« Avec les courettes extérieures, je suis prêt pour les dix ans à venir », explique cet éleveur allemand
Johannes Scharl, naisseur à Eichstätt (Bavière), a anticipé la demande sur le bien-être animal. Il estime avoir sécurisé l’avenir à moyen terme de son atelier naisseur, avec un accès à des courettes extérieures.
Depuis 2017 qu’il a investi dans un nouveau bloc maternité de 2 310 m² pour 330 truies, l’élevage naisseur de Johannes Scharl, à Eichstätt entre Nuremberg et Munich, est classé en mode conduite 3.
Il garantit un accès permanent des animaux à une courette extérieure protégée des intempéries par cinq mètres de toiture. Les truies ne sont bloquées que pendant l’insémination artificielle. Le reste de leur temps, elles sont libres de leurs mouvements. Chacune dispose d’une surface de 4,2 m² par tête, extérieur compris.
« Elles sortent volontiers, sauf quand il y a du vent et quand le thermomètre descend sous zéro », raconte Johannes. À la mise bas, les truies sont bloquées pendant cinq jours maximum dans des cases Big Dutchman.
Le nid est proche du couloir, tout comme l’auge. « J’aime bien qu’il y ait toujours une barrière entre moi et la truie, car certaines sont nerveuses. Je peux intervenir sur les truies et castrer sous anesthésie sans entrer dans la case », précise-t-il.
Prudence sur l’utilisation de paille
Dans cette configuration, avec une génétique Landrace x Large-White, le naisseur parvient à sevrer 28 porcelets par truie et par an en moyenne. « Trente sera le maximum. L’écrasement est ma principale source de pertes », lance Johannes. Il n’en tire pas moins un bilan positif de ses choix. « De ne pas être au plafond de 560 truies a facilité l’obtention du permis. Pour aller plus vite, j’ai construit sans subvention. Cela m’a coûté 3 500 euros par place. Aujourd’hui ce serait 1 000 euros de plus ! Mes truies utilisent toute la place disponible. Elles aiment se promener. Elles sont moins stressées et les mises bas sont plus sereines. Je n’ai plus à les transporter entre sites comme auparavant et j’ai réduit le temps de travail. » Johannes est prudent avec la paille. Il en a utilisé en 1995 et a connu quelques soucis. « Elle contribue à une bonne image de l’élevage, mais l’été, elle donne trop chaud. Elle attire les souris et elle n’est pas toujours exempte de mycotoxines. Mes truies en ont déjà ingéré. Elles ont eu des problèmes de gestation, leur prolificité a baissé et des porcelets sont nés avec de mauvaises articulations. C’est pourquoi je n’en distribue plus qu’au râtelier. »
« Améliorer le statut sanitaire de mon élevage »
Johannes n’a pas d’acheteur qui lui demande du bien-être de niveau 3 (avec accès extérieur). « Mais j’ai une prime de qualité sanitaire de 2 euros par tête versée par l’engraisseur et une autre à travers ITW de 3,57 euros qui arrive trois mois après la vente », précise-t-il. Cet argent compense la place supplémentaire, les jouets en bois, la surveillance des truies, de la qualité de l’eau d’abreuvement, de l’ambiance, le suivi santé de ses porcs. « Mon vétérinaire passe deux fois par mois pour une visite complète de tout le cheptel. ITW prescrit obligatoirement dix prélèvements de sang, sur l’intestin, le groin, etc... J’en fais sur trente animaux, sains comme malades, pour un coût de 6 à 10 euros par animal. J’adhère à cette mesure car je souhaite en permanence améliorer le statut sanitaire de mon élevage, ajoute-t-il. Johannes est confiant. Mon élevage est prêt pour répondre aux prochaines évolutions réglementaires comme aux demandes sociétales qui viendront dans les dix prochaines années. D’ici 2025, il faudra sans doute une case de mise bas de 5 m² minimum et de 6,5 m² en 2035. Les miennes font 6,7 m². Mais on parle aussi de 7 m². Il faudrait alors que je change tout mon système de distribution pour gagner cette place… En gestante, la tendance va à 5 m² plutôt que 4,5 mais je peux rattraper avec la surface en extérieur », évalue-t-il. Selon lui, le schéma ITW sera la voie qui fonctionnera le mieux pour beaucoup d’éleveurs. Mais ceux encore installés dans les villages et/ou confrontés à des problèmes de voisinage, de place disponible, ou ayant déjà agrandi leurs ateliers, risquent de cesser leur activité. En 2021, le nombre d’élevages porcins allemands a diminué de 10 %.