Foin : concevoir son séchoir en grange en six questions
Comment dimensionner mon séchoir en grange ? Où l’implanter ? Faut-il des panneaux photovoltaïques, des équipements d’appoint ? Avant d’investir, plusieurs points clés doivent être étudiés.
Comment dimensionner mon séchoir en grange ? Où l’implanter ? Faut-il des panneaux photovoltaïques, des équipements d’appoint ? Avant d’investir, plusieurs points clés doivent être étudiés.
Le séchage du foin en grange permet de conserver au maximum la valeur de l’herbe, de limiter les achats de concentré et d’être plus autonome. Plusieurs dispositifs existent. Quelles questions se poser pour affiner son projet de séchoir ? Le point avec Antoine Vaubrun, conseiller à Segrafo, association d’éleveurs pour le développement et la conception de séchoirs à fourrages, céréales et biomasse.
Où implanter son séchoir en grange ?
Une implantation dans le prolongement de la stabulation permet de garder le bâtiment ouvert et de servir le fourrage de chaque côté d’une table d’alimentation centrale. Le travail est toutefois moins rapide et les circuits de travail plus compliqués.
Un séchoir indépendant de la stabulation permet de ne pas modifier le site, mais nécessite l’usage du tracteur et d’une distributrice. »
Quelle taille pour mon séchoir et combien de cellules prévoir ?
Une surface au sol réduite limite le rythme de récoltes. Une surface trop grande implique des équipements plus importants (ventilateurs…) et donc un investissement plus élevé. »
Faut-il installer du photovoltaïque en toiture ?
Des panneaux photovoltaïques peuvent aussi être ajoutés en toiture. Le rendement thermique augmente un peu (40 % au lieu de 35 % avec du bac acier). Surtout, la toiture produit aussi de l’électricité, pour la vente ou l’autoconsommation. Les panneaux photovoltaïques remplacent le bac acier, ce qui implique une étanchéité à l’air et à l’eau parfaite. 80 % des projets de séchoir en grange intègrent désormais du photovoltaïque. »
Quel est l’intérêt du séchage à plat ?
Quels équipements choisir ?
La griffe peut ou non réaliser la pesée. Sa longueur dépend de la largeur du séchoir. Elle peut être complétée par un système de translation permettant de travailler sur une plus grande largeur. »
Quel dispositif de traitement de l’air choisir pour mon séchoir ?
Trois systèmes sont répandus :
• le déshumidificateur, qui déshumidifie l’air provenant du capteur solaire ou l’air recyclé ;
• le générateur d’air chaud au bois déchiqueté, qui réchauffe l’air venant du capteur solaire et le renvoie dans le caisson de ventilation ;
• la récupération via une batterie d’eau chaude de la chaleur d’un méthaniseur ou d’une chaudière. Une chaudière à biomasse implique d’avoir du bois sur l’exploitation.
Un déshumidificateur consomme de l’électricité, nécessite des installations complémentaires pour assurer un recyclage de l’air efficace, ainsi qu’un entretien approprié, en général assuré par des entreprises spécialisées. Mais il ne nécessite pas de gestion de combustible comme le bois. »
Mise en garde
Attention au contrat d’énergie
Pour s’assurer du prix du kilowattheure de l’énergie sur le long terme, il est conseillé de demander plusieurs devis. Il peut être intéressant de faire appel à un courtier en énergie qui sollicite différents fournisseurs, ou de mettre en place un groupement d’achat d’électricité.
Le séchage en bottes rondes pour les petits tonnages
Le séchage du foin en bottes rondes peut répondre aux attentes d’éleveurs en recherche d’un fourrage de qualité, pour des tonnages d’au plus 250 tonnes par an de foin, car il nécessite beaucoup de manipulations.
Il représente un investissement plus faible que le séchage en vrac et peut être aménagé dans un bâtiment existant ou sous un auvent. Le séchage se fait sur une plateforme équipée de bouches de ventilation. Le séchoir peut être « en dur », avec charpente, maçonnerie… ou « clé en main », sous forme d’une structure métallique rassemblant tous les éléments.
Intégrer le coût de l’énergie dans le raisonnement
Le coût de fonctionnement dépend beaucoup du coût de l’énergie. Attention aux fausses économies au détriment de la sécurisation de la qualité du foin.
Le coût de fonctionnement d’un séchoir dépend d’abord du taux de matière sèche du foin à l’entrée. « Un foin à 40 % MS demande plus de deux fois plus d’énergie pour l’amener à 90 % MS qu’un foin à 60 % MS, souligne Antoine Vaubrun, de Segrafo. Certaines espèces sont aussi plus difficiles à sécher, comme le trèfle violet ou les ray-grass hybrides, alors que la luzerne se sèche très facilement. » La météo influe également sur l’énergie nécessaire pour sécher le foin. Et surtout, le coût de fonctionnement dépend des équipements complémentaires et du coût de l’énergie.
Le coût de fonctionnement le moins élevé est obtenu quand le séchage se fait uniquement grâce au capteur solaire. Selon les références Idele 2022-2023, en conditions normales (foin à 60 % MS, météo clémente), il est d’environ 13 €/t de foin sec. « L’énergie est gratuite, mais le séchage n’est pas sécurisé », souligne Tanguy Morel, d’Idele.
Si le séchoir ne comporte pas de capteur solaire et que les ventilateurs n’utilisent que l’air ambiant, le coût de fonctionnement est de 17 €/t. Mieux vaut donc s’équiper de capteurs solaires. « Ils coûtent 25 à 40 €/m² et s’amortissent très vite. Ils sont aujourd’hui systématiques », note Tanguy Morel.
Des coûts de 13 à 36 €/t de foin sec
Avec un déshumidificateur en plus du capteur solaire, le coût de fonctionnement est de 20 à 23 €/t selon le prix d’achat de l’électricité. « De plus en plus d’éleveurs équipent leur séchoir de photovoltaïque en autoconsommation avec vente du surplus, ce qui permet de bloquer le prix du kilowattheure », constate Antoine Vaubrun.
Avec un générateur d’air chaud – en plus du capteur solaire – utilisant le bois déchiqueté de la ferme, le coût varie de 21 à 26 €/t selon le coût du broyage, de la livraison éventuelle et du stockage. Si le bois doit être acheté, le coût de fonctionnement augmente encore de 5 à 10 €/t.
V. B.