Les mycotoxines peuvent être détectées dans les urines
L’Ifip démontre qu’une simple analyse de métabolites de toxines ou bien de la mycotoxine elle-même dans les urines de porcs peut démontrer une contamination par l’aliment.
L’Ifip démontre qu’une simple analyse de métabolites de toxines ou bien de la mycotoxine elle-même dans les urines de porcs peut démontrer une contamination par l’aliment.
Une étude réalisée par l’Ifip sur des porcs charcutiers à la station de Romillé, en Ille-et-Vilaine, démontre qu’il est possible de suivre une contamination en mycotoxine T2 et en zéaralénone à partir des excrétions urinaires de ces mycotoxines.
Lire aussi Les mycotoxines peuvent agir sur les fœtus des truies
Ces excrétions se font sous la forme de métabolites, c’est-à-dire de molécules proches de la mycotoxine initiale après transformation par l’organisme, ou sous la forme de la mycotoxine elle-même. La zéaralénone est retrouvée dans les urines, tandis que les autres métabolites ne le sont pas, ou en tout cas, à des teneurs inférieures à la limite de détection analytique. Pour la toxine T2, seul le métabolite HT-2 est détecté dans les urines, toutes les autres teneurs en métabolites et en toxine T2, étant inférieures à la limite de détection.
Une cinétique d’excrétion rapide
Une analyse de la cinétique d’excrétion de la toxine T2 et de la zéaralénone durant cet essai a démontré qu’elles sont rapidement détectées dans les urines, moins de 48 heures après l’ingestion. Elles disparaissent quelques jours après la fin de la distribution de l’aliment contaminé (voir figures 1 et 2). Il existe cependant une variabilité entre individus qui est à prendre en compte. Pour la toxine T2, le métabolite HT-2 est détecté dans 7 des 8 échantillons d’urines. Pour la zéaralénone, cette fréquence n’est que sur cinq échantillons sur huit, avec une variabilité dans les dosages nettement plus importante. Pour s’assurer de la fiabilité des mesures, la contamination des aliments utilisés dans cet essai a été réalisée de façon artificielle à partir de mycotoxines produites en laboratoire, ceci afin de s’assurer des doses ingérées par chaque porc. Les urines ont été collectées à l’aide d’un tampon menstruel féminin scotché sur la vulve du porc (d’où l’utilisation de femelles). Ils ont été mis en place pendant environ deux heures après la distribution du repas matinal. Les tampons ont ensuite été pressés manuellement pour collecter une vingtaine de ml d’urine par porc chaque jour. Cette méthode pourrait être étendue à l’évaluation de produits anti-mycotoxines dont le but est de limiter l’absorption intestinale (captation des mycotoxines par les argiles ou hydrolyse enzymatique). Cependant, le nombre d’échantillons et/ou de porcs doit être ajusté pour pouvoir conclure statistiquement, en tenant de la variabilité de l’excrétion urinaire qui peut être différente selon les mycotoxines.
Didier Gaudré, didier.gaudre@ifip.asso.fr
Avis d’expert
Didier Gaudré, Ifip-Institut du porc
Une méthode facile à mettre en œuvre
La récolte des urines représente une première difficulté. La méthode que nous avons utilisée s’avère simple et facile à mettre en œuvre, mais les animaux étaient en cage individuelle. Cependant, sachant que nous n’avons pas eu besoin de collecter toutes les urines de la journée pour révéler la contamination de l’aliment, le prélèvement de plusieurs urines d’un groupe d’animaux peut aider à diagnostiquer un éventuel problème. Toutes les mycotoxines ne sont pas excrétées de cette façon, cela semble également possible pour le DON mais nous ne l’avons pas testé. Le coût de l’analyse est de l’ordre de 100 à 200 euros selon le nombre de mycotoxines recherchées. Un élément important à prendre en compte également.