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Foin : concevoir son séchoir en grange en six questions

Comment dimensionner mon séchoir en grange ? Où l’implanter ? Faut-il des panneaux photovoltaïques, des équipements d’appoint ? Avant d’investir, plusieurs points clés doivent être étudiés.

cellules d'un séchoir du foin de grange
Avec l’augmentation de la taille des troupeaux et donc des tonnages de foin récoltés, les équipements d’appoint sont de plus en plus fréquents.
© V. Bargain

Le séchage du foin en grange permet de conserver au maximum la valeur de l’herbe, de limiter les achats de concentré et d’être plus autonome. Plusieurs dispositifs existent. Quelles questions se poser pour affiner son projet de séchoir ? Le point avec Antoine Vaubrun, conseiller à Segrafo, association d’éleveurs pour le développement et la conception de séchoirs à fourrages, céréales et biomasse.

Antoine Vaubrun, conseiller à Segrafo, association d’éleveurs pour le développement et la conception de séchoirs à fourrages, céréales et biomasse.
Antoine Vaubrun, conseiller à Segrafo, association d’éleveurs pour le développement et la conception de séchoirs à fourrages, céréales et biomasse. © V. Bargain

Où implanter son séchoir en grange ?

Antoine Vaubrun - « Une implantation face à la stabulation limite les déplacements de la griffe et assure un confort et une rapidité du travail. L’ambiance du bâtiment d’élevage est toutefois pénalisée. Et le recyclage de l’air, si on utilise un déshumidificateur, est plus difficile.

Une implantation dans le prolongement de la stabulation permet de garder le bâtiment ouvert et de servir le fourrage de chaque côté d’une table d’alimentation centrale. Le travail est toutefois moins rapide et les circuits de travail plus compliqués.

Un séchoir indépendant de la stabulation permet de ne pas modifier le site, mais nécessite l’usage du tracteur et d’une distributrice. »

Quelle taille pour mon séchoir et combien de cellules prévoir ?

A. V. - « L’essentiel est de déterminer le tonnage annuel à stocker selon les fourrages et le nombre d’animaux. Avoir plusieurs cellules permet de trier les coupes par qualité ou espèce. La hauteur étant limitée, la surface au sol des cellules dépend du rythme de récoltes de l’herbe, du tonnage par chantier et de la taille de l’autochargeuse.

Une surface au sol réduite limite le rythme de récoltes. Une surface trop grande implique des équipements plus importants (ventilateurs…) et donc un investissement plus élevé. »

Faut-il installer du photovoltaïque en toiture ?

A. V. - « La plupart des séchoirs utilisent l’énergie solaire pour réchauffer l’air sous toiture avec un capteur solaire. L’air est aspiré entre un matériau thermoconducteur (bac acier foncé) et un isolant (OSB).

Des panneaux photovoltaïques peuvent aussi être ajoutés en toiture. Le rendement thermique augmente un peu (40 % au lieu de 35 % avec du bac acier). Surtout, la toiture produit aussi de l’électricité, pour la vente ou l’autoconsommation. Les panneaux photovoltaïques remplacent le bac acier, ce qui implique une étanchéité à l’air et à l’eau parfaite. 80 % des projets de séchoir en grange intègrent désormais du photovoltaïque. »

Quel est l’intérêt du séchage à plat ?

A. V. - « Le séchoir peut comporter une ou plusieurs cellules de séchage à plat, qui permettent de sécher des graines (maïs grain, sarrasin, colza…) ou de la biomasse (bois déchiqueté, bois bûche, digestat, algues…). Le séchage du foin et le séchage à plat utilisent des équipements en commun, ce qui améliore la rentabilité de l’outil par une plus grande plage d’utilisation sur l’année. Une cellule de séchage à plat peut aussi être ajoutée sur un séchoir en place. »
Lire aussi « Avec un séchoir à plat auto-construit dans un ancien bâtiment, nous limitons l’investissement »

Quels équipements choisir ?

A. V. - « La tendance est d’avoir un ventilateur puissant, qui conserve un débit d’air élevé même quand le foin est tassé, plutôt que plusieurs petits ventilateurs.

La griffe peut ou non réaliser la pesée. Sa longueur dépend de la largeur du séchoir. Elle peut être complétée par un système de translation permettant de travailler sur une plus grande largeur. »

Quel dispositif de traitement de l’air choisir pour mon séchoir ?

A. V. - « Le séchoir peut intégrer un équipement d’appoint pour compléter le séchage solaire et assurer le séchage 24 heures sur 24 et quelles que soient les conditions climatiques.

Trois systèmes sont répandus :

le déshumidificateur, qui déshumidifie l’air provenant du capteur solaire ou l’air recyclé ;

le générateur d’air chaud au bois déchiqueté, qui réchauffe l’air venant du capteur solaire et le renvoie dans le caisson de ventilation ;

la récupération via une batterie d’eau chaude de la chaleur d’un méthaniseur ou d’une chaudière. Une chaudière à biomasse implique d’avoir du bois sur l’exploitation.

Un déshumidificateur consomme de l’électricité, nécessite des installations complémentaires pour assurer un recyclage de l’air efficace, ainsi qu’un entretien approprié, en général assuré par des entreprises spécialisées. Mais il ne nécessite pas de gestion de combustible comme le bois. »

Mise en garde

Attention au contrat d’énergie

Pour s’assurer du prix du kilowattheure de l’énergie sur le long terme, il est conseillé de demander plusieurs devis. Il peut être intéressant de faire appel à un courtier en énergie qui sollicite différents fournisseurs, ou de mettre en place un groupement d’achat d’électricité.

Le séchage en bottes rondes pour les petits tonnages

Le séchage du foin en bottes rondes peut répondre aux attentes d’éleveurs en recherche d’un fourrage de qualité, pour des tonnages d’au plus 250 tonnes par an de foin, car il nécessite beaucoup de manipulations.

Il représente un investissement plus faible que le séchage en vrac et peut être aménagé dans un bâtiment existant ou sous un auvent. Le séchage se fait sur une plateforme équipée de bouches de ventilation. Le séchoir peut être « en dur », avec charpente, maçonnerie… ou « clé en main », sous forme d’une structure métallique rassemblant tous les éléments.

Intégrer le coût de l’énergie dans le raisonnement

Le coût de fonctionnement dépend beaucoup du coût de l’énergie. Attention aux fausses économies au détriment de la sécurisation de la qualité du foin.

Le coût de fonctionnement d’un séchoir dépend d’abord du taux de matière sèche du foin à l’entrée. « Un foin à 40 % MS demande plus de deux fois plus d’énergie pour l’amener à 90 % MS qu’un foin à 60 % MS, souligne Antoine Vaubrun, de Segrafo. Certaines espèces sont aussi plus difficiles à sécher, comme le trèfle violet ou les ray-grass hybrides, alors que la luzerne se sèche très facilement. » La météo influe également sur l’énergie nécessaire pour sécher le foin. Et surtout, le coût de fonctionnement dépend des équipements complémentaires et du coût de l’énergie.

Le coût de fonctionnement le moins élevé est obtenu quand le séchage se fait uniquement grâce au capteur solaire. Selon les références Idele 2022-2023, en conditions normales (foin à 60 % MS, météo clémente), il est d’environ 13 €/t de foin sec. « L’énergie est gratuite, mais le séchage n’est pas sécurisé », souligne Tanguy Morel, d’Idele.

Si le séchoir ne comporte pas de capteur solaire et que les ventilateurs n’utilisent que l’air ambiant, le coût de fonctionnement est de 17 €/t. Mieux vaut donc s’équiper de capteurs solaires. « Ils coûtent 25 à 40 €/m² et s’amortissent très vite. Ils sont aujourd’hui systématiques », note Tanguy Morel.

Des coûts de 13 à 36 €/t de foin sec

Avec un déshumidificateur en plus du capteur solaire, le coût de fonctionnement est de 20 à 23 €/t selon le prix d’achat de l’électricité. « De plus en plus d’éleveurs équipent leur séchoir de photovoltaïque en autoconsommation avec vente du surplus, ce qui permet de bloquer le prix du kilowattheure », constate Antoine Vaubrun.

Un déshumidificateur d'air pour du séchage en grange.
Un déshumidificateur d'air consomme de l’électricité, nécessite des installations complémentaires pour assurer un recyclage de l’air efficace, ainsi qu’un entretien approprié. © C. Pruilh

Avec un générateur d’air chaud – en plus du capteur solaire – utilisant le bois déchiqueté de la ferme, le coût varie de 21 à 26 €/t selon le coût du broyage, de la livraison éventuelle et du stockage. Si le bois doit être acheté, le coût de fonctionnement augmente encore de 5 à 10 €/t.

V. B.

 

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