L’aval de la filière porcine française est en difficulté
Les résultats courants des entreprises d’abattage-découpe français ont été négatifs en 2023.
Les résultats courants des entreprises d’abattage-découpe français ont été négatifs en 2023.
En 2023, la conjoncture n’a pas été favorable à l’abattage-découpe. En 2023, l’observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires (OFPM) calcule que, pour la première fois depuis 2013, le résultat courant avant impôt de l’abattage-découpe a été négatif (‑5 centimes/kg carcasse), notamment en raison des prix du porc record dont ont pu bénéficier les éleveurs, mais aussi à cause du manque de porcs à abattre.
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Baisse de marge brute
Les prix à la consommation en France ont fortement progressé ces trois dernières années. Mais la décomposition et l’évolution du prix du jambon, produit du porc le plus consommé en France, illustre bien les difficultés de l’abattage-découpe. L’OFPM indique qu’entre 2021 et 2023 le prix du jambon cuit au détail a augmenté de 12,92 € à 14,88 €/kg. Cependant, les entreprises d’abattage-découpe n’ont pas profité de cette hausse. Leur part de marge brute dans le prix au détail du jambon cuit s’est dégradée de 9,2 % à 7,7 %. En revanche, sur ce produit, celle des charcutiers-salaisonniers s’est reconstituée, passant de 32,5 % à 36,5 %. Néanmoins, pour d’autres produits du porc, l’évolution des marges brutes peut être différente.
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Redynamiser les synergies territoriales
Au sein de la filière, ce sont aujourd’hui les entreprises d’abattage, de découpe et de transformation qui sont le plus en difficulté. Le manque de porcs pousse des lignes d’abattage à fermer. Pour cette raison, le ministère de l’Agriculture a lancé mi-2023 une stratégie abattoir afin de diagnostiquer et de redynamiser les synergies territoriales entre élevage et outils d’abattage. Par ailleurs, un fonds de garantie abattoirs de 50 millions d’euros pour soutenir l’investissement a été annoncé dans le plan de reconquête de la souveraineté de l’élevage.
Enfin, les charcutiers-salaisonniers ne sont pas en reste. Fortement touchés par la hausse des coûts de l’énergie et des matières premières carnées, les transformateurs subissent également le format des négociations. En effet, la négociation des prix entre transformateurs et abatteurs se fait à la semaine, tandis que les prix sont fixés à l’année – avec possibilité de renégociation – entre transformateurs et distributeurs.
Nicolas Rouault, nicolas.rouault@ifip.asso.fr