Les mycotoxines peuvent agir sur les fœtus des truies
Plusieurs mycotoxines agissent sur le système de reproduction de la truie. La principale, la zéaralénone, peut avoir un effet transgénérationnel et impacter les porcelets sur le long terme.
Plusieurs mycotoxines agissent sur le système de reproduction de la truie. La principale, la zéaralénone, peut avoir un effet transgénérationnel et impacter les porcelets sur le long terme.
L’ingestion par la truie de matières premières contaminées par des mycotoxines peut avoir des conséquences importantes sur le système reproducteur des truies, voire sur leurs descendants. La principale mycotoxine agissant sur la reproduction est la zéaralénone, produite par le champignon Fusarium, contaminant principalement le blé et le maïs.
C’est une mycotoxine reprotoxique, c’est-à-dire qu’elle agit principalement sur le système reproducteur. Elle a des effets néfastes directs sur la fonction sexuelle, la fertilité et peut impacter le système hormonal en agissant comme perturbateur endocrinien. « L’espèce porc y est très sensible. Des effets sont observés à partir d’une concentration de 10 microgrammes par kilo et par jour sur des cochettes prépubères, 40 sur des truies multipares contre 7 500 microgrammes sur des volailles », a illustré Laura Soler-Vasco, chercheuse à l’Inrae de Toulouse (UMR Toxalim), lors d’une réunion organisée par DSM.
Des effets transgénérationnels sur les truies
Le Don impacte aussi la reproduction des truies
En dehors des mycotoxines reprotoxiques, d’autres mycotoxines ayant des effets globaux sur l’organisme peuvent aussi avoir une incidence importante sur la reproduction. C’est par exemple le cas des alcaloïdes de l’ergot induisant une augmentation des contractions utérines, une baisse de la fertilité et une agalactie. Provoquant des troubles neurotoxiques (convulsions), elles sont présentes dans les céréales (seigle surtout), dans le foin et la paille (risque lors d’apport de fourrage ou de litière). C’est aussi le cas de la mycotoxine la plus courante, le déoxynivalénol (Don) ou de la toxine T-2, sa « cousine », plus pathogène mais plus rare, toutes deux contaminant le blé et le maïs. Les effets toxiques les plus connus du Don sont le vomissement (raison pour laquelle il est appelé vomitoxine) et la perte de poids. Chez les femelles, il induit aussi un dérèglement hormonal et une réduction des ovocytes. « En cas d’exposition en début de gestation, cette toxine altère le développement embryonnaire. »
Des effets synergiques entre mycotoxines
Le Don a également des effets transgénérationnels et peut impacter la physiologie des porcelets durant toute leur vie. « Un essai de contamination de la truie en Don sur les deux à trois derniers jours de gestation a montré une teneur élevée dans le sang des porcelets durant plusieurs semaines et une altération du fonctionnement de leur système immunitaire. »
Le risque de mycotoxines ne s’évalue donc pas seulement en fonction des dépassements de seuils de toxicité. Il faut aussi tenir compte des effets additionnels entre mycotoxines. Par ailleurs, une exposition dans la durée même à de petites doses, peut aussi avoir une incidence. L’observation du comportement des animaux doit aussi constituer des signes d’alertes.
En savoir plus
Le porc est une espèce particulièrement sensible aux mycotoxines, pour des raisons physiologiques et parce qu’ils sont granivores, les céréales étant des matières premières plus à risques.
Mise en garde
La zéaralénone peut aussi avoir des effets sur d’autres organes comme l’intestin, le foie ou le système immunitaire, en altérant par exemple la réponse vaccinale.
Attention aux mycotoxines dans les coproduits 2022
Les enquêtes mycotoxines 2022 de DSM en France montrent une prévalence plus élevée sur les coproduits du blé et du maïs, avec un risque d’effet additionnel sur l’aliment complet.
Un effet d’additivité des mycotoxines
La vigilance doit porter en particulier sur les coproduits du blé et du maïs, qui selon l’enquête de DSM montrent des prévalences importantes et une contamination par de multiples mycotoxines (alcaloïdes de l’ergot, zéaralénone, ochratoxines, trichothécénes B…). « Même si les contaminations de chaque matière première sont modérées, elles s’additionnent dans l’aliment fini. » De ce fait, Laure Rouxel suggère d’adapter le plan de contrôle mycotoxines en réduisant les analyses sur les céréales seules (sauf pour celles sur maïs grain humide chez les éleveurs « fafeurs ») et en accentuant le suivi des aliments finis, en particulier pour les stades physiologiques les plus sensibles (porcelet, truie allaitante et cochette).
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