Pucerons sur betteraves : « Une situation extrême avec un risque de perte de rendement de 30 à 50 % »
En quelques jours, la plaine betteravière a vu s'abattre une vague de pucerons. Le seuil de traitement est atteint dans une très grande majorité de sites dans les zones de production. La CGB demande en urgence une dérogation pour utiliser le Teppeki dès le stade 2 feuilles.
En quelques jours, la plaine betteravière a vu s'abattre une vague de pucerons. Le seuil de traitement est atteint dans une très grande majorité de sites dans les zones de production. La CGB demande en urgence une dérogation pour utiliser le Teppeki dès le stade 2 feuilles.
C’est une vague de puceron qui s’est abattue en moins d’une semaine sur les plaines betteravières françaises. En quelques jours, le nombre de sites du réseau Alerte pucerons dépassant le seuil de déclenchement de traitement contre le puceron vert a explosé. Alors que de rares sites étaient concernés au 14 avril, c’est la quasi totalité des régions de production qui était concernée au 22 avril. Dans un communiqué, la CGB fait ainsi état d'une « infestation inédite de pucerons verts » et craint de gros dégâts liés notamment à la jaunisse, transmise par ces ravageurs.
« Risque très élevé de jaunisse »
La précocité de l'attaque a pris de court la filière. Il faudra encore du temps pour déterminer la proportion de Myzus persicae, principale espèce de pucerons verts vectrice de la jaunisse, et surtout la part des individus porteurs du virus. Le résultat des analyses ne devrait pas être disponible avant deux semaines. « Sur la base des observations de 2019, on a la certitude qu'avec un tel développement de pucerons verts, nous sommes confrontés à un risque très élevé de jaunisse, souligne Nicolas Rialland, à la CGB. Il n'y a pas 100 % de pucerons virulifères, mais, vu leur nombre, la jaunisse va se développer. Nous sommes dans une situation extrême, avec un risque de perte de rendement de 30 à 50 %. » Même sentiment de la part d'Anne-Laure Chambenoit, adjointe régionale à la délégation Centre Val-de-Loire de l'ITB : « Les tests sont en cours, mais en 2019 Myzus persicae représentait 30 % des populations, dont 50 % étaient virulifères. Ils ont passé l'hiver ici et se sont reproduits, nous serions très étonnés si la jaunisse n'était pas présente cette année. »
En outre, vu la précocité des arrivées de pucerons, les betteraves vont être exposées à une durée maximale d'exposition, qui s'étale jusqu'à la couverture du sol. Depuis l’interdiction des néonicotinoïdes, deux produits insecticides seulement sont conseillés : le Teppeki (flonicamide), autorisé à partir de 6 feuilles et le Movento (spirotétramate), qui vient d’obtenir une dérogation sur betterave pour la deuxième année consécutive.
« Le seuil de traitement est atteint, et il n'y a pas débat, il faut intervenir, avertit Cédric Royer, spécialiste de la protection des plantes à l'ITB. Il faut éviter les pyrèthres et traiter avec les produits homologués et conseillés, à savoir le Movento et le Teppeki. »
Au stade actuel des betteraves, seul le Movento est autorisé (à partir de 2 feuilles), les betteraves n'ayant pas atteint les 6 feuilles nécessaires pour traiter avec le Teppeki. L'efficacité du Movento est actuellement favorisée par les conditions poussantes. Il reste toutefois des inconnues sur son efficacité à un stade aussi jeune de la betterave, et au coeur de la période de désherbage. « Le Movento est très dépendant de la systémie, rappelle Alexandre Métais, responsable régional de l'ITB en Normandie. Dans l'état actuel des connaissances, nous recommandons de le positionner deux ou trois jours avant un désherbage, ou quatre à cinq jours après. »
Selon la CGB, ce produit « est purement systémique et son efficacité est insuffisamment rapide et durable en cas de forte infestation. A l’inverse, le Teppeki s’avère plus opérant dans la situation actuelle ». Cela fait dire à Nicolas Rialland que « les solutions réglementaires alternatives aux néonicotinoïdes fonctionnaient l'an dernier, avec une pression normale, mais cette année c'est très insuffisant en raison de la gravité exceptionnelle de l'infestation ».
Pouvoir utiliser le Teppeki dès le stade 2 feuilles
La CGB demande donc aux pouvoirs publics d’accorder en urgence deux dérogations : pouvoir utiliser le Teppeki dès 2 feuilles, et pouvoir intervenir à deux reprises avec ce produit (une seule application est autorisée actuellement, même à dose réduite) afin de pouvoir couvrir toute la durée de l'exposition des betteraves. Utiliser des produits complémentaires avec des modes d'action différents est toutefois important pour éviter l'apparition des résistances.