Prix du soja : « Je limite l’achat de correcteur en complémentant les vaches en acides aminés »
L’EARL de la Grandinière, en Mayenne, n’a pas attendu la flambée du prix des matières premières pour chercher des leviers de réduction de ses achats de concentrés.
L’EARL de la Grandinière, en Mayenne, n’a pas attendu la flambée du prix des matières premières pour chercher des leviers de réduction de ses achats de concentrés.
À la tête d’une exploitation de polyculture-élevage, Olivier Thibault a opté pour un système intensif. Il produit 805 000 litres à 44 de TB et 34 de TP avec 90 vaches traites en système robotisé, et le maïs ensilage représente entre 50 et 70 % de la ration des laitières selon la saison. « Dans le contexte actuel de flambée du prix des matières premières, ma marge va forcément être pénalisée, même si j’ai l’habitude d’anticiper en passant des contrats et en stockant en vrac, dépeint l’éleveur, dont les besoins s’élèvent à 120 tonnes de correcteur par an. Je me suis couvert début avril avec un 6 de novembre (60 t à 420 €/t) mais le prix de l’aliment à base de tourteau de soja et de colza (50/50) était déjà 50 €/t plus élevé que celui de mon précédent contrat. »
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Olivier sait aussi que les conséquences pourraient être pires dans un système tel que le sien s’il n’avait pas cherché ces dernières années à limiter sa dépendance en concentrés. « Certes, j’essaie d’être opportuniste dans mes achats, mais en parallèle, je tâche aussi de trouver des solutions pour limiter les besoins en correcteurs. » En quatre ans, Olivier a réussi à réduire significativement la consommation en concentrés du troupeau, sans pénaliser les taux, ni la production par vache qui a plutôt tendance à augmenter. « Concrètement, aujourd’hui, j’ai réussi à économiser 0,5 à 1 kg de correcteur par vache et par jour à l’auge et 0,5 kg au robot, se félicite-t-il. Notamment en gagnant en efficacité protéique de la ration. »
Compenser la réduction de tourteau par un apport de lysine et méthionine
L’hiver, les vaches reçoivent 15 kg MS de maïs ensilage, 2,5 kg de maïs grain humide, 2 kg MS d’ensilage d’herbe, 150 g de CMV, 100 g de lithotamne, 70 g d’urée et de sel. La complémentation à l’auge se limite à 2 kg en moyenne de correcteur, et descend à 1,5 kg quand Olivier affourage les laitières en colza fourrager. Au robot, elle n’excède pas 1,5 kg de tourteau tanné et 1,5 kg de VL 4 l en moyenne, soit 100 g de concentrés par litre, ce qui se révèle assez limité, la moyenne tournant autour de 150 g/l, d’après Dominique Landais de Seenovia.
Olivier cherche aussi à produire davantage de protéines par les fourrages, mais pour l’instant il reste un peu sur sa faim. « Je n’ai pas été convaincu par les performances de la luzerne sur l’exploitation même en chaulant. J’aimerais trouver un fourrage riche en azote, mais qui fasse également du tonnage par hectare. » Ce printemps, il s’apprête à récolter 25 hectares de RGI-TV semé après l’été dernier. « D’habitude, j’arrive à sortir 4 tMS/ha autour de 17 % de MAT. C’est déjà ça, mais c’est loin d’être suffisant pour corriger la ration totale ! », regrette-t-il.
L’affouragement en vert est un autre levier. L’éleveur affourage ses vaches en colza fourrager (6 ha) de mi-octobre à fin janvier. Je choisis des parcelles qui portent bien. Je récolte au Taarup, l’affouragement me prend 40 minutes par jour. « En distribuant 1,5 kg de colza par vache par jour, j’ai réduit de 500 g le tourteau à l’auge. » Ce printemps, Olivier va également affourager en vert ses laitières avec du RGA-TV (6 ha) en complément du pâturage. Les laitières accèdent à 15 hectares de prairies. Elles pâturent minimum 150 jours par an, conformément au cahier des charges de Bel. « À l’herbe, je réduis le tourteau à l’auge, mais j’en laisse au minimum 1 kg car l’herbe ne dépasse pas 5 kg MS. »
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Bien choisir ses aliments
Olivier fait le choix d’aliments assez techniques. « Je ne m’arrête pas qu’à la teneur en MAT et aux UF. Je pose des questions sur la composition en matières premières, la teneur en oligoéléments, les acides aminés… Plus que le prix, c’est le retour sur investissement qui m’intéresse. Quand je vois l’état corporel des vaches, les vaches en forme avec un poil brillant, moins de problèmes métaboliques et moins de frais véto, je me dis que ça vaut le coup. » L’éleveur ajuste aussi l’aliment utilisé en fonction de ses analyses de fourrages tous les deux mois, et du taux d’urée.