnes pratiques pour tenter de réduire les effets du Caev dans les troupeaux caprins.
Ce document de 22 pages est à télécharger sur gdsfrance.org/des-recommandations-pour-aider-a-la-maitrise-du-caev-dans-les-elevages-caprins/