Aller au contenu principal

Le projet de directive IED menace l’élevage

Le projet de révision de la directive sur les émissions industrielles et agricoles est fortement décrié. Appliqué dans sa version initiale, il impacterait la quasi-totalité des exploitations porcines.

La couverture de fosse fait partie des MTD permettant de réduire les émissions gazeuses des élevages.
La couverture de fosse fait partie des MTD permettant de réduire les émissions gazeuses des élevages.
© D. Poilvet

Engagé dans le cadre européen du « Green deal » et du « zéro pollution » d’ici 2050, le projet d’élargissement de la directive sur les émissions industrielles et agricoles aux exploitations de plus de 150 équivalents UGB a soulevé un tollé général auprès de la profession agricole et des États membres.

Mais de quoi s’agit-il exactement ? La Commission européenne veut actualiser la directive n° 75 de 2010 qui encadre les émissions industrielles de polluants (gaz à effet de serre, ammoniac…). Actuellement, elle concerne uniquement les élevages de porcs et de volailles soumis à autorisation (750 truies ou 2 000 places de porcs de plus de 30 kg, 40 000 places de volailles). Cette approche en nombre de places serait abandonnée au profil d’un seuil unique de niveau de chargement, initialement fixé à 150 UGB, soit 43 truies et 430 places d’engraissement. Par ailleurs, les bovins seraient inclus. La commission veut impliquer plus d’élevages vers des pratiques vertueuses, c’est-à-dire réduisant fortement leurs impacts environnementaux, via les « meilleures techniques disponibles » (MTD). Selon les calculs des instituts techniques réalisés à partir de cette hypothèse, 9 492 élevages porcins seraient concernés (93 % des sites contre 7 % actuellement), 8 662 exploitations avicoles (72 % du total, contre 18 % actuellement), ainsi que 30 700 exploitations bovines (47 % des effectifs et 24 % des élevages contre 0 % actuellement).

La profession agricole demande un statu quo

Les organisations professionnelles, qui déplorent de voir l’agriculture seulement assimilée à une industrie polluante, n’ont pas manqué l’occasion de faire remonter ces données à Bruxelles. Ni de soulever la question de la compétitivité européenne par rapport aux viandes importées en s’interrogeant sur le devenir de la souveraineté alimentaire. Le passage en IED est très coûteux, principalement du fait des investissements en MTD. En fonction du type d’élevage, il varie au minimum de 45 000 euros à 980 000 euros maximum. Cette estimation chiffrée par l’Ifip est basée sur le coût de la mise en œuvre de trois combinaisons de MTD sélectionnées parmi celles réduisant les émissions gazeuses (lavage d’air, raclage en V, écoventilateur et boîtier de régulation, couverture de fosse, pendillards).

Par un communiqué de presse commun du 6 mars, les organisations professionnelles (FNP, FNB, FNSEA, CFA, FNPL) demandent le gel pur et simple du périmètre d’action de la directive. Le 30 janvier, les ministres de l’Agriculture se sont également opposés à la proposition dans sa version initiale.

Selon Agra Presse, le projet de compromis proposé le 8 mars par la présidence suédoise portait sur un relèvement du seuil à 300 UGB en porc et bovin et de 250 UGB en volaille. Une proposition sur laquelle les ministres de l’Environnement des États membres devaient se prononcer le 16 mars, avec l’objectif d’une adoption de la directive fin juin 2023. Les règles entreraient en vigueur 3 ans et demi au mieux après l’adoption de la directive, peut-être vers 2028-2029.

Les principaux objectifs du projet de réforme de la directive IED :

Réduire au maximum les émissions à leur source de production.
Avoir des procédures d’autorisations basées sur l’obtention des meilleures performances (MTD).
Promouvoir les technologies et les techniques innovantes.
Atteindre le « zéro pollution en 2050 » avec l’élaboration de plans de transformation des installations autorisées d’ici 2030 ou 2034.
Offrir plus de transparence à la société civile (participation au processus d’autorisation, accès aux informations, possibilité de recours en justice…).
Élargir le champ d’application : élevages de plus de 150 UGB, extraction de minéraux et métaux, production de batteries à grande échelle.

Les plus lus

<em class="placeholder">Steven Le Hir et son épouse Servane dans la nouvelle maternité de l’élevage repris en 2023 : « L’élevage de 341 truies est désormais entièrement autonome en places ...</em>
« J’ai restructuré mes deux sites porcins pour gagner en performances techniques »

Éleveur de porcs dans le Finistère, Steven Le Hir a repris un élevage naisseur-engraisseur partiel et transformé son premier…

<em class="placeholder">Laurent Guglielmi, éleveur de porc et dirigeant des Cochonnailles du Haut-Bois à Bazoche-Gouet (Eure-et-Loir).</em>
« L’immunocastration des porcs valorise les pièces de découpe »

Pour Laurent Guglielmi, éleveur et charcutier, le taux élevé de maigre des porcs mâles immunocastrés permet une meilleure…

<em class="placeholder">Sébastien Méheust : « L’exportation de la fraction solide d’une partie des déjections des porcs charcutiers réduit le plan d’épandage de 31 hectares. »</em>
« Le raclage en V réduit ma surface d’épandage de mon élevage de porcs »

La création de 1 140 places d’engraissement sur raclage en V a permis à Sébastien Méheust de réduire de réduire la…

<em class="placeholder">Stéphane Monfort, SCEA Porc Lanvaux (à gauche) et Loïc Havez, Danbred, adaptent l&#039;alimentation des cochettes pour augmenter la longévité des truies.</em>
« Je restreins la croissance de mes cochettes Danbred pour assurer une bonne longévité »

À la SCEA Porc Lanvaux, la croissance des cochettes Danbred est bridée pour ne pas dépasser un poids vif de 160 kilos à la…

<em class="placeholder">Romain Robert, EARL de la Barre : « le BRS nous fait gagner 25 hectares de plan d’épandage. »</em>
« Mon élevage de porcs est autonome avec 148 hectares de foncier»

Romain Robert s'est installé sur l'exploitation familiale porcine en reprenant un site d'élevage adossé à 80 hectares de SAU…

<em class="placeholder">Camille Gérard, Chambre d&#039;agriculture de Bretagne</em>
Les derniers-nés des grandes portées de porcelets sont les plus fragiles

Une étude démontre la vulnérabilité des derniers porcelets nés issus de portées hyperprolifiques.

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Version numérique de la revue Réussir Porc
2 ans d'archives numériques
Accès à l’intégralité du site
Newsletter Filière Porcine
Newsletter COT’Hebdo Porc (tendances et cotations de la semaine)