Prairies : les semenciers diversifient les mélanges face aux étés secs
Des mélanges pour prairies prêts à l’emploi composés de cinq à sept espèces, parfois avec plusieurs variétés par espèce, sont proposés par les semenciers. La sélection cherche à améliorer la résistance ou la tolérance au stress hydrique du ray-grass et de la fléole.
Depuis plusieurs années, les semenciers proposent des mélanges prêts à l’emploi pour prairies mixtes fauche pâture, capables de résister au stress hydrique. Ces mélanges comportent entre cinq et sept espèces. Certains associent deux à trois variétés différentes par espèce, comme pour la luzerne (type méditerranéen et type nord), le trèfle blanc (différentes tailles et ports), ou le ray-grass anglais (tétraploïde, diploïde). Ils multiplient ainsi les chances de fournir une prairie à la fois productive, résiliente et résistante.
« Nous misons sur l’interspécificité et l’intraspécificité, résume Laurent Cipiere, responsable business chez Cerience. Dans nos mélanges, nous multiplions le nombre de composants de chaque espèce de dactyle, de fétuque, etc., avec des typologies variétales et des périodes de dormance différentes pour assurer leur présence et une qualité de fourrage. »
Pour Julien Greffier, chef produit fourragères chez Limagrain, « la clé de la réussite dépend de la diversité et de la complémentarité des espèces mais également de leur comportement face aux maladies. Plus elles sont tolérantes, mieux elles résistent aux incidents climatiques ».
Démarrage rapide et épiaison tardive
Parmi les critères de choix des variétés adaptées à ces mélanges, la rapidité du démarrage est importante. « Grâce aux évolutions génétiques, certaines variétés au sein d’une même espèce lèvent plus vite, souligne Jérémy Bonte, responsable développement technique chez Semental. C’est le cas de notre ray-grass anglais Arioso et de notre fétuque élevée de type méditerranéenne Rorante. »
Si la pousse en sortie d’hiver doit être rapide, les variétés de dactyle et de fétuque élevée doivent être tardives, voire très tardives, et souples d’exploitation.
Travailler avec le RGA et la fléole
Souvent, dans les mélanges prêts à l’emploi, la part du ray-grass anglais diminue au profit du dactyle et de la fétuque élevée. « Le ray-grass est intéressant parce qu’il lève vite, et couvre rapidement le sol, indique Laurent Cipiere. En dormance l’été, il permet à la fétuque, au dactyle ou à une légumineuse de pousser l’été sans être concurrencés. »
Jérémy Bonte poursuit : « La fétuque des prés et la fléole rendent le mélange appétent et apportent une valeur alimentaire supérieure à celle du ray-grass. Elles offrent un relais estival. » Pourtant, ces deux espèces ne sont pas résistantes à la sécheresse. Mais Jérémy Bonte constate une nette augmentation de la production dans le nord, mais aussi dans le sud de la France, parce que « la fétuque des prés continue de pousser même à 30 °C contrairement au RGA, et parce que ces espèces sont appétentes. Cependant, il faut au minimum 20 % de fléole (en poids de semences) pour qu’elle puisse s’installer ». Barenbrug travaille sur certaines variétés de fléoles qui seraient plus tolérantes au sec.
Quid des espèces et variétés de demain ?
« Le changement climatique progresse plus vite que la sélection, dont la durée est de près de vingt ans jusqu’à la mise en marché, souligne Gilles Larbaneix, sélectionneur graminées fourragères chez Barenbrug. Nos travaux de recherche consistent à améliorer en continu de multiples espèces : fétuque élevée ou des prés, dactyle, ray-grass italien, annuel ou hybride, brome et fléole, pour ne citer que les principales. »
Le semencier étudie également les nouvelles espèces issues des pays tropicaux (panicum, brachiaria, teff grass, etc.) ou des variétés typées méditerranéennes, principalement pour la fétuque et le dactyle. « Ces variétés présentent l’avantage de rentrer en dormance l’été pour redémarrer à l’automne. Ce type de dactyle n’a pas encore été testé en mélange en France. »