Le scanner révèle le vrai taux de muscle des carcasses de porcs
L’Ifip dispose d’un scanner qui mesure précisément la composition tissulaire des carcasses de porcs. Les taux de muscle mesurés sont très différents des taux de muscle des pièces calculés par l’Image Meater.
L’Ifip dispose d’un scanner qui mesure précisément la composition tissulaire des carcasses de porcs. Les taux de muscle mesurés sont très différents des taux de muscle des pièces calculés par l’Image Meater.
Selon une étude réalisée par l’Ifip, en partenariat avec Alliance R & D et l’Inrae, les taux de muscle des carcasses (TMC) mesurés par un scanner sont très différents des taux de muscle des pièces (TMP) calculés par l’Image Meater, l’appareil de classement utilisé en abattoir. Les écarts entre les trois types génétiques testés (Piétrains nn et NN et Duroc) sont beaucoup plus importants pour le TMC. Dans un essai (1) réalisé sur des animaux élevés à la station de phénotypage du Rheu, en Ille-et-Vilaine, la différence de TMC entre les Piétrains nn et NN est de trois points (respectivement 64,2 et 61,1), alors que la mesure TMP de l’Image Meater ne diffère que de 0,5 point (respectivement 62,6 vs 62,1). L’écart entre Piétrain NN et Duroc est de 5,5 points pour le TMC contre 4,6 points pour le TMP Image Meater (respectivement 62,1 et 57,5).
Des critères utiles pour la sélection génétique
Le scanner permet aussi de mesurer le gain de muscle. Rapporté à la quantité d’aliment consommée sur la période et mesurée au DAC, il permet alors de calculer la quantité d’aliment nécessaire pour produire un kilo de muscle (ICm). Grâce à sa bonne croissance musculaire et à sa plus faible consommation d’aliment, le Piétrain nn obtient le meilleur ICm. Vient ensuite le Piétrain NN, pénalisé par sa plus grande consommation alimentaire et enfin le Duroc. Cette hiérarchie est similaire à celle établie sur l’indice de consommation calculé sur le kilo de croît. Cependant, les différences d’ICm entre les lignées sont nettement plus importantes : 0,23 point entre le Piétrain nn et le Piétrain NN (contre 0,04 pour l’indice de consommation calculé sur le kilo de croît), et surtout 0,73 point en défaveur du Duroc par rapport au Piétrain NN, alors que l’écart d’indice de consommation calculé sur le kilo de croît n’est que de 0,26. L’efficience alimentaire et la teneur en muscle des carcasses sont des données importantes pour la compétitivité de la filière porcine et la réduction de rejets dans l’environnement. La sélection génétique actuelle ne tient compte que du gain de poids global pour sélectionner ses animaux, sans tenir compte de leur composition tissulaire. Le critère ICm, calculé grâce à l’utilisation du scanner, a un coefficient de variation nettement supérieur à celui du critère actuel (IC), ce qui renforce son intérêt pour la sélection des reproducteurs. Les données issues d’un scanner pourraient ainsi être utilisées pour améliorer à terme l’évaluation génétique des reproducteurs.
Une technologie aux multiples applications
Le scanner de l’Ifip, également appelé tomographe à rayons X, a l’avantage d’être une technique non invasive d’analyse des tissus corporels. Il permet d’apporter des informations spatiales sur les animaux vivants, les carcasses ou les pièces de viande. Ses applications concernent tous les secteurs de la filière porcine. Outre les aspects génétiques et le phénotypage des animaux, il fournit aussi des données concernant l’alimentation (minéralisation, suivi de croissance) et la santé animale (diagnostic rhinite). Le scanner est également un outil indispensable pour calibrer les appareils de classement des carcasses et des pièces de découpe. Enfin, il est utile au secteur de la transformation, qui l’utilise par exemple pour suivre le processus de salaison des jambons secs.