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Comment sevrer 14,5 porcelets par portée en toute tranquillité

Multiplicateur Vénus pour Axiom, David Gaignard a vu la prolificité de ses truies augmenter sans faire appel à des doubles lactations ou du sevrage précoce. Le nombre important de porcelets sevrés se conjugue avec des poids de portée élevés.

14,5 porcelets sevrés sous la mère, avec un poids de portée de 115 kilos à 28 jours d’âge. Telles sont les performances techniques relevées par David Gaignard sur les trois derniers mois mis à jour de sa GTTT en 2022.

Ce multiplicateur Axiom à la tête d’un élevage de 130 truies a vu ses performances progresser, notamment depuis qu’il reçoit des cochettes Axa, la mère de la nouvelle cochette Vénus lancée par l’OSP en avril dernier. « En l’espace d’un an, la productivité a augmenté de 0,5 porcelet par portée, pour arriver à 18,1 nés totaux », souligne l’éleveur.

 

 
Comment sevrer 14,5 porcelets par portée en toute tranquillité

 

Dans le même temps, les taux de pertes sur nés totaux et nés vivants n’ont pas évolué. Ils se maintiennent respectivement autour de 20 et de 14 %. « Les porcelets nés en plus ont tous été sevrés », analyse-t-il. En regardant les performances par rang de portée, on note des productivités très élevées dès la première portée (15,79 nés totaux par portée et 14,86 sevrés). Il n’y a pas d’effet seconde portée, avec une prolificité à 18,33 porcelets nés totaux par portée. Cette prolificité se maintient à ce plateau jusqu’aux rangs de portées les plus élevés. Pour expliquer ces performances de haut niveau, David Gaignard met l’accent sur quatre points essentiels.

1-Des cochettes « potelées » à la mise bas

Les cochettes destinées au renouvellement du troupeau de truies sont livrées à 8 kilos. « La vraie quarantaine se fait à leur arrivée pendant 40 jours dans un bâtiment à l’écart de l’élevage », explique David Gaignard. Un tri est fait à 110 kilos afin d’éliminer les animaux inaptes à la reproduction. Elles reçoivent ensuite 3 kilos par jour d’aliment de gestation jusqu’aux IA, puis 95 % de 2,75 kilos jusqu’à la mise bas. « L’objectif est de constituer des réserves adipeuses suffisantes. Visuellement, elles sont « potelées » à la mise bas », concède l’éleveur. Clément Girres rappelle les objectifs à atteindre : « 150 kilos de poids vif à la première IA, et 220-230 kilos à la première mise bas. Par rapport à la moyenne française qui se situe plutôt vers 380-390 jours à cause de l’allongement de la durée de quarantaine, David doit augmenter la ration pour atteindre ces objectifs ». Chez David Gaignard, la première mise bas a lieu à lieu à 365 jours d’âge en moyenne. Cet âge plutôt bas s’explique par la détection précoce des premières chaleurs en phase d’observation, sitôt les cochettes sorties de l’engraissement. « Cela fait gagner du temps, on peut synchroniser les IA plus rapidement. »

2-Des aliments riches en énergie

Les aliments reproducteurs fabriqués à la ferme se caractérisent par des niveaux énergétiques élevés : 9,85 méga joules d’énergie nette par kilo (MJ EN/kg) pour les truies gestantes, et 1,2 MJ EN/kg pour les truies allaitantes. « L’aliment utilisé en maternité contient 20 % de maïs. J’utilise aussi de la pulpe de betterave pour garantir un bon transit digestif (4 % en gestation, 3 % en maternité). » Le seul complément alimentaire que David Gaignard s’autorise est un apport d’huile de foie de morue durant la semaine précédant le sevrage. Les truies gestantes sont alimentées à la soupe jusqu’au jour qui suit la mise bas. La maternité a la particularité d’être équipée à la fois d’un circuit de soupe et de doseurs utilisés pour distribuer l’aliment de lactation. « La capacité de la cuve de soupe est trop importante pour obtenir des distributions précises en maternité », regrette l’éleveur. Il utilise cependant le circuit de soupe qui passe dans la maternité pour distribuer l’aliment de gestation et faire des apports d’eau (4 repas d’eau de 2 litres, en plus d’une distribution d’eau manuelle durant les repas d’aliment). « Un apport d’eau important dès l’entrée des truies en maternité favorise la montée en lait », fait remarquer Clément Girres. Après le sevrage, les truies sont regroupées en verraterie dans une case unique équipée de réfectoires fermés uniquement pour les IA. Elles reçoivent donc la même quantité d’aliment (3,7 kilos par jour avant les venues en chaleur, puis 3 kilos par jour jusqu’à l’échographie). Au moment du transfert vers le bâtiment gestantes, David Gaignard évalue l’état d’engraissement de ses truies à l’œil afin de composer quatre cases. Celles dont l’état est jugé optimal reçoivent 2,75 kilos de l’aliment de gestation. Les truies les plus grasses et les cochettes sont à 95 % de la ration. La dernière case regroupe les plus maigres qui reçoivent 105 % de la ration. Durant les 30 derniers jours de gestation, toutes les truies reçoivent 3,2 kilos d’aliment par jour.

3-Une gestion des porcelets simplifiée

Les truies semblent présenter de bonnes aptitudes à la mise bas : « Nous faisons très peu de fouilles, et nous utilisons peu d’hormones d’aide à la mise bas, uniquement pour déclencher les mises bas des truies retardataires en fin de semaine, précise David Gaignard. Les qualités maternelles de ces truies limitent les tâches chronophages et facilitent la conduite en maternité ». Les adoptions se font essentiellement sur les 24 premières heures. « L’équilibrage des portées est réalisé rapidement en fonction du nombre de tétines fonctionnelles et de la capacité de la truie à produire du lait. Il faut une tétine par porcelet pour obtenir de bonnes croissances de portée. » L’éleveur ne pratique pas de tétées alternées, jugées inutiles. Les caractéristiques de l’Axa facilitent le travail : « elles ont en moyenne 17,5 tétines fonctionnelles », affirme Clément Girres. En complément du lait maternel, les porcelets ne reçoivent qu’un aliment préstarter distribué à sec. « Pas de tourbe, de bouillie ou de lait reconstitué. Ce n’est pas l’aliment qui fait le poids des porcelets au sevrage, mais bien le lait maternel », rappelle David Gaignard. Les porcelets sont sevrés à un poids moyen de 7,9 kilos à 27,7 jours d’âge (source GTTT). « Tous restent sous leur mère jusqu’au sevrage. Il n’y a ni de sevrage précoce, ni de double lactation. »

4-Une mise en liberté en maternité prudente

David Gaignard a investi dans des cases maternité liberté en 2020 en rénovation d’un tiers de ses places. Les truies sont bloquées entre le dimanche qui précède les mises bas, jusqu’à 8-10 jours après, « dès que les porcelets sont capables de se déplacer correctement afin d’éviter les écrasements ». Il accompagne cette mise en liberté d’une baisse de 1 °C de la température de consigne de la salle, afin que les porcelets soient attirés dans le nid chauffé par une lampe. L’objectif du blocage temporaire des truies est aussi d’éviter les accidents du travail durant la période de mise bas. « Dans les pays de l’Europe du Nord qui ont opté pour les truies en liberté intégrale en maternité, le taux d’accident du travail a augmenté de 17 % ! », constate l’éleveur.

Un rythme de reproduction élevé

Sur une année pleine, les truies sèvrent désormais 35,6 porcelets avec un sevrage à 28 jours. L’éleveur accorde une grande importance au rythme de reproduction de ses truies. Il suit de très près leur durée de gestation, qui se maintient sous la barre des 115 jours. « Il n’y a pas de corrélation entre le nombre de porcelets par portée et la durée de gestation », analyse Clément Girres, responsable technique Axiom. « La conduite en bandes largement majoritaire en France impose naturellement des intervalles stables entre bandes, contrairement à une conduite à la semaine, plus lâche sur ce critère. Cela peut expliquer les écarts entre les génétiques françaises et celles du nord de l’Europe. » Les critères de fécondité sont également excellents dans l’élevage de David Gaignard : l’intervalle sevrage saillie fécondante est de 5,2 jours et le taux de fécondation en saillie première atteint le niveau exceptionnel de 96,2 %.

Avis

Clément Girres, responsable technique Axiom

 

 
Clément Girres, responsable technique Axiom
Clément Girres, responsable technique Axiom © D. Poilvet

« Le GMQ qmat joue son rôle à plein »

La sélection génétique de nos lignées femelles joue un rôle essentiel sur les bonnes performances enregistrées chez David. Nous travaillons notamment sur la capacité des truies à sevrer des portées nombreuses et lourdes, grâce à un critère de sélection appelé GMQ qmat mis en place depuis 2009 dans nos élevages de sélection. Il détermine le gain de poids quotidien de la portée grâce aux pesées des porcelets réalisées à la naissance et au sevrage. Ce critère va donc dépendre des capacités laitières des truies pour produire des porcelets plus lourds, mais aussi de leur aptitude à les conserver jusqu’au sevrage. Par ailleurs, grâce à l’index « Bien naître » également mis en place dans les élevages de sélection, nos reproductrices sont autonomes et maternelles. Ces caractéristiques permettent à l’éleveur de limiter ses interventions à la mise bas, comme en témoigne David. Enfin, nos multiplicateurs jouent désormais un rôle important dans le travail de sélection en caractérisant chaque reproductrice sur des critères essentiellement comportementaux (écrasements, nervosité, agressivité…).

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