Plus de lait avec autant de chèvres et moins de réformes grâce aux lactations longues
À l’EARL des Rives de l’Anglin dans l’Indre, la conduite d’une partie du troupeau en lactation longue est en place depuis 2014. À la clé, une augmentation du volume de lait produit avec le même effectif et moins de réformes liées à d’un échec à la reproduction.
À l’EARL des Rives de l’Anglin dans l’Indre, la conduite d’une partie du troupeau en lactation longue est en place depuis 2014. À la clé, une augmentation du volume de lait produit avec le même effectif et moins de réformes liées à d’un échec à la reproduction.
Historiquement, Olivier Denis, associé de l’EARL des Rives de l’Anglin à Lurais (36) conduisait son troupeau exclusivement en mise bas d’automne pour produire le maximum de lait l’hiver, au moment où il est le mieux payé. Cela lui permettait pendant les deux mois de tarissement de gérer les chantiers de paille, les semis de prairies, et de prendre des vacances. À cet objectif principal est venu s’ajouter celui de dégager un revenu supplémentaire sans augmenter le troupeau avec l’installation de Benoît en 2014.
« Nous avons amélioré les performances du troupeau, optimisé la qualité des fourrages et la conduite alimentaire, et développé la vente de reproducteurs, expliquent les deux associés. Parmi les solutions mises en place, nous avons décidé de conduire 30 % des chèvres en lactation longue. Si cette option nécessite de la main-d’œuvre supplémentaire l’été, elle diminue le travail au moment des mises bas. »
Autre avantage, la résolution de la problématique des réformes pour échec de reproduction. Avec une conduite exclusive en mises bas d’automne, il fallait tous les ans réformer une vingtaine de chèvres vides alors qu’elles étaient encore bonnes productrices. À présent, ces chèvres sont maintenues en lactation longue. « Nous avons désormais besoin de 20 chevrettes de renouvellement en moins, ce qui représente des économies significatives chaque année. »
30 % des chèvres en lactation longue
Avant la période de reproduction, 60 à 70 chèvres à mettre ou maintenir en lactation longue et 150 chèvres à inséminer sont sélectionnées. Les chèvres trouvées vides après échographie (de l’ordre de 20 à 30 par an), rejoignent le lot des lactations longues. Ainsi, lorsque le reste du troupeau est tari, il reste environ 90 chèvres à la traite l’été soit 30 % de l’effectif.
Après la période de mises bas, en novembre, les chèvres en lactation longue sont intégrées au reste du troupeau. Elles sont alors toutes réallotées en fonction de leurs résultats de concentrations cellulaires. Cette organisation dure jusqu’au mois de mars suivant, au moment de la mise à la reproduction.
3,9 kg de lait par jour
Pour constituer le lot des lactations longues, sont ciblées en priorité : les chèvres déjà en lactation longue et ayant des concentrations cellulaires faibles (présumées saines) ; et les bonnes chèvres présentant un risque d’échec à l’insémination : trop âgées ou ayant eu un échec antérieur à condition qu’elles n’aient pas de résultats de concentrations cellulaires trop élevés. « Chaque année entre 50 et 70 % des chèvres du lot lactation longue l’étaient l’année précédente. »
En moyenne le lot constitué produit 3,9 kg de lait et reste sous la barre du million de cellules somatiques par millilitre.
L’objectif principal étant de produire du lait quand il est le mieux payé, le niveau de production en hiver est optimisé. Cela passe par les choix des éleveurs en termes de reproduction et par l’alimentation. « En hiver, nous cumulons le pic de lactation des mises bas d’automne ainsi qu’un bon niveau de production du lot de lactations longues. »
Les taux de réforme tant pour les chèvres conduites en lactation longue (choisies et vides) que pour les autres restent à 30 %. La majorité des reformes sont choisies sur des critères de production (lait et concentrations cellulaires).
Fourrage de qualité et statut sanitaire
« Pour nous, la bonne persistance laitière sur le lot de lactations longues passe en grande partie par la qualité de l’alimentation. »
D’août à février, les longues lactations reçoivent les mêmes fourrages que les chèvres en début de lactation, c’est-à-dire les meilleurs étant donné l’objectif de produire du lait d’hiver. Ensuite, une fois le lot de lactations longues refait au mois de mars, c’est lui qui reçoit les meilleurs fourrages alors que, en fonction des stocks, les éleveurs acceptent une baisse de la qualité sur les autres chèvres surtout après la mise à la reproduction.
Comme les lactations longues sont mélangées aux autres de novembre à mars, elles reçoivent les mêmes apports de concentrés, soit 1 à 1,1 kg. En revanche, lorsqu’elles sont séparées d’avril à octobre, la quantité de céréales apportée est réduite de 100 g car elles se maintiennent toujours en état.
Afin d’éviter des risques de dégradation des concentrations cellulaires, l’ordre de traite est adapté aux différentes périodes de l’année. « Lors de la mise en lot pour la reproduction, en mars, nous passons à la traite en premier le lot de lactations longues 'choisies'. Au moment de la période de mise bas, en septembre, cet ordre est modifié pour permettre le passage en premier des primipares puis des nouvelles mises bas. En novembre, après le réallotement (en fonction du statut sanitaire) les chèvres considérées comme les plus infectées passent en dernier à la traite. »
Chiffres clés
Brenda Oviedo, conseillère à la Chambre d’Agriculture de l’Indre
À l’EARL de Rives de L’Anglin, le lot en lactation longue a permis d’une part d’optimiser la production de lait par rapport à la place disponible et aux effectifs, et d’autre part de diminuer le renouvellement en ne réformant plus de bonnes chèvres vides. Cette conduite régulière d’une année sur l’autre est relativement simple à mettre en œuvre. Mais elle n’a porté ses fruits qu’en parallèle d’une très bonne conduite du troupeau notamment sur l’alimentation. Il faut également veiller à ce que la nouvelle organisation du travail soit compatible avec la main-d’œuvre disponible.