Des chercheurs irlandais testent des objets pour enrichir le milieu de vie des porcs
Des chercheurs irlandais ont distribué à des porcs en engraissement soit des morceaux de bois placés dans des tubes en plastiques (épicéa, mélèze ou hêtre), soit un objet en caoutchouc d’un poids initial de 2,18 kilos, constitué d’une boule munie de plusieurs pics. Cet objet est posé au sol, et sa forme permet d’éviter qu’il soit souillé par les déjections. Parmi les objets en bois, l’épicéa est davantage détérioré que le mélèze ou le hêtre. Au cours de la phase d’engraissement, il n’a pas été nécessaire de remplacer les morceaux de mélèze et de hêtre, alors que 8 des 10 morceaux d’épicéa ont dû être changés. L’objet en caoutchouc est également grignoté par les porcs au cours de l’engraissement et perd en moyenne 5,34 g/jour. La fréquence et le temps des interactions vers les objets sont supérieurs avec l’épicéa et l’objet en caoutchouc, comparativement aux autres bois. Les scores de lésion à la queue sont supérieurs avec un enrichissement épicéa par rapport aux autres traitements. Les chercheurs expliquent ce résultat contre intuitif — c’est avec l’objet le plus utilisé que les scores de lésions à la queue sont les plus élevés — par une forte stimulation de l’instinct d’exploration du porc sans complète satisfaction de leur besoin comportemental, induisant une frustration qui se traduit par des morsures supérieures. Les morsures sont cependant faibles dans cette étude, les queues étant coupées.
Avis d’expert : Yannick Ramonet, chambre d’agriculture de Bretagne
« Chaque matériau manipulable doit être évalué »
« Cette étude souligne que l’attractivité d’un matériau manipulable distribué aux porcs est autant liée à sa forme de présentation qu’à sa composition. Elle illustre la difficulté de trouver un matériau manipulable utilisé par les porcs, mais qui n’engendrerait pas des effets contraires aux attendus. Cette étude s’inscrit dans un projet plus global permettant de tester différentes solutions permettant l’arrêt de la caudectomie. La chambre d’agriculture de Bretagne s’inscrit également dans cet objectif au travers d’essais avec des porcs à queue non coupée et d’études sur les matériaux manipulables, exigés par la réglementation, au catalogue de nombreux fournisseurs, mais qui pour certains demandent à être évalués par rapport au comportement du porc et au coût d’installation. »