La restriction protéique dans l'alimentation des porcelets au sevrage ne pénalise pas les performances techniques ultérieures.
La réduction temporaire de l’apport en acides aminés et en protéines au moment du sevrage a fait l’objet d’un essai intéressant réalisé à l’Université de Guelph au Canada. Cette étude examine les conséquences d’une réduction de l’apport en lysine au sevrage sur les performances ultérieures des animaux dans un contexte de sécurisation des aliments. Elle démontre que si des différences de composition corporelle sont observées à l’issue des trois premières semaines d’essai, celles-ci ne sont plus visibles à 50 kg de poids vif. Les animaux témoins ont reçu pendant trois semaines des aliments contenant 110 % des besoins estimés en lysine digestible, tandis que les animaux restreints recevaient 80 ou 60 % de ces besoins. L’essai a été réalisé sur des porcelets sevrés à 21 jours et de 6,9 kg de poids vif moyen. Avec la réduction de l’apport en acides aminés, les performances sont logiquement détériorées, le dépôt protéique corporel diminue tandis que le dépôt lipidique augmente. Le poids vif des porcs après trois semaines est ainsi réduit de 1 à 2 kg selon l’intensité de restriction. De même l’indice de consommation est détérioré de 12 à 28 %. À l’issue de cette première période de trois semaines, tous les porcs ont reçu un régime correspondant à 120 % des besoins estimés en lysine digestible. Après six semaines de ce traitement, les porcs restreints récupèrent leur déficit de croissance initial ; le poids moyen des animaux atteint environ 50 kg. Il ne diffère pas selon les régimes, l’indice de consommation sur l’ensemble de la période est égal à 1,56 pour tous les régimes.
Avis d’expert : Didier Gaudré, ingénieur Ifip-Institut du porc
« L’écart de poids reste constant en cours d’élevage »
« Cet essai démontre qu’il est possible d’envisager des modifications de l’aliment de sevrage en vue de sécuriser cette période. Les écarts de performance peuvent être annulés lors des périodes ultérieures de l’élevage. Même si cet article met en avant l’hypothèse d’une croissance compensatrice des animaux, il faut également considérer que le gain de 1 à 2 kg de poids vif supplémentaires à 15 kg de poids, s’il représente 6 à 13 % de différence à ce stade, ne représente plus que 2 à 4 % du poids vif à 50 kg. Autre remarque, les écarts de poids observés après les trois semaines de restriction, ne s’aggravent pas. Tous les essais que nous avons réalisés sur ce thème à l’Ifip nous amènent à considérer que l’écart de poids reste finalement constant au cours de la période d’élevage. »