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Plus de 1 000 litres de lait en Provence grâce au sainfoin et à la luzerne

Dans les Bouches-du-Rhône, la Ferme du Brégalon compte sur le sainfoin et la luzerne fauchés et pâturés ainsi que sur l’orge autoproduite pour produire plus de 1 000 kg de lait par chèvre et par an.

« Nous avons fait le choix de l’autosuffisance alimentaire afin de produire un lait dont nous pouvons garantir la qualité », affirme bien fort Hugues Girard, installé depuis 32 ans à Rognes (Bouches-du-Rhône) avec son épouse Christine et sa fille Anaïs. Ces éleveurs de 48 chèvres alpines cultivent quatre hectares d’orge et 14 de luzerne et de sainfoin. « Le sainfoin aime les terres neuves », observe l’éleveur. La rotation comprend donc quatre ans de sainfoin, deux ans d’orge puis quatre ans de luzerne. « Ce système ancestral de rotation de culture céréales-légumineuses nous permet d’avoir moins besoin d’intrants sans pour autant épuiser nos sols ». Les légumineuses sont à la fois fauchées et pâturées. Les semis ont lieu avant ou après les gelées hivernales, puis les récoltes s’étalent de mai à septembre.

« Pour le sainfoin, 70 % du rendement se fait à la première coupe », reconnaît l’éleveur de 57 ans. La fauche des légumineuses est donc une opération délicate que la ferme du Bregalon soigne particulièrement. « Nous coupons de bonne heure le matin, nous fanons juste après et nous laissons le soleil et le mistral les sécher pendant une à deux journées avant d’andainer. Nous attendons ensuite un à deux jours avant de l’emballer. Le foin ne doit pas être trop sec avant d’être bottelé afin de garder au maximum les feuilles et les fleurs sur la tige ». Pour la fauche, les éleveurs ne dépassent pas les 2,5 hectares à terre par jour afin de pouvoir presser et rentrer correctement le foin. « Je ne cherche pas la masse mais plutôt des fourrages de super qualité », aime à rappeler Hugues Girard.

Le Verdon irrigue les légumineuses

Si environ les deux tiers des légumineuses sont récoltés en foin, l’autre partie est pâturée du 15 mars au 15 décembre environ, tous les jours « sauf quand il pleut ». Les trois fils avant sont avancés tous les jours tandis que l’arrière est resserré chaque semaine. La gestion des paddocks à pâturer se fait beaucoup en fonction de l’ombre dans les parcelles. Les parties les plus ombragées étant gardées pour les jours chauds. Accompagnant le troupeau, un chien patou éloigne autant le loup, les chiens errants que les casse-pieds.

Pour arriver à faire trois coupes par an et du pâturage sur ces terres calcaires de coteau, la ferme du Bregalon peut compter sur le soleil de la Provence et sur l’eau du Verdon, un affluent de la Durance. Pour pouvoir utiliser de 20 000 à 30 000 m3 d’eau pour irriguer à l’aide d’un enrouleur, la ferme débourse chaque année de 4 000 à 6 000 euros auprès de la Société du canal de Provence.

Alimentation généreuse et génétique entretenue

En plus de sa richesse en matières azotées, le sainfoin riche en tannin a des actions vermifuges. Les coprologies réalisées chaque année montrent généralement des niveaux de strongles gastro-intestinaux plutôt bas. « Ce n’est pas pour rien que nos anciens avaient appelé le sainfoin ainsi ! », observe l’éleveur.

Le foin de légumineuse est distribué à hauteur de deux kilos par jour quand les chèvres sortent et le double quand elles restent en bâtiment. L’orge concassée est distribuée en deux fois lors des traites, à hauteur de 800 g par animal et par jour. Les chevrettes reçoivent aussi du foin de sainfoin et de l’orge. Elles sortent au pâturage après les saillies « pour des raisons touristiques », pour montrer les animaux dehors à proximité de la vente à la ferme.

Avec cette alimentation généreuse, un potentiel génétique bien entretenu et une bonne technicité des éleveurs, les chèvres produisent en moyenne plus de mille litres par an qui sont transformés en fromages lactiques et en yaourts. Ces produits laitiers sont vendus à la ferme, sur deux marchés et lors d’une livraison hebdomadaire. Le litre de lait est ainsi valorisé à 3,75 euros.

Au final, à part un kilo par chèvre et par an de complément minéral, toute l’alimentation du troupeau est produite sur l’exploitation. Pour Anaïs, 29 ans, qui reprend la ferme, pas question de changer un système alimentaire qui marche : « on reste à l’abri des fluctuations des cours mondiaux. Et comme, on produit sans traitement chimique, on sait ce qu’on donne aux chèvres et on sait qu’on leur donne du bon. »

 

À Rognes, une fête de la chèvre gastronomique

À 20 kilomètres d’Aix-en-Provence, le village de Rognes s’anime chaque premier dimanche d’avril d’une fête de la chèvre. « Le but de la fête de la chèvre est de faire connaître au public notre métier de chevrier. Nous invitons une dizaine de producteurs fromagers fermiers du département pour qu’ils réalisent un plat à base de fromage de chèvre, explique Christine Girard qui a lancé la fête il y a 26 ans. Nous, nous préparons des aumônières de tomates et chèvre, des tartes épinard-chèvre avec un fond de tapenade et des tartines de chèvres chauds avec des tomates et de l’huile d’olive ». Chaque année, selon la météo, 2 000 à 6 000 personnes peuvent déguster ces produits caprins tout en profitant des nombreuses animations festives et pédagogiques gratuites.

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