Les temps sont durs pour les élevages de porcs alternatifs allemands
En Allemagne, environ 1,5 % des porcs étaient produits en 2021 dans des bâtiments alternatifs ouverts sur l’extérieur. Ce taux ne devrait guère augmenter à court terme du fait de la hausse des coûts et de la baisse du pouvoir d’achat des ménages.
En Allemagne, environ 1,5 % des porcs étaient produits en 2021 dans des bâtiments alternatifs ouverts sur l’extérieur. Ce taux ne devrait guère augmenter à court terme du fait de la hausse des coûts et de la baisse du pouvoir d’achat des ménages.
Les éleveurs allemands vivent depuis le début des années 2010 une forte pression sociétale, politique et réglementaire autour du bien-être animal. La succession de crises sanitaires, géopolitiques et économiques depuis 2020 a plongé l’élevage porcin outre-Rhin dans une crise existentielle : en un an, l’Allemagne a perdu 10 % de ses éleveurs et de ses porcs. Son cheptel porcin est à son plus bas niveau depuis 30 ans.
Pour certains éleveurs, le bien-être animal représente un espoir de plus-values et de garantie d’enlèvement. Jusqu’à peu en effet, la consommation de porc baissait outre-Rhin mais la demande en porc « bien-être » augmentait. Cependant, 2022 a porté un coup d’arrêt à la rentabilité de ce type de production, ceci pour deux raisons.
Forte hausse du coût de revient
La Chambre d’agriculture de Rhénanie du Nord a calculé le coût de revient du porc pour les quatre niveaux de mode d’élevage définis en 2019 (voir encadré). Entre la moyenne sur 2017-2021 et 2022, il est passé de 1,59 à 2,35 euros le kilo de carcasse en HF2 (bâtiment amélioré, 10 % de surface en plus), de 1,87 à 2,77 euros le kilo en HF3 (accès à l’air libre) et de 2,00 à 2,90 euros le kilo en HF4 (bio ou équivalent). En comparaison, le coût de revient du porc standard (HF1) est passé de 1,53 à 2,32 euros le kilo de carcasse.
La différence de coût entre les productions alternatives et le standard est liée principalement à la surface et au temps de travail supplémentaires en HF2 et, en plus en HF3 et 4 à la dégradation de l’IC, à l’alimentation sans OGM et à la paille.
Des hausses difficiles à répercuter dans les rayons
Les filières bien-être sont également victimes de la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs allemands. Fin 2022, la Chambre d’agriculture de Rhénanie du Nord a évalué l’augmentation nécessaire du prix de vente de l’escalope de porc conventionnel (HF1) pour couvrir la hausse des coûts à tous les niveaux de la filière à 4 euros le kilo, soit une hausse de 25 % par rapport au prix moyen sur 2016-2021 (15 €/kg).
En revanche, pour le HF4, le prix de vente de l’escalope devrait atteindre 25 euros le kilo pour couvrir tous les coûts. Dans un contexte de baisse du pouvoir d’achat liée à la forte inflation, ces hausses sont difficiles à répercuter au consommateur final sans risquer d’accentuer la baisse de la consommation. Depuis quelques mois, les ventes de viande de porc bien-être reculent et aucune des filières bien-être n’accepte de nouveaux producteurs.
Même l’Initiative Tierwohl, peu exigeante (10 % de surface en plus par porc, un peu de paille), réduit ses volumes. Malgré tout, dans ses vœux pour 2023, le ministre de l’Agriculture allemand, écologiste et végétarien, a réaffirmé son ambition pour l’Allemagne : « élever moins d’animaux, mais mieux, pour l’environnement et le bien-être animal, subventionner uniquement les modes d’élevage alternatifs et permettre aux consommateurs de choisir les produits qui en sont issus grâce à un étiquetage obligatoire du mode d’élevage ».
Repères
Un étiquetage à quatre niveaux
En 2019, pour informer les consommateurs sur le mode d’élevage, les distributeurs allemands ont mis en place un étiquetage à quatre niveaux, le Haltungsform (HF) (1) qui porte uniquement sur l’engraissement :