Prix des engrais : la taxe anti-dumping aggrave la situation
La mesure maintenue par Bruxelles amplifie la hausse des prix et congestionne le marché des engrais. Les syndicats agricoles l'estiment désuete et demandent sa suspension.
La mesure maintenue par Bruxelles amplifie la hausse des prix et congestionne le marché des engrais. Les syndicats agricoles l'estiment désuete et demandent sa suspension.
Devant la flambée des prix des engrais azotés, l’AGPB, l’AGMP, la CGB, la FOP montent au créneau. Les organisations professionnelles viennent de réclamer « une levée immédiate et temporaire des barrières tarifaires à l’importation des engrais azotés. » Les associations spécialisées de la FNSEA appuient ainsi la demande du syndicat européen COPA-COGECA de suspendre la mesure anti-dumping sur les engrais azotés auprès des autorités européennes, effectuée en avril dernier mais aujourd’hui restée lettre morte. Leur demande inclue également la suspension d'une taxe antidumping sur les ammonitrates et la suspension des droits de douanes normaux de 6,5%.
Sans s’associer à la démarche, la Coordination Rurale a également fait part de sa « très grande inquiétude ». Sa branche France Grandes Cultures demande l’intervention de l’Etat afin de sécuriser la production nationale et les importations d’engrais azoté.
La Commission européenne a imposé les taxes sur la solution azotée en octobre 2019 suite à la demande d’industriels polonais et lituaniens. Elles frappent jusqu’à 43 €/t les importations de solution azotée en provenance des États-Unis, de Trinité-et-Tobago et de Russie. Bref, les principaux producteurs mondiaux de solution azotée.
Or cette taxe, instaurée pour protéger les industriels européens, apparait inutile. Vu les prix actuels, il n’y a plus de dumping. Et cette taxe a des effets pervers : elle réduit la concurrence autant qu'elle désorganise le marché.
« Les producteurs de grandes cultures doivent vendre leurs productions au prix mondial sur un marché ouvert, alors qu’ils achètent les engrais sur un marché européen protégé par des droits de douane et des taxes antidumping », déplore l’AGPB, pour qui cette situation « profondément injuste en temps ordinaire, devient aujourd’hui insupportable ». En examinant les demandes des producteurs, la Commission est en mesure de faire rapidement redescendre la pression. En aura-t-elle la volonté ?
Au delà des incidences (importantes) sur leurs propres revenus, les producteurs pointent la souveraineté alimentaire du pays. « De notre capacité à fertiliser nos cultures, dépend notre capacité à les produire », déclarent en cœur Eric Thirouin (AGPB), Daniel Peyraube (AGPM), Franck Sander (CGB) et Arnaud Rousseau (FOP).