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Marché du Porc Breton, 50 ans et toujours indispensable

Malgré les critiques et la baisse du nombre de porcs signalées chaque semaine, le marché du porc breton s'avère toujours indispensable à la filière porcine. Ses 50 ans fêtés le 15 juin dernier l'ont prouvé.

François Pot, président du MPB, a mis en avant l'esprit pionnier des créateurs du marché du porc breton, dont  le finistérien Jean Moal, président de 1981 à 1992.
François Pot, président du MPB, a mis en avant l'esprit pionnier des créateurs du marché du porc breton, dont le finistérien Jean Moal, président de 1981 à 1992.
© D. Poilvet

15 juin 1972-15 juin 2022. Au jour près, les dirigeants du marché du porc breton ont décrit les 50 ans de ce pilier de la filière porcine française, sans doute unique en son genre en Europe et dans le monde.

Voir aussi la vidéo des 50 ans du MPB

«  Aujourd'hui, notre association est reconnue par l'ensemble de nos concurrents européens , a souligné François Pot, son président. Ils admettent en elle le bien-fondé de son fonctionnement avec une convention pesée-classement et une garantie de paiement . »

À l'origine de cette organisation, quatre personnalités : Alexis Gourvennec, créateur de la Sica de Saint-Pol-de-Léon pour mettre en marché via un système de cadran les légumes du Nord Finistère, et qui s'en est inspiré pour proposer un fonctionnement similaire pour le porc ;Jean Moal, cofondateur de la Sica de Saint-Pol-de-Léon et président du MPB de 1981 à 1992 ; Sébastien Coupé, fondateur de la Cooperl et Jean Floc'h, premier directeur de la Cooperl et fondateur du groupe éponyme. «  Même avec des intérêts divergents au sein de vos entreprises respectives, votre projet était clair : transparence dans les transactions. »

Moins de porcs présentés depuis 2015

Cinquante ans après, le marché du porc breton fonctionne toujours, malgré le désengagement du groupe Bigard et de Cooperl et une baisse importante du nombre de porcs présentés chaque semaine. «  La crise de 2015 a failli porter un coup fatal au MPB  », se souvient Michel Bloc'h, le président de l'Union des groupements des producteurs de porcs bretons (UGPVB).

Avec un prix bloqué à 1,40 euro le kilo, les abatteurs ne peuvent plus être compétitifs face aux Allemands et des Espagnols. «  Il a fallu repartir de zéro en relookant la convention au détriment des éleveurs  », regrette François Pot. Résultat, une baisse importante du nombre de porcs présentés chaque semaine, qui est passé de 60 000 à 30 000. « Le dossier de la représentativité sur le catalogue est toujours sur la table  », constate-t-il.

Cependant, le MPB continue toujours de fonctionner. «  Au fil du temps, il s'est adapté aux nouvelles données, comme les séances de vente dématérialisées et les indications des signes de qualité sur le catalogue . » Les règles de fonctionnement ne sont pas figées. «  Les lignes bougeront encore si la demande en est faite au titre du collectif. Le mâle entier peut et doit être le parfait exemple de cette marche en avant avec un niveau de plus-value transparente . » De même, le président n'est pas contre l'arrivée de nouveaux acheteurs. « Il y a des abattoirs hors Grand Ouest qui achètent des cochons bretons. Ils doivent juste apporter une garantie de paiement pour acheter au MPB.  »

Une référence hors Bretagne

Le débat qui a eu lieu entre différents représentants d'entreprise de la filière a confirmé le caractère indispensable d'un marché libre et transparent. «  Le MPB est l'ADN de Porélia  », a souligné Morgane Rannou, la présidente de ce groupement. «  Pour nos adhérents, être présent au MPB permet de choisir ses partenaires et être libre de ses choix. »

Représentant des jeunes agriculteurs, Thomas Guégan, éleveurs dans le Morbihan, s'est toutefois mis en garde contre le défaut d'information et de connaissance qui peut arriver à une remise en cause injustifiée du cadran. «  Pour y souffrir, les jeunes doivent avoir accès à toutes les informations afin de faire leur choix en connaissance de cause et sans préjugés. »

Philippe Bizien, le président d'Evel'up, déplore quant à lui le manque d'unanimité à soutenir l'organisation. «  Le collectif ne se décrète pas, il doit se construire , souligne-t-il. Mais il faut être convaincu de son intérêt. Je n'ai pas l'impression que tout le monde le soit. »

Même en dehors de la Bretagne, le MPB est une référence. Georges Champeix, dirigeant des Salaisons de l'Ardèche, le souligne, même s'il estime qu'il existe actuellement un problème de représentativité qu'il faut résoudre au plus vite. «  Le MPB est l'indicateur incontournable pour toute transaction avec notre amont (les abattoirs) mais aussi pour négocier les prix avec l'aval et la grande distribution. » Même son de cloche de la part du directeur du groupe salaisonnier Aoste, Philippe Duriez. «  Nous prenons le MPB en référence depuis 2014 pour tous nos achats. Cela apporte de la sérénité dans nos discussions avec les abattoirs. C'est une approche gagnante-gagnante entre tous les partenaires de la filière.  »

Michel Bloc’h, président de l’UGPVB « Le MPB fonctionne, mais pas de façon optimale puisqu’il n’y a pas assez de porcs présentés. C’est pourquoi nous avons créé l’AOP. MPB et AOP sont indissociables ».
Michel Bloc’h, président de l’UGPVB « Le MPB fonctionne, mais pas de façon optimale puisqu’il n’y a pas assez de porcs présentés. C’est pourquoi nous avons créé l’AOP. MPB et AOP sont indissociables ». © D. Poilvet
Marcel Corman, ancien président de l’UGPVB « Le MPB est la mémoire vivante du passage d’une agriculture moyenâgeuse à une agriculture moderne et performance
Marcel Corman, ancien président de l’UGPVB « Le MPB est la mémoire vivante du passage d’une agriculture moyenâgeuse à une agriculture moderne et performance © D. Poilvet
 
 
Philippe Bizien, président d’Evel’up et du CRP Bretagne « J’ai du mal à imaginer un monde sans prix public. Le MPB est l’outil de référence national pour beaucoup de transactions. Ensuite, en fonction des cochons commercialisés, on y ajoute des plus-value afin de les payer à leur juste valeur ».
Philippe Bizien, président d’Evel’up et du CRP Bretagne « J’ai du mal à imaginer un monde sans prix public. Le MPB est l’outil de référence national pour beaucoup de transactions. Ensuite, en fonction des cochons commercialisés, on y ajoute des plus-value afin de les payer à leur juste valeur ». © D. Poilvet
Thomas Guégan, éleveur dans le Morbihan « Le regard des jeunes. Pour certains, le collectif est très présent. Pour d’autres le MPB s’apparente à un cartel. L’information doit être la plus claire possible afin que chacun se fasse sa propre opinion ».
Thomas Guégan, éleveur dans le Morbihan « Le regard des jeunes. Pour certains, le collectif est très présent. Pour d’autres le MPB s’apparente à un cartel. L’information doit être la plus claire possible afin que chacun se fasse sa propre opinion ». © D. Poilvet
Paul Auffray président de l’Ifip. « Les relations entre les acteurs du MPB se sont tendues au fil des ans. Il faut que la filière se donne les moyens de renouer le dialogue en toute franchise pour sortir du marasme actuel et aller de nouveau de l’avant. »
Paul Auffray président de l’Ifip. « Les relations entre les acteurs du MPB se sont tendues au fil des ans. Il faut que la filière se donne les moyens de renouer le dialogue en toute franchise pour sortir du marasme actuel et aller de nouveau de l’avant. » © D. Poilvet
George Champeix, les Salaisons de l’Ardèche « Il faut renverser la table et remettre les couverts en ordre. Il y a un problème de représentativité qui risque de décrédibiliser le porc. L’outil doit être amélioré ».
George Champeix, les Salaisons de l’Ardèche « Il faut renverser la table et remettre les couverts en ordre. Il y a un problème de représentativité qui risque de décrédibiliser le porc. L’outil doit être amélioré ». © D. Poilvet
François Valy, président de la Fédération nationale Porcine. « Le MPB doit toujours exister pour avoir un indicateur de prix transparent. Cependant, nous ne pouvons plus installer des jeunes comme hier. Un prix de base reconnu de tous doit pouvoir être associé à une contractualisation. »
François Valy, président de la Fédération nationale Porcine. « Le MPB doit toujours exister pour avoir un indicateur de prix transparent. Cependant, nous ne pouvons plus installer des jeunes comme hier. Un prix de base reconnu de tous doit pouvoir être associé à une contractualisation. » © D. Poilvet

 

Un accord trouvé pour plus de cochons au MPB

Sous l'impulsion du groupement Evel'up et de son président Philippe Bizien, les huit groupements apporteurs au MPB (Elpor, Seretal, Syproporcs, Porvéo, Porc Armor, Eureden et Agrial, devraient s'ajouter Evel'up et Porélia, déjà fortement impliqués dans le MPB), se sont engagés à apporter 15 % de leur production hebdomadaire au marché. « L'avenir du MPB dépend de leur engagement à tenir leur promesse », souligne le groupement. Cette décision fait suite à « un appel à un sursaut collectif » formulée le 5 mai par Evel'up auprès des autres groupements aval du Grand Ouest, rétrogradé que ce n'était pas à lui seul et à Porélia de porter à bout de bras l 'offre au MPB.Après avoir constaté que cette demande n'avait pas été suivie d'effets, le premier fournisseur de porcs cadran avait menacé le 30 mai de se désengager du marché. Cet ultimatum a eu finalement pour effet de relancer la solidarité collective. À raison d'une augmentation de 1 % des apports par semaine, l'objectif devrait être atteint à la fin août. « La défense de l'intérêt de tous les éleveurs de porcs français est à ce prix. Evel'up sera vigilant quant au respect de l'engagement de chaque président », conclu Philippe Bizien.

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